Avec la hausse du nombre de cas à travers la province, faut-il aller chercher sa quatrième dose maintenant ou attendre les doses de rappel adaptées aux nouveaux variants, prévues à l’automne ? Des experts nous aident à y voir plus clair.

« Les personnes en bonne santé qui ont eu leur troisième dose sont en général bien protégées. Elles peuvent se permettre d’attendre un peu », soutient Nathalie Grandvaux, chercheuse au Laboratoire de recherche sur la réponse de l’hôte aux infections virales du Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM).

La Dre Caroline Quach-Thanh, professeure à la faculté de microbiologie, d’infectiologie et d’immunologie de l’Université de Montréal, est du même avis. « Une personne qui a déjà eu trois doses de vaccin et une infection avec Omicron demeure protégée à environ 90 à 95 %. Elle pourrait tout à fait aller chercher sa quatrième dose à l’automne », dit-elle.

Les occupations des individus peuvent toutefois avoir un impact, indique Mme Grandvaux. « Si quelqu’un décide de faire des voyages cet été ou de visiter des personnes vulnérables, ce serait un bon moment d’aller la chercher », dit la spécialiste.

Au Québec, les personnes de 18 ans et plus peuvent obtenir une quatrième dose, ou deuxième dose de rappel, trois mois ou plus après la précédente. Les personnes de 12 ans et plus dialysées ou ayant un système immunitaire affaibli peuvent également l’obtenir.

Les experts sont toutefois unanimes en ce qui concerne les 60 ans et plus et les personnes vulnérables : ils devraient prendre la quatrième dose dès que possible.

« Avec l’augmentation des cas et la transmissibilité des variants qui circulent, c’est une bonne chose d’aller la chercher », dit la Dre Chantal Sauvageau, médecin-conseil en maladies infectieuses à l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ).

Lors d’une conférence de presse la semaine dernière, le directeur national de santé publique, le DLuc Boileau, a également invité les personnes immunosupprimées, les gens âgés de 60 ans et plus et ceux qui souffrent d’une maladie chronique à obtenir une quatrième dose du vaccin contre la COVID-19, si ce n’est pas déjà fait.

L’arrivée de nouveaux vaccins

Tous les vaccins actuellement en circulation sont basés sur la souche initiale du virus, et se sont peu à peu révélés moins efficaces contre les variants apparus au fil du temps. Moderna et Pfizer ont donc développé des doses de rappel spécifiques à Omicron et à ses sous-variants qui pourraient être offertes dès l’automne.

« On sait qu’on aura six millions de doses au Canada, donc il n’y en aura pas pour tout le monde », précise la Dre Quach-Thanh. Ces doses pourraient être offertes dès la fin du mois d’août selon la décision de Santé Canada, indique-t-elle.

Faut-il attendre l’arrivée des doses de rappel adaptées à Omicron ? Pas nécessairement, jugent les experts. « On espérait qu’il n’y aurait pas de cas cet été, mais il y a une vague et on est seulement au début du mois de juillet. Si c’est indiqué de se faire vacciner maintenant, je pense qu’il faut aller la chercher indépendamment de ce qui va se passer à l’automne », estime André Veillette, professeur à la faculté de médecine de l’Université de Montréal.

Une formule magique ?

Le 22 juin, Moderna a affirmé que son nouveau candidat vaccin de rappel contre la COVID-19, que la société espère voir approuvé à l’automne, était efficace contre les derniers sous-variants d’Omicron.

Cette nouvelle formule est un vaccin dit « bivalent », c’est-à-dire qu’il vise à la fois la souche initiale du virus — comme le vaccin administré jusqu’ici dans le monde — mais aussi le variant Omicron.

Ce rappel a montré une augmentation de plus de cinq fois des anticorps neutralisants contre les sous-variants BA.4 et BA.5. Cependant, même ces niveaux élevés ne représentaient qu’un tiers des niveaux atteints contre la souche Omicron originale, BA.1.

Les spécialistes préviennent toutefois de ne pas se réjouir trop vite. « Est-ce que cette petite augmentation au niveau des anticorps va être magique ? Non, je ne pense pas », estime la Dre Sauvageau. La Dre Quach-Thanh seconde. « C’est un bon vaccin, mais de là à dire que ça va changer la donne au complet, on n’en est pas convaincu », dit-elle.

De son côté, le directeur général de Moderna, Stéphane Bancel, a annoncé soumettre ces données aux régulateurs « de toute urgence ». « Nous nous préparons à fournir notre rappel bivalent de nouvelle génération à partir du mois d’août, avant une augmentation potentielle des infections de SRAS-CoV-2 dues aux sous-variants Omicron au début de l’automne », a-t-il déclaré par voie de communiqué.

Pfizer-BioNTech mène également des essais d’une version « mise à jour » de son vaccin visant spécifiquement Omicron. L’alliance a indiqué être en mesure de passer à la production de tels vaccins dans les trois mois.

Avec l’Agence France-Presse, l’Associated Press et La Presse Canadienne