Alors que l’obligation de porter le masque tombe samedi, est-ce que le masque protège quand même celui qui le porte ? L’étude la plus pertinente pour répondre à cette question a été publiée en février en Californie. Elle conclut qu’un masque chirurgical diminue de 66 % le risque d’être infecté et un masque N95 de 83 %. Les masques en tissu ne donnent pas une bien grande protection.

« Il y avait eu auparavant une bonne étude au Danemark, mais comme le virus n’y circulait pas beaucoup, ça ne permettait pas de conclure grand-chose », explique la Dre Caroline Quach-Thanh, du CHU Sainte-Justine. « Il y avait aussi eu une bonne étude au Bangladesh, mais c’est un contexte assez différent. Cette étude californienne vient à point. »

Pendant 11 mois en 2021, 2000 Californiens qui ont fait un test de COVID-19 se sont fait demander s’ils portaient régulièrement un masque et, si oui, de quel type. Environ 60 % avaient eu un test positif et leurs réponses sur le port du masque ont été comparées à celles des répondants qui avaient eu un test négatif. Les chercheurs de l’Université de Californie à Berkeley ont tenu compte de la vaccination, qui était plus fréquente (42 % contre 22 %) chez les cas négatifs, pour calculer l’efficacité du masque.

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La Dre Caroline Quach-Thanh, du CHU Sainte-Justine

Pourquoi avoir évalué l’efficacité des masques en tissu, assez peu utilisés ici ? « Aux États-Unis, c’est pas mal plus populaire », dit la Dre Quach-Thanh.

Biais de prudence ?

Peut-il y avoir des biais de sélection chez ceux qui portent le masque, qui pourraient par exemple être plus prudents ? On voit notamment que 43 % de ceux qui ont eu un test négatif ont fait le test parce qu’ils travaillent dans un milieu où le dépistage était systématique, comme les écoles, contre 11 % de ceux dont le test était positif.

« Pour la raison du dépistage, je ne suis pas sûre de voir un enjeu méthodologique, mais à la base, il faut comprendre que ce sont des chiffres assez forts, 66 % pour les masques bleus », dit la Dre Quach-Thanh.

« Le message principal, c’est qu’il y a plein de gens qui pensent que le masque protège les autres. Moi, quand j’ai été à New York, personne ne portait le masque. Je me suis promenée avec un N95, de la même façon que je porte un N95 quand j’entre dans la chambre d’un tuberculeux », explique-t-elle.

« Les gens qui sont immunosupprimés, quand ils vont aller dans un avion où personne ne porte le masque, vont peut-être le porter à cause de leur risque accru », conclut la Dre Quach-Thanh.

Ajustements

Un masque mal ajusté est-il beaucoup moins efficace ? « C’est mieux d’avoir un masque bien ajusté. Moi, par exemple, je prends un masque pédiatrique parce que les masques bleus sont trop grands, je dois les attacher aux coins. »

Peut-on les réutiliser ? « Je les réutilise. Il y a une étude française qui dit que l’efficacité est aussi bonne même après dix lavages. Mais je ne les lave pas. Quand ils sont sales, je les jette. La façon normée est de changer de masque toutes les quatre heures. Je pense que ce n’est pas nécessaire. »

Une version précédente de cet article mentionnait erronément que, dans l’étude californienne, «11 % de ceux dont le test était négatif ont fait le test parce qu’ils travaillent dans un milieu où le dépistage était systématique, comme les écoles.»
Il aurait fallu écrire que «11 % de ceux dont le test était positif ont fait le test parce qu’ils travaillent dans un milieu où le dépistage était systématique, comme les écoles.»
La phrase a été corrigée.