Après le Danemark, l’Espagne, l’Allemagne et la Suède, la France a décidé elle aussi de recommander une quatrième dose de vaccin contre la COVID-19 pour les personnes âgées. Le Québec devrait-il en faire autant ? Des experts étudient la question.

La France emboîte le pas

Depuis samedi, les Français âgés de 80 ans et plus peuvent recevoir une quatrième dose de vaccin contre la COVID-19. La décision a été prise après que les autorités ont constaté un léger rebond de l’épidémie en France, qui serait imputable à un sous-variant d’Omicron, BA.2. Celui-ci est plus transmissible qu’Omicron, qui était déjà plus contagieux que le variant Delta. Le sous-variant BA.2 ne serait pas plus dangereux qu’Omicron. Selon le premier ministre français, Jean Castex, cette recommandation ne remet pas en question la levée des principales mesures sanitaires. Le « passe sanitaire » n’est plus exigé dans l’Hexagone depuis lundi. Le masque n’est plus obligatoire dans les lieux publics, sauf dans les transports en commun et les établissements de santé.

Et le Québec ?

On saura bientôt si une recommandation similaire sera faite au Québec. « Le Comité sur l’immunisation du Québec discute à ce sujet et son avis paraîtra la semaine prochaine », a signalé le DGaston De Serres, qui est aussi épidémiologiste à l’Institut national de santé publique. « On regarde en effet la situation au Québec, confirme Maryse Guay, professeure à la faculté de médecine et des sciences de la santé de l’Université de Sherbrooke. Ça se peut qu’il y ait une recommandation dans ce sens-là. » L’experte en épidémiologie précise que même s’il y a une diminution de tous les indicateurs relatifs à la pandémie, il faut demeurer prudent avec l’arrivée du printemps et le relâchement des mesures sanitaires.

Une efficacité qui diminue avec le temps

« On sait que le vaccin est somme toute efficace mais que l’immunité diminue avec le temps. Comme nous avons beaucoup de doses disponibles, pourquoi faire l’économie de protéger les plus vulnérables ? », lance Roxane Borgès Da Silva, directrice de l’École de santé publique de l’Université de Montréal. Si la situation s’améliore au Québec, l’experte prévient néanmoins qu’il reste quelques mois avant d’arriver à l’été, saison où la population est moins confinée à l’intérieur. En contrepartie, il y a le sous-variant BA.2 dont il faut tenir compte. Celui-ci est largement répandu en Europe, mais n’est pas encore dominant au Québec.

« Bénéfice minime » chez les jeunes adultes

Selon une étude israélienne publiée mercredi, une deuxième dose de rappel des vaccins à ARN messager actuels pourrait ne procurer qu’un « bénéfice minime » chez les jeunes adultes en bonne santé. L’étude, réalisée au moment où le variant Omicron circulait à grande échelle en Israël, suggère que la quatrième dose apporte peu de protection supplémentaire contre l’infection, malgré la baisse graduelle du taux d’anticorps chez ceux qui ont reçu trois doses. La protection contre les formes symptomatiques de la maladie est un peu meilleure que chez ceux ayant reçu trois doses : 43 % avec le vaccin de Pfizer et 31 % avec celui de Moderna. Ces résultats suggèrent des bénéfices mineurs, mais ils sont à prendre avec précaution, au vu du petit nombre de participants de l’étude, qui a été publiée dans le New England Journal of Medicine.

Pfizer veut faire autoriser une deuxième dose de rappel aux États-Unis

Sur la base de données venant d’Israël, Pfizer-BioNTech a demandé mardi à l’agence américaine des médicaments (FDA) d’autoriser une dose de rappel supplémentaire de leur vaccin contre la COVID-19 pour les personnes de 65 ans et plus. Selon Pfizer-BioNTech, ces données montrent qu’« une dose de rappel supplémentaire de vaccin à ARN messager augmente l’immunogénicité », c’est-à-dire la capacité à provoquer une réaction immunitaire, « et réduit les taux d’infections confirmées et de maladies graves ». En Israël, une quatrième dose du vaccin de Pfizer est administrée depuis début janvier aux plus de 60 ans, et depuis fin janvier aux plus de 18 ans qui sont à risque. Elle permet de multiplier de trois à cinq fois les anticorps par rapport à la troisième dose, selon le ministère israélien de la Santé.

L’Ontario anticipe une hausse des hospitalisations

Les conseillers scientifiques de l’Ontario affirment que les hospitalisations liées à la COVID-19 et les admissions aux soins intensifs augmenteront probablement au fil de la levée des mesures de santé publique, mais ils croient qu’elles demeureront loin des niveaux observés au plus fort de la vague Omicron. Une nouvelle modélisation publiée jeudi par la Table de consultation scientifique de l’Ontario – avant que l’obligation du port du masque ne soit levée lundi dans la plupart des contextes – suggère que s’il y a une augmentation modérée de la transmission de la COVID-19, les hospitalisations augmenteront probablement, même si elles ne dépasseront pas 1000.

Avec l’Agence France-Presse et La Presse Canadienne