(Québec) La Santé publique donne le feu vert à l’élargissement de l’administration de la quatrième dose de vaccin aux Québécois de 60 ans et plus. Une campagne de vaccination de la population générale est par ailleurs « dans les cartons » pour l’automne.

Les Québécois de 70 ans et plus pourront prendre rendez-vous pour retrousser leur manche une quatrième fois dès ce mercredi. Ceux de 60 ans et plus pourront le faire à compter du 11 avril. La Santé publique recommande un délai minimal de trois mois après la troisième dose alors que la protection tend à diminuer après « cinq à six mois ».

L’objectif de cet élargissement est de prévenir « les complications » chez les clientèles les plus vulnérables et chez les personnes dont la protection est susceptible d’être plus faible en raison de l’intervalle. « Les personnes qu’on vaccine actuellement, ce sont des gens qui approchent […] plus de trois mois après la troisième dose », a expliqué l’expert clinique en appui à la gestion scientifique de la pandémie, Jean Longtin.

Si l’heure n’est pas à la planification d’une campagne de vaccination dans la population générale, celle-ci pourrait venir à l’automne, a précisé le DLongtin, qui accompagnait le directeur national de santé publique par intérim, le DLuc Boileau, mardi. « Il y aura sûrement une campagne de vaccination, mais à l’automne. On ne peut pas prédire, mais c’est certain que ça va être dans les cartons », a indiqué le DLongtin.

Les groupes appelés à ce moment seront établis par le Comité sur l’immunisation du Québec, comme toutes les autres étapes de vaccination depuis le début de la pandémie.

Selon l’épidémiologiste de l’INSPQ, Gaston De Serres, il est « tout à probable » que l’on observe une remontée de cas à l’automne comme c’est arrivé lors des deux dernières années de pandémie et qu’il est donc « vraisemblable » qu’une campagne de vaccination s’organise à la rentrée pour « cibler les groupes à haut risque ».

« Ce n’est pas décidé parce que cela va dépendre de l’évolution du virus ou de l’arrivée même d’un nouveau venu », a-t-il nuancé. Par ailleurs, il est « prématuré » de parler de campagne de vaccination chez les adolescents et jeunes adultes, selon M. De Serres. Cette campagne pourrait plutôt servir à augmenter la protection chez les groupes vulnérables si la couverture vaccinale n’est pas suffisante, dit-il.

Le masque : une « contrainte acceptable »

La Santé publique a confirmé mardi ce qui circulait déjà depuis plusieurs jours : le masque demeurera obligatoire dans les transports en commun et les lieux publics pendant tout le mois d’avril. Le masque devait tomber à la mi-avril, mais l’arrivée de la sixième vague force les autorités à revoir leur décision. Le Québec devrait subir une hausse des cas et des hospitalisations, selon les prévisions de l’Institut national d’excellence en santé et en services sociaux.

« C’est une contrainte acceptable dans la situation actuelle. Il y a d’autres juridictions [qui l’ont retiré et] qui souhaiteraient le remettre de l’avant […] nous, on a cette opportunité d’avoir encore le masque obligatoire qui est juste repoussé de quelques jours, deux semaines pour l’instant, et l’intention n’est pas de le garder pour toujours », a expliqué le DBoileau.

La Santé publique réévaluera sa consigne sur le masque au cours des prochaines semaines. Il serait « peu probable » de le faire tomber avant la fin du mois d’avril alors que le Québec se trouve dans une « situation de croissance pandémique » avec la sixième vague. Un ralentissement pourrait survenir au cours des deux prochaines semaines, a affirmé le DBoileau.

On estime que les trois quarts des cas déclarés de COVID-19 dans la province émergent du variant BA.2, qui est de 30 % à 40 % plus contagieux que la souche Omicron.

Malgré la sixième vague et l’augmentation du nombre de travailleurs de la santé absents du réseau en raison de la COVID-19, il n’est pas question de rajouter des consignes sanitaires. « Nous n’avons aucune intention d’ajouter des mesures, comme des fermetures », a tranché le DBoileau. Mais il rappelle que la pandémie « n’est pas terminée et [qu’]il faut demeurer vigilant ».

« Ce n’est pas tout le monde qui fait un rhume avec ce virus, qu’il soit Omicron ou BA.2. Il y a des gens qui développent malheureusement des maladies, des symptômes et vont aller à l’hôpital recevoir des soins critiques et même en décéder. Alors c’est une maladie sérieuse », a par ailleurs affirmé le DBoileau, faisant écho aux propos du premier ministre du Québec, qui a contracté la COVID-19 il y a deux semaines.

Lundi, François Legault, qui est triplement vacciné, a souligné la forte couverture vaccinale au Québec. « Ça, ça aide, je l’ai vécu la semaine passée. Même si on l’attrape, ça donne un rhume, à peu près », a-t-il indiqué.

Bilan à la hausse

La hausse du nombre d’hospitalisations liées à la COVID-19 s’est poursuivie mardi au Québec, au moment où la province a rapporté 2615 nouvelles infections et 31 morts supplémentaires. Ces nouvelles morts portent la moyenne quotidienne calculée sur sept jours à 14. La tendance est en hausse de 33 % sur une semaine. Les nouveaux cas portent la moyenne quotidienne à 2879. La tendance est ainsi en hausse de 39 % sur une semaine. Ces chiffres ne reflètent toutefois vraisemblablement qu’une partie des infections totales, en raison de l’accès limité aux tests de dépistage par PCR.

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Dans le réseau de la santé, on a observé mardi une hausse marquée de 72 hospitalisations aux soins réguliers, qui découle de 219 nouvelles entrées et 147 sorties. À ce jour, 1479 patients sont donc hospitalisés en lien avec la maladie, dont 69 aux soins intensifs. Il s’agit d’un chiffre resté stable sur ce plan en 24 heures (15 entrées, 15 sorties).

Avec la collaboration de Lila Dussault, d’Henri Ouellette-Vézina et de Pierre-André Normandin, La Presse