Avoir eu la COVID-19 deux fois en deux mois, c’est possible. Un rappel pour les Québécois infectés pendant les Fêtes qu’il est temps d’aller chercher leur troisième dose, selon un expert.

Mariam Ag Bazet, 23 ans, estimait être protégée contre la COVID-19 après l’avoir attrapée à la mi-janvier. C’était jusqu’à ce que sa gorge commence à lui faire mal, la semaine dernière, après une fête organisée dans le cadre de ses études à McGill. Résultat : deux tests positifs en un peu plus de deux mois.

Une occurrence rare, mais pas impossible, souligne Alain Lamarre, professeur-chercheur spécialisé en immunologie et virologie à l’Institut national de la recherche scientifique (INRS). En effet, en janvier, le variant BA.1 – mieux connu comme Omicron – était largement dominant au sein de la population québécoise. Désormais, c’est le variant BA.2 qui circule.

Il faut savoir [que ces deux variants] sont apparus en même temps. Ce sont des frères, si on veut. L’un peut protéger contre l’autre, mais pas complètement.

Alain Lamarre, professeur-chercheur spécialisé en immunologie et virologie à INRS

Le manque de dépistage PCR dans la communauté ne permet pas de dresser un portrait précis des réinfections au Québec, a répondu à La Presse Aurèle Iberto-Mazzali, des communications de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ). Une recherche est en cours avec une cohorte de travailleurs de la santé, qui se fait toujours tester avec des tests PCR, « mais les travaux ne sont pas terminés », ajoute-t-il.

Ailleurs dans le monde, des études au Danemark et en Angleterre ont montré que les réinfections sont très rares, affirme M. Lamarre : « On parle d’une quarantaine de cas de réinfections avec BA.2, sur plus de 100 000 infections. »

Mais la protection offerte par une première infection avec Omicron diminue avec le temps, prévient-il toutefois. « Plus ça va aller, plus les gens qui ont eu Omicron dans la période des Fêtes vont être susceptibles d’être réinfectés avec BA.2 », note le chercheur.

Sans compter que le variant BA.2 est significativement plus transmissible qu’Omicron, selon des études récentes menées notamment au Danemark et au Qatar.

Lisez l’étude menée au Danemark (en anglais) Lisez l’étude menée au Qatar (en anglais)

Le fait d’avoir déjà été atteint par le virus protège cependant des formes graves de la maladie, un peu comme le fait d’être vacciné, rappelle Alain Lamarre.

Une heureuse découverte pour Mariam Ag Bazet qui, cette fois, n’a a eu que le nez qui coule et la gorge douloureuse, comme un « rhume », soutient-elle. Par comparaison, au mois de janvier, elle avait eu mal au dos, des courbatures, de la fatigue et énormément de toux, pendant plusieurs jours.

Et la vaccination, dans tout ça ?

À la mi-mars, une étude a par ailleurs montré que les vaccins à ARN messager, comme ceux de Pfizer-BioNTech et de Moderna, sont efficaces contre les deux variants, mais que cette barrière diminue de façon importante après quelques mois, a rapporté récemment le Courrier international.

Lisez l’article paru dans le Courrier international

Les vaccins protègent de « 30 % à 40 % contre l’infection, et de 70 % à 80 % contre les formes sévères de la maladie, confirme Alain Lamarre. Je n’ai pas vu d’indication qu’il y ait de grosses différences à ce niveau-là entre BA.1 et BA.2 ».

La dose de rappel est « encore à l’image du virus d’origine », explique de son côté le virologue Benoit Barbeau. Les anticorps qu’elle procure sont cependant « suffisants » pour prévenir la maladie, ajoute-t-il.

La campagne de vaccination pour la quatrième dose a débuté au Québec mardi pour les personnes âgées vivant dans les milieux de vie (comme les CHSLD, les résidences privées pour aînés). Les personnes de 80 ans et plus ou immunosupprimées peuvent aussi prendre rendez-vous pour obtenir leur deuxième dose de rappel, a indiqué lundi le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) sur Twitter.

Aux États-Unis, toutes les personnes âgées de 50 ans et plus seront désormais admissibles à cette dose de rappel, quatre mois après avoir reçu leur troisième dose, a indiqué mardi l’Agence américaine des médicaments (FDA).

La COVID-19 se propage au Québec

La province a rapporté lundi 20 morts en raison du virus et 38 hospitalisations supplémentaires. La tendance des nouveaux cas déclarés est en hausse de 68 % sur une semaine. Les cas sont toutefois moins représentatifs en raison des limites dans l’accès aux tests de dépistage par PCR. Les cas autodéclarés ont, de leur côté, augmenté de 159 % sur une semaine.

La hausse des hospitalisations avec COVID devrait se poursuivre à court terme. Tous les jours, on compte en moyenne 16 admissions de plus que de sorties dans les hôpitaux. Aux soins intensifs, on compte quatre entrées de plus que de sorties.

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Les 20 nouveaux décès portent la moyenne quotidienne à 10. Sur le plan de la vaccination, 86,7 % des Québécois, tous âges confondus, ont reçu une dose de vaccin, 82,9 %, deux doses et 50,1 % sont allés chercher une première dose de rappel.

Avec Pierre-André Normandin, La Presse, et l’Agence France-Presse

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