(Toronto) L’arrivée d’une sixième vague de COVID-19 devrait inciter les autorités à modifier leur stratégie de vaccination, estiment des experts.

Selon eux, il est temps d’adopter des stratégies visant à encourager la troisième dose, la vaccination des enfants et à préparer une plus grande campagne pour la quatrième dose.

La campagne de vaccination avait été fort réussie au Canada pour les premières et deuxièmes doses de vaccin contre la COVID-19. Elle s’est toutefois essoufflée pour la dose de rappel.

Au Québec, si 87 % des gens âgés de 5 ans ou plus ont été vaccinés deux fois (ou l’équivalent), seulement 53 % de cette population est allée chercher une dose de rappel.

En Ontario, le phénomène est similaire. Le taux de vaccination des personnes âgées de 12 ans ou plus s’élève à 91 %. Il chute à environ 60 % pour la dose de rappel.

« On avait consacré beaucoup d’énergie et d’esprit créatif à la campagne pour les première et deuxième doses de vaccin. Nous n’avons pas pu reproduire cette magie pour la dose de rappel », constate le Dr Fahab Razak, membre du groupe consultatif scientifique ontarien de lutte contre la COVID 19.

Selon lui, les autorités devront s’assurer de convaincre la population que la levée des mesures restrictives ne signifie pas que les risques d’infection ont diminué pour autant.

Deux doses de vaccin sont efficaces pour prévenir la forme la plus grave de la maladie. Une dose de rappel diminue le risque d’affection, même par le variant Omicron, rappelle le Dr Razak.

Le Dr Isaac Bogoch, un expert en maladie infectieuse, dit que la situation est plus rassurante que ne le laissent entendre les données. Il souligne que deux doses de vaccin plus une infection procurent la même protection que trois doses.

Toutefois, on peut faire mieux, ajoute-t-il, notamment au sujet de la dose de rappel visant les gens les plus vulnérables. Le Dr Bogoch déplore que les autorités ontariennes n’aient pas fait plus appel à des experts des changements de comportement pour ses campagnes de vaccination.

« Quand on s’arrête pour regarder ce qu’on tente de faire, on réalise que l’on tente de changer le comportement des gens, souligne-t-il. Ça ne suffit pas d’avoir un vieux médecin ennuyeux comme moi à la télévision pour convaincre les gens de se faire vacciner ou un responsable de la santé publique annoncer un changement de politique à 15 h au milieu de la semaine. »

Le Dr Razak suggère de faire encore plus appel aux médecins de famille pour encourager la vaccination.

« Les médecins de famille ont été la ressource la plus inutilisée pendant toute la pandémie », lance-t-il.

Passer par les médecins de famille serait avantageux dans la mesure où cela ne nécessiterait pas l’ajout d’une nouvelle infrastructure externe.

« Bien sûr, il y a le manque de temps. On peut adopter la stratégie de la vaccination massive, mais on n’est pas obligé de le faire chaque année. Cela doit s’approcher de ce qu’on fait contre la grippe », dit le Dr Razak.

Le Comité consultatif national de l’immunisation (CCNI) devrait publier des directives sur les quatrièmes doses de vaccin contre la COVID-19 au début d’avril. Certains s’y préparent déjà. Le Dr Paul Roumeliotis, le médecin hygiéniste du Bureau de santé de l’est de l’Ontario, par exemple, prépare déjà des plans de contingence pour redéployer du personnel vers les cliniques de vaccination.

La Ville de Toronto a déjà organisé des cliniques temporaires dans des stations de métro et des bibliothèques.

Le Québec a commencé à offrir cette semaine des quatrièmes doses aux personnes âgées de plus de 80 ans, aux personnes immunodéprimées et aux résidants des foyers de soins de longue durée.

Pour le Dr Roumeliotis, le principal problème pour la vaccination des enfants âgés de cinq à onze ans est la crainte des parents.

« Cela n’a rien à voir avec l’accessibilité, car ils peuvent venir dans n’importe quelle clinique en tout temps », dit-il.

Seulement 33 % des enfants de cet âge ont été vaccinés deux fois en Ontario. Le Québec fait mieux à 46 %, mais cela signifie que moins d’un enfant sur deux a reçu une dose adéquate de vaccin.

Le bureau dirigé par le Dr Roumeliotis tente de sensibiliser les parents en répondant à toutes les questions à ce sujet lors d’assemblée publique, de séminaires à l’école, sur les réseaux sociaux et sur des vidéos.