La charge virale détectée dans les eaux usées a quadruplé dans les dernières semaines du mois de juin

La charge virale du coronavirus responsable de la COVID-19 détectée dans les eaux usées des principales villes du Québec pointe vers une explosion de la propagation depuis la mi-juin. Et devant l’augmentation soutenue du nombre de nouveaux cas, une hausse des hospitalisations est prévue au cours des prochaines semaines.

La concentration de coronavirus détectée dans les eaux usées de Montréal, Québec, Laval et Gatineau a quadruplé au cours des deux dernières semaines de juin, révèlent des données de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) publiées mercredi.

Les taux mesurés à l’intercepteur Sud de Montréal sont passés en deux semaines de 7000 à 29 000 copies de gènes du virus par millilitre d’eaux usées.

Dans l’ouest de Québec, la concentration est passée de 1000 à 4600 copies de gènes durant la même période.

Le même scénario a été observé à Laval et à Gatineau, où les eaux usées font également l’objet d'une surveillance depuis le printemps par l’équipe universitaire de CentrEau-COVID.

Cette présence accrue du coronavirus dans les eaux usées est nettement plus marquée que la tendance attribuée par les tests rapides et PCR.

Durant ces deux semaines, ceux-ci ont affiché une augmentation de 75 %, comparativement à l’augmentation de 300 % révélée par les analyses des eaux usées.

« Ce sont les niveaux détectés les plus élevés pour les stations [d’analyse des eaux usées] dans lesquelles on amasse des données depuis avril », confirme la Dre Caroline Huot, médecin spécialiste à la direction de la santé environnementale de l’INSPQ, en entrevue avec La Presse.

Les données recueillies dans les eaux usées restent complémentaires à celles des tests rapides et PCR, précise la Dre Huot.

« Les données sur les eaux usées permettent d’avoir un aperçu de l’ensemble des personnes infectées, qu’elles soient asymptomatiques ou non, qu’elles se fassent tester ou non. Les tests cliniques nous donnent un nombre précis de personnes infectées, ce que les eaux usées ne peuvent pas faire », nuance-t-elle.

Des sous-variants s'imposent

Cette nouvelle flambée des infections semble alimentée par la propagation accrue des nouveaux sous-variants d’Omicron.

Le principal sous-variant en circulation actuellement, BA.2.12.1, représentait 36 % des cas à la mi-juin. Il semblait toutefois en perte de vitesse.

Détectés plus récemment, BA.4 et BA.5 représentaient quant à eux 33 % des nouveaux cas, mais ils gagnent du terrain.

« Les nouveaux sous-variants qui sont en train de s’imposer sont plus contagieux, note le DAlain Vadeboncœur, urgentologue à l’Institut de cardiologie de Montréal. Et puisqu’il y a en ce moment une absence de mesures sanitaires, c’est sûr que le terrain est libre pour une montée des cas. »

À noter, les données les plus récentes de l’INSPQ sur les variants remontent au 12 juin et ne couvrent pas la récente flambée des cas.

Plus d’hospitalisations à prévoir

Pour la quatrième semaine de suite, le nombre d’hospitalisations liées à la COVID-19 grimpe, révèle le plus récent rapport sur les risques d’hospitalisation des patients COVID de l’Institut national d’excellence en santé et en services sociaux (INESSS).

Le Québec peut s’attendre à une augmentation du nombre d’hospitalisations à d'environ 170 par jour d’ici deux semaines.

À l’heure actuelle, on compte 1497 personnes hospitalisées. Les hôpitaux risquent de recevoir 1700 patients de plus au cours des deux prochaines semaines, anticipe l’INESSS.

Ces prévisions ne sont pas de bon augure pour les urgences de la province, signale le DVadeboncœur. « Au moment où l’on se parle, on affiche un taux d’occupation des urgences à 128 % pour tout le Québec », indique-t-il.

Cet accroissement des hospitalisations risque d’accentuer la pression et l’engorgement dans les hôpitaux du Québec, prédit l’urgentologue, qui souligne l’épuisement déjà important des infirmières et des autres travailleurs en milieu hospitalier.

Le système de santé doit aussi composer avec un manque important de personnel. On compte actuellement 7041 travailleurs absents pour des raisons liées à la COVID-19.

De plus, d’autres travailleurs de la santé sont en vacances, ajoute le DVadeboncœur. « Tous ces facteurs font en sorte que la pression sur le réseau et sur les lits est énorme. Ça dresse un tableau assez inquiétant », commente-t-il.

Le taux d’absentéisme du personnel médical est si important que les services des urgences de six établissements seront partiellement fermés cet été, avait annoncé le ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, en juin.

« Si le réseau ne peut pas absorber ces hospitalisations supplémentaires, il risque d’y avoir une limitation des services », prévient la Dre Judy Morris, urgentologue à l’hôpital du Sacré-Cœur de Montréal et présidente de l’Association des médecins d’urgence du Québec.

« Aussi, on n’est pas à l’abri d’autres fermetures d’urgences », ajoute-t-elle.

Pouvons-nous en déduire que le Québec est au début d’une septième vague ?

« On voit que la vague commence et que les hospitalisations augmentent, affirme le DVadeboncœur. Il reste à savoir quelle en sera la hauteur et quelle intensité de soins sera nécessaire. »

Sans vouloir se prononcer, la Dre Caroline Huot admet que les indicateurs pandémiques – soit les cas, les décès et les hospitalisations – sont en effet à la hausse.

Avec la collaboration de Pierre-André Normandin, La Presse

Conférence de presse du DBoileau ce jeudi

Le ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, et le directeur national de santé publique, le DLuc Boileau, feront le point sur l’évolution de la situation actuelle de la COVID-19 au Québec lors d’une conférence de presse ce jeudi à 9 h.