On l'a entendu souvent au cours des derniers mois... Le CH est maintenant l'équipe de Kovalev, Koivu n'a que le C sur le chandail.

Peut-être, mais encore là, nous avons tendance à suranalyser notre CH adoré. Pour une fois que nous avons une bonne équipe, pourquoi essayer de la diviser avec un tel mémérage?

 

Et puis Koivu est arrivé à Montréal presque le dernier et blessé en plus. Le plus discret et poli possible dans ce monde médiatique en folie. La saison a commencé et, surprise, qui est le meilleur joueur du club? Qui est le véritable leader après six parties?

Ce pauvre numéro 11 dont on oublie trop souvent qu'il est un sapré bon joueur de hockey.

Pour une fois aussi, Saku Koivu a une bonne équipe avec lui. Il a déjà mentionné qu'il aimerait faire partie d'une équipe compétitive avant de prendre sa retraite. La voilà, cette équipe compétitive et le vieux capitaine semble déterminé à ne pas rater sa chance.

Qu'est-ce qu'on peut reprocher à cet homme qui a tenté, dans les années sombres, de transporter le Canadien sur ses trop petites épaules?

Koivu connaîtra des creux de vague en cours de saison. Le temps, la maladie et les blessures lui ont causé d'irréparables outrages. Mais dans ces moments-là, quand Saku manquera de souffle, Kovalev et les autres seront là. Le reste n'est que bavardage inutile.

Laraque

Georges Laraque est certainement un personnage charismatique. Bonne bouille, bon sens de l'humour et, en 2008, il ressemble à beaucoup de Montréalais, à des joueurs des Spartiates du Vieux-Montréal, des Carabins de l'Université de Montréal, des Redmen de McGill et du Rouge et Or de Laval... Georges Laraque est un vrai Québécois et un beau. (Sans compter que des hockeyeurs de 250 livres, ça ne court pas les rues.)

Mais...

De là à lui donner tout l'espace médiatique... Nos collègues de l'électronique l'entourent chaque jour, alors que nos joueurs principaux s'appellent Andreï Markov, Saku Koivu, Alex Kovalev, Mike Komisarek...

Lorsque Laraque a été présenté à la foule du Centre Bell samedi, le plafond a failli exploser. Pourtant, Laraque est un joueur de troisième ou quatrième trio qui ne jouera pas souvent. Mais un nouveau fan-club du Canadien se sert de son image pour attirer des clients.

Laraque a participé à deux matchs et il s'est battu deux fois. Ses combats ont droit à plus d'analyse et d'attention que le trio Kovalev-Plekanec-Kostitsyn, qui représente pourtant ce que le hockey doit être.

Je pensais que ce temps-là était révolu. Le temps où un bagarreur intéressait plus le public qu'un artiste comme Kovalev.

Je me suis trompé. Est-ce toujours cela qu'on veut transmettre à nos jeunes?

Ben Weider

Il y a des noms qu'on connaît depuis nos premiers souvenirs. Ben Weider aura été un de ceux-là pendant mon existence.

Un curieux bonhomme qui posait en bobettes dans les magazines à une époque où ça ne se faisait pas. Et ces muscles... bien avant notre obsession actuelle pour le corps.

J'ai rencontré Ben Weider il y quelques mois à son centre culturel et sportif de l'ouest de la ville. Il avait décidé d'introniser Jean Béliveau au Temple de la renommée des athlètes juifs du Canada.

Jean Béliveau, le premier non-juif du Temple. C'était bien du Ben Weider, un homme qui partageait son immense fortune avec des chrétiens et des musulmans. Un homme au-dessus des bassesses religieuses de l'humanité. Ben Weider était tout à fait pertinent en ces temps explosifs.

Le petit amateur d'histoire que je suis lui avait dit que je ne voyais pas Napoléon Bonaparte d'un oeil aussi complaisant que lui. Bonaparte, la grande passion de sa vie...

Cette boule d'énergie m'avait répondu que je n'y connaissais rien et il a entrepris ma conversion. Il ne m'avait pas demandé mes coordonnées, mais, quelques jours plus tard, je recevais à la maison une pile de livres à étudier.

Ben Weider est mort subitement à l'Hôpital juif de Montréal, samedi, à 85 ans. Une mauvaise surprise...

Je ne suis pas converti à Bonaparte, mais je suis content d'avoir côtoyé, même brièvement, Ben Weider.