Un comité québécois s’apprête à recommander de frotter l’écouvillon des tests rapides dans la bouche en plus des narines. Il suit ainsi des pratiques adoptées ailleurs au Canada depuis février.

« Un comité d’experts dont je fais partie a décidé de recommander l’usage simultané de la bouche et des narines pour les tests rapides », explique Cédric Yansouni, spécialiste des diagnostics de maladies infectieuses au Centre universitaire de santé McGill (CUSM). « On savait depuis longtemps que le virus n’apparaît pas au même moment dans la bouche et les narines. La bouche vient en premier, mais on faisait le test dans la narine parce que la charge virale y est plus grande. Mais avec l’Omicron, l’intervalle est plus long. Il peut y avoir un ou deux jours de symptômes sans que le virus soit très présent dans les narines. »

Ce comité d’experts a été créé en janvier pour conseiller la Direction générale de la gestion exécutive et opérationnelle de la pandémie (DGGEOP).

Une étude néo-écossaise prépubliée fin janvier sur MedRxiv a montré que le taux de faux négatifs diminue de 22 % à 5 % quand on frotte l’écouvillon d’un test rapide BTNX d’abord dans la bouche, puis dans le nez, plutôt que seulement dans le nez. « Ça ramène le taux de faux négatifs à peu près au niveau du variant Delta », explique l’auteur principal de l’étude, Glenn Patriquin, de l’Université Dalhousie. La technique améliore aussi les résultats du test rapide PanBio.

La technique proposée est de frotter l’écouvillon contre l’intérieur des deux joues, puis contre l’arrière de la langue, avant de procéder aux deux frottements dans chaque narine selon les instructions du fabricant du test.

Ailleurs au Canada

La Nouvelle-Écosse a adopté cette recommandation en février, selon le DPatriquin. L’Ontario a emboîté le pas quelques semaines plus tard et la Saskatchewan, en mars.

« Nous avons été les premiers à tester cette approche parce que nous utilisons beaucoup les tests rapides pour la détection communautaire, dit le DPatriquin. Nous avons des cliniques utilisant des tests rapides. Une personne peut entrer et faire en quelques minutes le prélèvement sous la direction d’un préposé, qui met le liquide sur la cartouche du test et envoie le résultat par texto 15 minutes plus tard. » Les préposés ne sont pas des soignants, ce qui facilite le recrutement.

Le microbiologiste de Halifax a fait la même étude pour les tests PCR, mais n’a pas trouvé de différence dans le taux de faux positifs si l’écouvillon était frotté dans la bouche en plus du nez.

Le DYansouni estime que le DPatriquin a fait une « très belle étude ». « Nous avons commencé à discuter d’une telle recommandation dès que l’étude a été publiée. »

À noter, le taux de faux négatifs pour les échantillons prélevés seulement dans la bouche était plus élevé que pour les échantillons prélevés seulement dans la narine, à cause de la charge virale moins élevée dans la salive. « Alors si on doit choisir, il faut mettre l’écouvillon dans le nez », dit le DPatriquin.

Visionnez une vidéo explicative du Ontario COVID-19 Science Advisory Table (en anglais)
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  • 17,2 millions
    Nombre de prélèvements pour des tests PCR depuis le début de la pandémie au Québec
    source : inspq