Québec n’est « pas inquiet » malgré le départ timide de la campagne de vaccination chez les tout-petits, alors que 2250 doses ont jusqu’ici été administrées à des enfants de 6 mois à moins de 5 ans. Mais en vue de l’automne, il faudra forcément accélérer le rythme, affirment des experts. Les Québécois qui n’ont pas eu une dose de rappel depuis au moins cinq mois sont dorénavant invités à se refaire vacciner.

« Nous ne sommes pas inquiets. Il y a déjà au moins 10 000 enfants qui ont eu une vaccination ou qui ont pris des rendez-vous », a révélé le directeur national de santé publique, le Dr Luc Boileau, en conférence de presse vendredi. « Ça va progresser », a-t-il du même coup assuré.

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Le Dr Luc Boileau

Il affirme que le gouvernement va rappeler régulièrement dans les prochains jours « que le vaccin est disponible, que c’est un vaccin très efficace chez les enfants et qu’il ne donne pas de difficulté aucune ».

Nous encouragerons vivement les parents qui ont des enfants vulnérables, immunosupprimés ou qui ont été de grands prématurés à aller obtenir la vaccination.

Le Dr Luc Boileau, directeur national de santé publique

Cinq jours après le début de la campagne de vaccination contre la COVID-19 chez les tout-petits, la mobilisation semble pour l’instant timide : il n’y a eu qu’un peu plus de 2200 doses d’administrées à des enfants âgés de 6 mois à 4 ans au Québec. C’est à Montréal qu’on en a administré le plus, soit près de 600 doses.

Un sondage réalisé du 8 au 20 juillet, que l’Institut national de santé publique du Québec a récemment révélé, indique que seulement 41 % des parents d’enfants âgés de 4 ans ou moins avaient l’intention de les faire inoculer lorsque les vaccins seraient disponibles. Parmi les répondants, 40 % des parents ont dit qu’ils ne prévoyaient pas les faire vacciner.

« C’est maintenant qu’il faut y aller »

D’après le professeur spécialisé en immunologie et virologie à l’Institut national de la recherche scientifique Alain Lamarre, tenir une campagne de vaccination en pleine saison de vacances estivales « n’est pas du tout idéal ». « Je me dis qu’avec le retour des classes, ça va probablement en inciter davantage en vue de l’automne. Mais c’est maintenant qu’il faut y aller si on veut être prêts à ça justement », soutient-il.

« Il faut taper sur le clou pour répéter à tout le monde que c’est encore un très bon moyen de protéger contre la maladie, même si cette tranche d’âge là est moins susceptible de faire l’infection », ajoute M. Lamarre.

On voit quand même des infections sévères qui peuvent survenir chez les bébés, donc il faut les protéger.

Alain Lamarre, de l’Institut national de la recherche scientifique

Même son de cloche chez le Dr André Veillette, chercheur à l’Institut de recherches cliniques de Montréal. « Ça ne part pas vite, mais j’espère qu’on va rapidement augmenter la cadence. Il faut monter ça avant l’automne, c’est certain », dit-il. « Je pense que c’est aussi à la Santé publique de faire des messages clairs et surtout au moment opportun, en trouvant les meilleurs moyens de rejoindre la population. Le défi est vraiment là actuellement », ajoute le spécialiste.

Cinq mois après la dernière dose

Québec appelle maintenant la population à aller chercher une dose de rappel cinq mois après la dernière injection. « Si ça fait [au moins] cinq mois qu’on a eu une dose de rappel, il est temps d’aller en chercher une nouvelle, parce que l’immunité baisse après cinq ou six mois », a soulevé le DBoileau vendredi, avant d’ajouter : « La vaccination, ça ne dure pas éternellement. »

D’ailleurs, d’autres informations devraient être données « prochainement » sur la campagne de vaccination que prépare le gouvernement cet automne pour la population en général.

Si les vaccins actuels fonctionnent et préviennent les infections sévères, « il y a de nouveaux vaccins qui sont en route », a noté le Dr Boileau, en référence aux vaccins adaptés au variant Omicron que plusieurs sociétés pharmaceutiques s’affairent à développer. « On n’a pas de précisions sur les dates où arriveront ces nouveaux vaccins. C’est prévu qu’ils puissent arriver d’ici septembre, peut-être un peu plus proche d’octobre. Mais on va le savoir quand ils vont nous le dire », a soulevé le principal intéressé.

En général, la septième vague tend à se « stabiliser », a réitéré le Dr Boileau, et ce, même si la transmission demeure élevée. « Ça va descendre, mais ça ne descendra pas vite », a-t-il insisté, ajoutant que « cette vague estivale est plus haute que ce que nous avions espéré ». Après la flambée des cas en marge du Festival d’été de Québec (FEQ), le Dr Boileau affirme « qu’un message de prudence s’adresse aussi aux autres évènements ». « Si les gens peuvent être prudents, surtout s’ils sont plus âgés ou ont des conditions de vulnérabilité, on encourage de porter le masque. »