Le Québec va inévitablement connaître une recrudescence des cas de COVID-19, prévient la Santé publique, au moment où la sous-lignée plus contagieuse d’Omicron, le BA.2, représente maintenant une infection sur deux dans la province. Pour l’heure, le port du masque obligatoire est maintenu jusqu’à la mi-avril.

« Tout nous indique qu’au Québec aussi, on va connaître une recrudescence des cas », a expliqué mercredi le directeur national de santé publique, le DLuc Boileau, en défendant toutefois le déconfinement québécois qu’il juge « sécuritaire et progressif » qui évite selon lui « d’avoir des explosions » de nouveaux cas. « On est devant un virus et un variant connus, donc nous ne craignons pas d’être devant une vague qui va nous faire aussi mal que la cinquième », a-t-il aussi ajouté.

Cette recrudescence serait selon lui en bonne partie due au variant BA.2, le « petit cousin » d’Omicron. « Les données récentes nous montrent qu’on s’approcherait probablement de 50 % des cas qui sont maintenant des cas de ce variant. On rappelle qu’il n’est pas plus virulent, il ne rendra pas plus les gens malades et n’engendrera pas plus de décès, par contre, il est beaucoup plus contagieux, de 30 à 40 % davantage », a dit M. Boileau.

Jusqu’ici, l’Institut national de la santé publique du Québec, lui, affirme qu’il n’est pas en mesure de confirmer la prévalence exacte du variant BA.2, en raison « d’enjeux dans l’approvisionnement de réactifs et de délais associés dans les analyses » de ses laboratoires.

Ceci dit, l’organisme assure « que la sous-lignée poursuit sa progression dans la province, à l’instar de ce qui se produit dans plusieurs endroits dans le monde ». « Nous, ce qu’on suit, ce sont des proportions. Les données de confirmation arriveront plus tard, mais on estime que pour le moment, c’est environ 50 % », a assuré le médecin microbiologiste et expert clinique en appui à la gestion scientifique du ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS), Jean Longtin.

Le masque reste, vers la quatrième dose

M. Boileau dit vouloir « maintenir » une approche prudente pour la fin du masque obligatoire. « On juge qu’il serait utile de maintenir le port du masque pour l’instant, sans toutefois déplacer la date annoncée », a soulevé le directeur national, en confirmant que le 15 avril est toujours prévu comme la date de la levée de la mesure. Il avait plus tôt évoqué une possible recommandation favorable à la fin du masque vers la fin mars, mais semble s’être rétracté dans le contexte actuel.

« Rendu à la mi-avril, on aura un portait bien plus juste et on pourra recommander à la plupart des gens de continuer à l’utiliser, si on juge que c’est nécessaire », a-t-il également nuancé, en rappelant que le port du masque deviendra un choix personnel, éventuellement.

M. Boileau a par le fait même confirmé avoir recommandé au gouvernement de commencer à donner une quatrième dose à certaines tranches de la population dès le début de la semaine prochaine. Le ministre de la Santé, Christian Dubé, a confirmé sa volonté d’accorder la priorité aux personnes vulnérables, en particulier dans les RPA, les CHSLD et les ressources intermédiaires, mais aussi les personnes de 80 ans et plus et les immunosupprimés. Les personnes intéressées pourront s’inscrire pour un rendez-vous dès mardi, sur Clic Santé, pour autant leur dernière dose remonte à au moins trois mois. « Cela dit, on ne suggérera pas une quatrième dose qui va s’en aller jusqu’aux adolescents. On n’est pas là », a illustré M. Boileau.

En début de journée, mercredi, le premier ministre François Legault avait d’ailleurs tenu des propos assez similaires. « Pour l’instant en Europe, qui est toujours un précurseur de ce qui se passe ici, on n’a pas ajouté de consignes. On n’a pas de plan pour ajouter des consignes », a-t-il soutenu lors d’une mêlée de presse, en ajoutant qu’il portera de son côté le masque « encore un certain temps ».

Un avis interne envoyé cette semaine aux directions des CIUSSS et des CISSS par le directeur national de santé publique par intérim, le DLuc Boileau, qui a d’abord été rapporté par Radio-Canada, a toutefois invité les réseaux de santé régionaux à se préparer « très rapidement » à une éventuelle sixième vague.

La conseillère médicale stratégique au MSSS, Marie-France Raynault, a par ailleurs indiqué mercredi que l’autodéclaration des tests rapides, qui augmente depuis quelques jours en ligne, n’est pas considérée comme « un indicateur valable » de la transmission. « On suit surtout les PCR, notamment parce que chez les travailleurs de la santé, il n’y a pas eu de modification des indications, donc c’est une population stable et assez représentative. »

Avec Hugo Pilon-Larose, La Presse