Avant, les politiciens promettaient des baisses d'impôt en campagne électorale. Aujourd'hui, ils promettent des places en garderie.

C'est leur façon de montrer que leur parti se préoccupe des besoins des familles.

Dans les faits, leur réalité est beaucoup plus complexe et leurs besoins, pas mal plus nombreux.

La famille est loin d'être l'enjeu principal de cette campagne électorale. Le thème est toutefois actuel, d'autant plus qu'il est également très présent quelques kilomètres plus au sud, dans la course à la Maison-Blanche. L'arrivée dans le décor de la gouverneure de l'Alaska, Sarah Palin, une «mère comme les autres», a bel et bien placé la famille au coeur du débat public américain.

«What do families want?» pour reprendre une formulation célèbre.

Bien sûr, les places en garderie sont importantes. Il faut se préoccuper des services à la petite enfance. Dans un pays où la population est vieillissante et où le taux de natalité est en baisse, un gouvernement a la responsabilité non pas «d'encourager» la famille, mais plutôt de faire en sorte qu'un couple puisse envisager faire des enfants et assumer ses responsabilités parentales dans des conditions décentes.

Les places en garderie, les congés parentaux payés, les allocations familiales sont des exemples de mesures qui facilitent la vie des familles.

Mais ce ne sont pas les seules.

La famille d'aujourd'hui doit également négocier avec d'autres réalités, comme le vieillissement de la population.

Dans le passé, les femmes ne travaillaient pas à l'extérieur du foyer, les familles étaient tissées serré et les personnes âgées en perte d'autonomie étaient souvent prises en charge par leurs enfants. La situation a bien changé et pourtant, il y a comme un malaise à discuter de la vieillesse franchement. Résultat: la société n'est pas prête à faire face aux conséquences du choc démographique. Les familles qui doivent prendre en charge un parent malade ou vieillissant se sentent bien seules, il y a encore trop peu de ressources mises à leur disposition.

Ces deux réalités - l'éducation des enfants d'une part, les soins aux parents vieillissants d'autre part - ont en commun la même recherche, celle d'un équilibre entre le travail et la famille.

C'est le nerf de la guerre. Quand on questionne les gens, ils se plaignent tous du manque de temps, du manque de flexibilité de leur milieu de travail, de la course folle pour tout accomplir, à la maison comme au travail, tout en réussissant à vivre une vie personnelle significative.

Le défi est de taille.

Et c'est là que nos gouvernements (et les partis politiques en campagne) manquent singulièrement d'imagination. Les places en garderie, c'est bien (et on imagine très bien que dans quelques années, les politiciens en quête de votes nous promettront plus de places en centres d'accueil...), mais pourquoi ne pas innover en créant des mesures plus originales? Des subventions aux entreprises afin qu'elles créent des banques de congés de dépannage pour tous les travailleurs, par exemple. Des journées de congé accordées aux parents qui travaillent bénévolement à l'école de leur enfant ou au sein de leur club sportif. Une mesure semblable pour ceux qui s'investissent auprès d'un parent vieillissant. Bref, des incitatifs pour permettre aux individus de passer plus, et non moins de temps, avec leur famille.

nathalie.collard@lapresse.ca