Severine Oosterhoff se réjouit des assouplissements apportés par Ottawa aux restrictions sanitaires entourant les déplacements à l’étranger, comme de nombreux autres voyageurs rencontrés par La Presse. « C’est un pas dans la bonne direction », dit-elle en attendant son vol pour la Suisse, à l’aéroport Montréal-Trudeau, avec ses deux jeunes enfants.

« C’est vraiment bien, mais ce n’est pas assez. Je pense que toutes les règles devraient être abandonnées. En Suisse et dans plusieurs pays européens, c’est déjà le cas. »

Denis Gauthier est du même avis. « Dans ma tête à moi, tu as autant de risques d’attraper la COVID en restant à Montréal qu’en voyageant et en faisant attention », laisse-t-il tomber avant de s’envoler pour le Mexique en famille. « Je pense que ça ne change plus rien et qu’on devrait enlever tous les tests. »

Depuis lundi, quatre choses ont changé pour les voyageurs canadiens.

La première, c’est que le gouvernement a cessé de recommander aux citoyens de ne pas voyager, sauf pour des raisons essentielles.

La deuxième concerne les tests de dépistage. Les voyageurs doivent toujours présenter la preuve d’un résultat négatif à un test de dépistage pour entrer au pays, mais ce test n’a plus obligatoirement à être moléculaire, comme un test PCR. Les tests antigéniques, moins coûteux et dont les résultats peuvent être obtenus en quelques minutes, sont dorénavant acceptés.

Le test PCR doit être effectué dans les 72 heures avant le vol prévu ou l’entrée au Canada par voie terrestre ou maritime, comme avant. Le test antigénique doit tout de même être fait « par un laboratoire, un service de santé ou un fournisseur agréé », précise Denis Vinette, vice-président, direction des voyageurs, à l’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC). Il doit être effectué le jour ou la veille du départ.

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Denis Gauthier (à droite) avec sa conjointe et sa belle-famille, en direction de Cancún, au Mexique

« Quand tu pars en famille et que c’est 150 $ canadiens par test PCR, c’est sûr que ça rentre dans l’équation, souligne Denis Gauthier. Tu viens d’ajouter 750 $ pour une famille de cinq. C’est quand même un montant important. C’est avantageux pour les jeunes familles de ne pas avoir à payer ces sommes-là pour revenir au Canada. »

La troisième chose qui a changé, c’est l’obligation de subir un test de dépistage à l’arrivée au pays et de devoir rester à la maison en attendant le résultat. Des tests moléculaires sont encore faits à l’aéroport et à la frontière, mais de façon aléatoire, et les gens sélectionnés n’ont plus à s’isoler.

Finie la quarantaine

Pernelle Toutoume, de retour au pays après un séjour de six mois au Gabon, a dû subir un test PCR à son arrivée, lundi, même si elle a présenté la preuve d’un résultat négatif.

« Je dois avoir le résultat par courriel dans trois jours », explique-t-elle en se dirigeant vers la sortie à l’aéroport Montréal-Trudeau. « Après huit jours, je dois refaire un test avec cette boîte-là. Et pour savoir si je peux sortir entre-temps, ils m’ont dit qu’il faudrait que je voie avec Santé Canada… »

Est-ce exagéré ? « Un peu, oui, surtout que je suis enceinte. »

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Pierre Bonniard

Pierre Bonniard, un Français venu passer quelques jours chez sa fille au Québec, trouve aussi que ça va trop loin. « L’antigénique, je trouve que c’est bien parce que le PCR, c’est vraiment exagéré, dit-il, un masque FFP2 collé au visage. On est dans une période d’allègements. En France, on a des matchs où il y a 15 000 spectateurs les uns à côté des autres… »

De lourdes amendes

La dernière nouveauté concerne les enfants de moins de 12 ans non adéquatement vaccinés qui reviennent de l’étranger. Ces derniers n’auront plus à faire de quarantaine et pourront fréquenter l’école, la garderie ou un camp de jour à leur retour de voyage.

« Ils sont exemptés de tests à l’arrivée, mais ils peuvent être toujours sélectionnés si les parents sont sélectionnés pour un test aléatoire, indique Denis Vinette, de l’ASFC. Mais les restrictions qui étaient imposées ne s’appliquent plus. Ils pourront retourner à l’école ou à la garderie à leur retour. »

Et si le résultat au test de dépistage est positif ? Dans ce cas, les gens doivent attendre 10 jours avant de prendre l’avion. Ils peuvent toujours entrer au pays par voie terrestre, mais ils sont passibles de lourdes amendes.

En conférence de presse, le 15 février, le ministre fédéral de la Santé, Jean-Yves Duclos, a dit que l’exemption de tests pour des séjours de moins de 72 heures à l’étranger pourrait être remise en vigueur et que les « exigences en matière de tests préarrivée pourraient être relaxées davantage ».