Aux États-Unis, où on s’approche du million de morts en raison de la COVID-19, le nombre de cas continue d’augmenter. Les régions du nord-est du pays ainsi que Porto Rico sont particulièrement touchés.

Porto Rico, territoire non incorporé des États-Unis, est en tête de liste des nouvelles infections à la COVID-19, avec une moyenne de 109 cas par 100 000 habitants au cours des 7 derniers jours, selon les données du New York Times du 2 mai1. Ça représente une augmentation de 201 % sur 7 jours. Dans l’île caribéenne, les hospitalisations sont aussi en hausse de 105 %.

Viennent ensuite en tête de liste les États de la Nouvelle-Angleterre, comme le Vermont, le Rhode Island, l’État de New York, le Massachusetts et le Maine.

Suivre l’évolution de la maladie est toutefois devenu compliqué, disent les experts.

« Là-bas, comme ici, les tests PCR ne sont pas accessibles ouvertement, et plusieurs endroits où on pouvait se faire dépister on réduit leurs disponibilités ou fermé », explique le DMatthew Oughton, infectiologue à l’Université McGill. En ce sens, le nombre de nouveaux cas quotidiens n’est pas représentatif de la réalité.

« C’est beaucoup plus difficile de suivre l’évolution cette fois-ci, renchérit la Dre Jennifer Nuzzo, épidémiologiste à l’Université Johns Hopkins. La majorité des gens se font maintenant diagnostiquer par des tests à la maison. »

Plus infectés ou plus dépistés ?

Les régions où le virus avait moins circulé, en raison des mesures de prévention plus importantes, connaîtraient une plus forte hausse de cas cette fois-ci, soulignent les deux experts.

« Les lieux qui ont été plus infectés avant ont davantage d’immunité naturelle et sont devenus plus résistants », soutient le DOughton. « Et ce, même si la protection liée aux infections préalables décline avec le temps », ajoute-t-il.

C’est dur de le dire avec certitude, mais il semble que les gens qui ont été les plus prudents pendant les deux dernières années sont finalement en train d’être infectés.

La Dre Jennifer Nuzzo, épidémiologiste à l’Université Johns Hopkins

Mais d’autres facteurs pourraient aussi jouer un rôle, prévient l’épidémiologiste. Par exemple, les résidants de certains États seraient peut-être plus portés à se faire dépister et à déclarer leurs tests positifs que d’autres.

« C’est plus difficile à manquer quand les gens deviennent très malades, affirme-t-elle, mais comme on a accumulé de plus en plus d’immunité, on voit moins de personnes très malades. Donc on rate peut-être des données, qui sont de plus en plus biaisées. »

Un autre facteur pouvant influencer les statistiques : le manque d’accès au dépistage gratuit pour les personnes non couvertes par des assurances depuis que le gouvernement a cessé de le financer, à la fin de mars.

On a toutes ces personnes qui ont des barrières économiques à se faire dépister, donc on se retrouve sans information sur une partie importante de la population, qui, possiblement, est la plus exposée [au virus].

La Dre Jennifer Nuzzo, épidémiologiste à l’Université Johns Hopkins

Notons que le système de santé de Porto Rico étant indépendant du reste des États-Unis, les dépistages et la gestion des données peuvent aussi différer du reste du pays.

Pour avoir une meilleure vision globale du nombre d’infections, d’autres données doivent être utilisées, soutient le DOughton. Parmi les options, le traçage de la COVID-19 dans les eaux usées des villes.

Dans la ville de Burlington2, par exemple, le niveau de génomes du virus trouvés dans les eaux usées a en effet augmenté substantiellement dans les dernières semaines, mais le nombre n’est pas aussi élevé qu’en janvier 2022, au plus fort de la vague Omicron.

« Ce qu’on voit en ce moment est très différent que pendant la vague de BA.1, qui ressemblait à un gratte-ciel – ça a monté très vite et c’est redescendu aussi rapidement, se souvient la Dre Nuzzo. Maintenant, les montées sont beaucoup plus lentes, et on voit déjà qu’à certains endroits ça commence à ralentir. »

Le ralentissement se poursuit au Québec

La COVID-19 continue de perdre du terrain au Québec, où l’on rapporte une baisse de 12 hospitalisations, ainsi que 3 nouveaux morts.

Ces morts portent la moyenne quotidienne calculée sur sept jours à 19. La tendance est en baisse de 24 % sur une semaine. Les 2170 personnes hospitalisées actuellement représentent aussi une diminution de 8 % sur une semaine.

Aux soins intensifs, les 78 patients représentent une hausse de 3 par rapport à la veille. Par contre, la tendance y est néanmoins en baisse de 9 % sur une semaine.

Les 906 nouveaux cas rapportés lundi portent la moyenne quotidienne à 1531. La tendance est ainsi en baisse de 27 % sur une semaine. Ces chiffres ne reflètent vraisemblablement qu’une partie des infections totales, en raison de l’accès limité aux tests de dépistage par PCR.

Avec Pierre-André Normandin, La Presse

1. Consultez les données du New York Times (en anglais) 2. Consultez les données de la ville de Burlington (en anglais)