Les premières doses de vaccins bivalents contre la COVID-19 seront disponibles dès jeudi midi dans la majorité des centres de vaccination du Québec, ou vendredi pour ceux qui sont situés en région éloignée. Ils seront offerts d’emblée aux personnes âgées de plus de 30 ans qui se présenteront pour obtenir une dose de rappel.

« C’est une bonne nouvelle », s’est réjoui en conférence de presse mercredi après-midi le directeur national de la Santé publique, le DLuc Boileau. Plus de 800 000 doses de ce nouveau vaccin développé pour combattre plus efficacement le variant Omicron seront distribuées dans la province d’ici la fin du mois.

Le premier vaccin bivalent homologué par Santé Canada, le Moderna Spikevax Bivalent, a été adapté à la domination du variant Omicron. Jusqu’ici, les vaccins disponibles avaient été développés à partir de la souche originelle de Wuhan, dont la circulation a été balayée depuis un bon moment par les variants Delta et surtout Omicron. Ces vaccins, s’ils sont moins performants pour prévenir l’infection au SARS-Cov-2, restent néanmoins efficaces pour prévenir les complications et les décès liés à la COVID-19.

Officiellement, la Santé publique recommande à tous les adultes de retourner chercher une dose de rappel si leur dernière vaccination remonte à plus de cinq mois, et si leur dernière infection à la COVID-19 remonte à plus de trois mois.

Ainsi, le nouveau vaccin Moderna Spikevax sera offert aux personnes âgées de plus de 30 ans. Les moins de 30 ans continueront de recevoir le vaccin Pfizer classique comme dose de rappel. En raison de cas — rares — de myocardites observées chez de jeunes vaccinés qui avaient reçu une dose de Moderna, la Santé publique recommande que ce vaccin soit administré seulement aux plus de 30 ans. « Mais une personne âgée de moins de 30 ans qui voudrait avoir le vaccin bivalent et qui fait un consentement éclairé pourrait aussi le recevoir », a néanmoins indiqué le DBoileau.

Moins du quart des Québécois (23 %) ont une couverture vaccinale à jour, révèlent les dernières données du ministère de la Santé. Cette proportion varie cependant beaucoup selon l’âge. Les Québécois plus âgés, qui comptent également parmi les personnes les plus vulnérables au virus, sont plus nombreux à être adéquatement vaccinés, soit 48 % des 60-69 ans et 70 % des 70 ans et plus. Les autorités disent s’attendre à ce que l’arrivée des nouveaux vaccins incite davantage de Québécois à retourner se faire vacciner.

Québec compte également devancer la campagne de vaccination contre l’influenza, qui débute normalement début novembre. Les personnes considérées à risque se verront offrir de recevoir en même temps une dose de rappel du vaccin contre la COVID-19 ainsi que le vaccin annuel contre l’influenza. Il n’y a pas de contre-indication à recevoir ces deux vaccins en même temps, a rappelé le DBoileau.

Engouement à prévoir ?

Pour la plupart des experts interrogés par La Presse, l’arrivée du vaccin bivalent risque de causer — comme dans plusieurs autres pays — un engouement nouveau pour la campagne de vaccination, qui demeure plutôt calme depuis les derniers mois malgré quelques hausses ponctuelles.

« Tout est réuni pour que ça reparte à la hausse. On ne verra sûrement pas un engouement comme les premières campagnes, mais le fait qu’on arrive dans la saison où on prédit un nouveau pic, et que le vaccin bivalent est là, ça fait en sorte que le timing est très bon », explique le professeur spécialisé en immunologie et virologie à l’Institut national de la recherche scientifique (INRS), Alain Lamarre.

Virologue et professeur au Département des sciences biologiques de l’UQAM, Benoit Barbeau est aussi de cet avis. « On entendait beaucoup de gens dire qu’ils attendaient l’arrivée de ce vaccin pour y aller, donc on peut s’attendre à une remontée », dit-il, prévenant toutefois qu’il faut être réalistes.

Les taux de vaccination de rappel demeurent faibles au Québec et au Canada, donc on ne peut pas s’attendre à une explosion non plus. Ça ne fera pas bouger ceux qui jugent que deux doses sont suffisantes.

Benoit Barbeau, virologue

Ottawa a déjà annoncé avoir sécurisé près de 12 millions de doses du nouveau vaccin bivalent pour une première livraison. Du nombre, 2,7 millions devraient revenir au Québec, en vertu du prorata de la population, a précisé le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS). « C’est amplement suffisant, même au-delà des besoins. C’est plus de 25 % de la population totale », commente M. Barbeau à ce sujet.

À l’École de santé publique de l’Université de Montréal (ESPUM), la professeure Roxane Borgès Da Silva dit aussi espérer voir un soubresaut dans le nombre de Québécois relevant leur manche. « Il y a de l’épuisement pandémique et on le comprend, mais c’est essentiel de rappeler que la meilleure arme pour se protéger reste le vaccin. Il faut être résilients et aller chercher encore un peu de force, en se faisant vacciner pour les prochains mois », implore-t-elle.

Lente décroissance

Le bilan quotidien de surveillance de la COVID-19 fait état de 13 nouveaux décès mercredi. La tendance est en baisse de 39 % sur une semaine. Le Québec rapporte également mercredi une hausse de 78 hospitalisations. Les 1635 personnes hospitalisées présentement représentent une baisse de 8 % sur une semaine. Aux soins intensifs, les 32 patients représentent une baisse de 24 % sur une semaine. Le nombre de personnes hospitalisées devrait continuer de diminuer au cours des prochains jours, le nombre de sorties surpassant les admissions. On recense en moyenne 20 patients de moins chaque jour. — Pierre-André Normandin, La Presse