Plus de trois mois après avoir été infectés, 30 % des adultes présentent encore des symptômes d’une affection post-COVID-19, soit plus de 2 millions de Français, estime une enquête publiée par Santé publique France jeudi.

La prévalence était plus élevée chez les femmes (33 %), chez les actifs (32 %) et chez les personnes ayant déclaré avoir été hospitalisées pour la COVID-19 (38 %), note l’agence de santé publique française.

Ces résultats proviennent des réponses de 3663 adultes français infectés plus de trois mois avant l’enquête, laquelle a été menée du 22 mars au 8 avril auprès de plus de 27 500 personnes. Ils doivent être interprétés avec prudence, puisqu’ils reposent sur un échantillon de volontaires, mais la proportion de personnes infectées est comparable aux estimations des systèmes de surveillance, signale l’agence.

Pas d’équivalent québécois

L’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) n’a pas de données sur la prévalence de la COVID longue dans la population québécoise.

Une étude de l’INSPQ auprès des travailleurs de la santé infectés durant les premières vagues, la plupart avant que le vaccin ne soit disponible, a constaté que 40 % avaient encore des symptômes plus de 12 semaines après l’infection.

Environ 800 employés du réseau sont absents pour cause de COVID longue, a précisé le ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, le mois dernier.

Un projet pilote d’une quinzaine de cliniques spécialisées dans les symptômes post-infectieux de la COVID-19 et de la maladie de Lyme doit démarrer « au cours des prochains mois ».

Québec a déjà estimé qu’environ 23 000 personnes auraient besoin des services du projet pilote, mais c’était en décembre 2021, avant la cinquième vague et ses nouveaux variants.

Patients démunis

« Il y a une très grosse demande, surtout avec la pandémie qui n’en finit plus », témoigne la Dre Thao Huynh, chercheuse à l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill (IR-CUSM) et épidémiologiste-cardiologue au CUSM.

« Ces patients sont démunis ! Même si je suis cardiologue, je prends soin de leurs autres problèmes de santé », dit la chercheuse en évoquant les réclamations auprès des assureurs, les difficultés financières, les ruptures. « Le patient pleure, nous avons les larmes aux yeux, c’est émotionnellement épuisant. »

PHOTO FOURNIE PAR LE CUSM

Dre Thao Huynh

La Dre Huynh dirige une étude auprès de quelque 200 patients atteints de la COVID longue avec des symptômes cardiovasculaires. Presque tous souffrent aussi de fatigue et de troubles de concentration.

Il va falloir de la formation, et plus de ressources, estime-t-elle.

Le Québec et le Canada ont investi beaucoup de ressources dans la COVID aiguë, mais il n’y a pas assez de fonds pour la COVID longue.

Dre Thao Huynh, chercheuse à l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill

Beaucoup des participants à son étude ont contracté le virus durant la première vague, donc avant la vaccination. D’autres ne veulent pas du vaccin ou ont décroché après la deuxième dose.

« Il faut aller prendre les doses de rappel, ça vous protège contre la COVID longue. Ce n’est pas seulement moi qui le dis, il y a des recherches internationales qui le confirment », plaide la Dre Huynh.

Son étude, baptisée IMPACT QUÉBEC COVID-19 de longue durée, a reçu une subvention de Pfizer au terme d’un concours international, mais la pharmaceutique « n’a aucune influence sur ce projet de recherche. Elle n’a pas été impliquée du tout », assure-t-elle.

« Si vous ne voulez pas avoir le vaccin de Pfizer, allez chercher le vaccin de Moderna, de Medicago, n’importe quel vaccin dont l’efficacité est avérée, mais allez vous protéger ! »

Consultez les résultats de l’étude française

Baisse des hospitalisations et hausse des décès vendredi

Le Québec rapporte vendredi une baisse du nombre de personnes hospitalisées avec la COVID-19, mais déplore 15 décès supplémentaires.

Les 15 décès portent la moyenne quotidienne calculée sur sept jours à 16. La tendance est en hausse de 51 % sur une semaine.

Et malgré une baisse de 22 hospitalisations, les 2088 personnes hospitalisées représentent une hausse de 11 % sur une semaine. Aux soins intensifs, les 54 patients représentent une hausse de 29 % sur une semaine.

Le nombre de personnes hospitalisées risque de continuer à augmenter au cours des prochains jours, le nombre d’admissions surpassant toujours les sorties, de 29 patients en moyenne par jour.

Le nombre de travailleurs absents en raison de la pandémie a légèrement augmenté depuis la semaine dernière. Ils étaient 7397 vendredi à devoir s’isoler.

Les 1898 nouveaux cas rapportés vendredi portent la moyenne quotidienne à 1926. La tendance est ainsi en hausse de 11 % sur une semaine, mais tend à se stabiliser. Ces chiffres ne reflètent qu’une partie des infections totales, en raison de l’accès limité aux tests de dépistage par PCR. Le taux de positivité de ces derniers demeure d’ailleurs élevé, soit 14,3 %.

Québec administre en moyenne 11 300 doses de vaccin par jour, surtout des quatrièmes doses chez des personnes de 55 ans et plus. Le rythme risque de s’accélérer la semaine prochaine, alors que les petits de 6 mois à 4 ans deviendront admissibles à la vaccination.