La hausse récente des infections et des hospitalisations se fait sentir dans les CHSLD et les résidences privées pour aînés (RPA) au Québec, où le nombre de morts liées à la COVID-19 est en augmentation depuis deux semaines. La situation appelle à une grande vigilance dans ces établissements, préviennent des médecins.

« On est tous tannés, mais malgré cette fatigue pandémique, il ne faut vraiment pas baisser la garde contre le virus », affirme le DQuoc Nguyen, gériatre au Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM).

Selon les données compilées par La Presse, le Québec a recensé 42 morts dans les CHSLD au cours des deux dernières semaines. C’est trois fois plus que ce qu’on avait enregistré les deux semaines précédentes, soit 14. Environ 1855 cas de COVID-19 sont aussi toujours considérés comme actifs dans les CHSLD québécois. Dans les RPA, on observe la même tendance : on a enregistré au cours des 14 derniers jours 43 morts, contre 29 lors des deux semaines précédentes, une hausse de 48 %.

En moyenne, on déplore actuellement quatre morts par jour dans les CHSLD et quatre autres dans les RPA. À domicile, la situation semble moins aiguë, mais tout de même préoccupante. Le nombre de décès liés à la COVID-19 y est passé de 92 à 113 en l’espace de deux semaines, ce qui représente une hausse de 22 %. On enregistre neuf morts par jour en moyenne à domicile. Les décès survenus depuis deux semaines concernent des personnes dont la moyenne d’âge demeure élevée, environ 83 ans.

Officiellement, les cas diminuent depuis près de deux semaines au Québec, mais les données des tests PCR indiquent que ce sont d’abord les plus jeunes qui expliquent cette tendance à la baisse. Les 60 ans et plus, eux, ont mis plus de temps à enregistrer une baisse, celle-ci s’étant concrétisée il y a quelques jours seulement. Ce délai dans le groupe le plus vulnérable pourrait expliquer le fait que les hospitalisations continuent à augmenter si longtemps après la baisse du nombre de cas. Il faut compter généralement entre sept et dix jours après une baisse des cas pour observer une diminution dans les hospitalisations.

« Pas de signe d’alarme »

Malgré plusieurs éclosions toujours actives, « on ne voit pas de signe d’alarme nous laissant croire pour l’instant que cette vague va être plus mortelle que la précédente dans le réseau », précise la coprésidente de la Communauté de pratique des médecins en CHSLD (CPMC), la Dre Sophie Zhang, qui appelle néanmoins à la vigilance, elle aussi.

Entre décembre et janvier, lors de la cinquième vague propulsée par l’arrivée du variant Omicron, le CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal avait recensé un taux de mortalité de 4,4 % parmi les résidants déclarés positifs de 17 CHSLD. « C’est un taux de mortalité qui est faible comparé au passé, donc c’est encourageant. On aura les chiffres de cette vague à la fin de celle-ci, et on espère que ça se maintiendra », soutient la Dre Zhang.

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« Le risque principal, pour nous, ça serait que tout le monde l’attrape, ou du moins qu’on ait un taux d’infection avoisinant les 100 %, si la transmission communautaire reste élevée. On aurait alors des chiffres de décès qui bondiraient, et les plus fragiles partiraient en premier », soutient-elle du même souffle.

Selon Quoc Nguyen, les limites imposées au dépistage rendent forcément plus difficile l’évaluation de la situation.

Ce qui est différent cette fois-ci, c’est qu’avant, on avait accès aux tests PCR dans la population en général. Là, on a les tests rapides, mais ça repose sur le bon vouloir de tout un chacun, donc c’est sûr qu’on est moins outillés pour protéger les plus vulnérables.

Quoc Nguyen, gériatre au CHUM

Les deux experts s’entendent : le réseau ne reviendra pas aux mesures de restrictions draconiennes qui ont été prises ces derniers mois dans les CHSLD et les RPA, celles-ci ayant « un coût » parfois très élevé pour la santé mentale des usagers. Protéger ceux-ci, en portant le masque en tout temps, en obtenant sa dose de rappel et en surveillant ses symptômes, « demeure la clé », disent-ils.

D’ailleurs, l’administration des quatrièmes doses en CHSLD a permis de relancer la campagne de vaccination. Le Québec administre en moyenne 30 000 doses par jour, cinq fois plus qu’il y a un mois. À ce jour, 5,8 % des Québécois ont reçu quatre doses. Plus du quart (28 %) des Québécois de 70 ans et plus ont reçu une quatrième dose.

Hausse des hospitalisations

Dans le réseau de la santé, on a observé mercredi une hausse de 100 hospitalisations. À ce jour, 2381 patients demeurent donc hospitalisés en lien avec le virus, dont 101 se trouvent toujours aux soins intensifs, un chiffre resté stable. En ce moment, les 2382 personnes hospitalisées actuellement représentent une hausse de 16 % sur une semaine. Aux soins intensifs, l’augmentation est de 22 % sur une semaine. Québec a également signalé mercredi 2330 nouveaux cas, ce qui porte la moyenne quotidienne à 2347. La tendance est ainsi en baisse de 24 % sur une semaine. D’ailleurs, la proportion des tests de dépistage PCR positifs à la COVID-19 demeure très élevée, soit 14,5 %. Au chapitre de la vaccination, la campagne québécoise reprend un peu de galon. Plus de 33 660 doses supplémentaires ont été administrées mardi.

Henri Ouellette-Vézina et Pierre-André Normandin, La Presse