La confusion autour du financement du Quartier des spectacles rapportée dans nos pages vendredi dernier illustre parfaitement le manque de coordination dans le dossier de la culture à Montréal.

Il y aura bientôt un an avaient lieu les rendez-vous «Montréal, métropole culturelle», un événement rassembleur qui avait réuni autour de la même table des représentants des trois ordres de gouvernement, des gens du monde des arts et des affaires. Au terme de deux jours de rencontres, l'enthousiasme était au plafond et on sentait une véritable volonté d'agir pour faire de Montréal une métropole culturelle de calibre international.

 

Un an plus tard, cette vigueur s'est essoufflée.

Certains projets ont été réalisés, quelques-uns ont démarré et tout le monde s'entend encore pour dire que la culture doit être un moteur de développement pour la ville. La volonté est encore là, donc, mais l'étincelle s'est éteinte. Pourquoi?

Le problème en est un de gouvernance. Pour prendre un exemple sportif (en cette saison de la Coupe Grey) disons que la culture a beaucoup de cheerleaders. Le problème, c'est qu'il lui manque un porteur de ballon.

Dans la foulée du sommet de novembre 2007, un comité de pilotage avait été créé avec pour mandat d'assurer le suivi des résolutions adoptées au terme de la rencontre. Le hic, c'est que ces gens - ministres, acteurs du milieu culturel et des affaires - ne se rencontrent qu'une fois tous les deux mois. Le reste du temps, ils ont un emploi et d'autres chats à fouetter. Quant au maire de Montréal, même s'il se doit d'être un infatigable ambassadeur pour la culture, il ne peut consacrer toutes ses journées à défendre ce dossier.

Or il faut absolument qu'une personne (ou un petit comité) s'empare de la liste des réalisations adoptées lors du sommet et qu'il en fasse son cheval de bataille.

Un peu comme un président d'une fondation d'hôpital, par exemple, qui frappe aux portes pour amasser des fonds destinés à construire un nouvel hôpital, Montréal devrait nommer une personne à qui on confierait le mandat de réaliser le plan d'action sur lequel tout le monde s'est entendu il y a un an.

L'offre d'emploi pourrait ressembler à ceci: recherché, homme ou femme de talent, très dynamique, ayant Montréal tatoué sur le coeur, avec ses entrées autant à Québec qu'à Ottawa. Le candidat idéal sera tout aussi à l'aise dans un 5 à 7 de la Chambre de commerce qu'à une soirée de poésie à la Casa del popolo. Durée du contrat: au moins cinq ans...

Le problème de la gouvernance culturelle n'est pas propre à Montréal. Il sera d'ailleurs au coeur d'un colloque qui débute ce matin dans le cadre des Entretiens Jacques-Cartier. Montréal n'est pas la seule ville à la recherche d'une formule gagnante. Lyon, Bordeaux, Barcelone réfléchissent, elles aussi, à la meilleure façon de vivre la culture dans une grande ville.

Il est à souhaiter que cette rencontre - organisée par les infatigables Simon Brault, de Culture Montréal, et Isabelle Hudon, de la Chambre de commerce - permette de dégager des solutions qui aideront Montréal à passer, une fois pour toutes, de la parole aux actes.