(Québec) Québec souhaite une Journée de commémoration nationale des victimes de la COVID-19 plus sobre cette année. Le 11 mars prochain, il n’y aura donc pas de cérémonie officielle, mais certains gestes symboliques seront posés.

C’est ce qu’a précisé le bureau du premier ministre François Legault, vendredi. L’an dernier, M. Legault avait participé à une importante cérémonie réunissant plusieurs dignitaires et représentants des familles endeuillées.

Cette année se vivra plus « sobrement », affirme l’attaché de presse du premier ministre, Ewan Sauves.

« Nous optons pour une formule plus sobre par respect pour les familles et les proches des victimes, et pour tous les Québécois qui ont à nouveau été durement éprouvés par la pandémie dans la dernière année », a-t-il dit.

« L’année dernière, il s’agissait de la toute première journée de commémoration nationale, d’où la tenue d’une cérémonie officielle.

« Cette année, nous souhaitons inviter les Québécois à consacrer cette journée au devoir de mémoire qui s’impose à partir de maintenant », a-t-il justifié.

Le gouvernement procédera à une mise en berne nationale du drapeau du Québec sur la tour du parlement, les édifices gouvernementaux, dans les municipalités, ainsi que dans les représentations du Québec à l’étranger.

Déjà, ce geste est considéré comme un geste « fort » au niveau du protocole, explique M. Sauves. « C’est peu courant de procéder à une mise en berne nationale, puisqu’elle représente le deuil collectif », a-t-il soutenu.

On s’attend également à ce que le premier ministre Legault souligne cette journée d’une façon ou d’une autre, mais sans nécessairement faire d’apparitions publiques.

Le lieutenant-gouverneur du Québec, J. Michel Doyon, qui était de la cérémonie l’an dernier, publiera quant à lui un message sur son site internet et ses médias sociaux.

À votre discrétion

Contrairement à l’année dernière, les Québécois ne seront pas invités à observer une minute de silence sur le coup de 13 h, et la rose blanche, qui était l’emblème de la cérémonie l’an dernier, ne sera pas de mise.

Ce sera par ailleurs « à la discrétion » des municipalités de tenir ou pas des activités de commémoration vendredi prochain, précise-t-on également.

La Ville de Montréal a signalé par l’entremise de son relationniste Jules Chamberland-Lajoie, vendredi, que ses drapeaux seront mis en berne, mais « qu’aucune cérémonie protocolaire spéciale n’est prévue cette année ».

Le 11 mars, il y aura exactement deux ans que l’Organisation mondiale de la santé décrétait l’état de pandémie. Le Québec a enregistré depuis deux ans 926 920 cas de COVID-19, dont 14 056 décès.

Surprise

La décision du gouvernement a de quoi surprendre, soutient Lucie Garneau, une résidante de Québec dont le père a été emporté par la COVID-19 et qui avait été invitée à participer à la cérémonie l’an dernier.

En entrevue, elle confie que la cérémonie du 11 mars 2021 en hommage aux victimes lui avait fait grand bien. « Ça a été réconfortant d’avoir ça, peut-être que pour d’autres personnes, ce serait aussi important. »

Mme Garneau souligne que depuis un an, « ça continue toujours » : plusieurs centaines de Québécois sont décédés de la COVID-19, laissant leurs familles dans le deuil.

« C’est quand même un évènement qu’on vit qu’on n’aurait jamais pensé qu’on vivrait, dit-elle. Je pense que d’autres vivent la même tristesse.

« Sans que ce soit nécessairement immense, je pense que ça mériterait qu’il y ait quelque chose qui soit signifié pour ces personnes. […] Il pourrait au moins y avoir quelque chose qui se passe dehors. »

Responsabilité du gouvernement

Vendredi, la porte-parole de Québec solidaire, Manon Massé, a également qualifié la décision du gouvernement de « surprenante », « surtout considérant que nous avons perdu de nombreuses vies dans la dernière année ».

« Nous avons une responsabilité historique et collective envers le peuple du Québec de reconnaître les pertes humaines et, surtout, de changer le système qui a failli », a-t-elle déclaré à La Presse Canadienne.

Le chef parlementaire du Parti québécois a lui aussi tenu à réagir.

« Il est impératif de commémorer les victimes de la pandémie, et nous nous serions attendus à ce que le gouvernement prenne la responsabilité d’organiser quelque chose de transpartisan », a déclaré Joël Arseneau.

« À terme, pour honorer les victimes, il faudra aussi mener une enquête publique et indépendante pour faire toute la lumière sur la pandémie », a-t-il renchéri.