La cinquième vague de COVID-19 se traduit bel et bien par une surmortalité au début de 2022, selon de nouvelles données de l’Institut de la statistique du Québec (ISQ).

À la mi-janvier, au moment où la vague Omicron atteignait son sommet, le nombre de décès enregistré au Québec était supérieur de près de 16 % au taux prévu. La semaine suivante, date des dernières données disponibles pour l’instant, la surmortalité se chiffrait à 15,5 %.

Il faut remonter au printemps 2020, en pleine première vague de COVID-19, pour surpasser ces données au niveau provincial. La première vague reste toutefois sans contredit la plus mortelle, alors que le Québec a enregistré un pic absolu de 57 % au début mai 2020.

« On observe actuellement un pic entre 15 et 16 %. La question, maintenant, c’est de savoir si ça va se maintenir. On voit déjà que les décès COVID diminuent. Ce qu’il reste à voir, c’est si la cinquième vague va être aussi longue que la deuxième », affirme le démographe de l’ISQ Frédéric Fleury-Payeur, en entrevue avec La Presse.

Au total, les trois premières semaines de 2022 ont connu une hausse marquée de la surmortalité de 12,1 %. Le Québec a ainsi enregistré 559 décès de plus que les 4619 attendus durant cette période. Cela reste toutefois inférieur aux 1139 décès COVID rapportés durant cette période, notamment parce que le virus peut parfois être la cause « secondaire » du décès, par exemple chez un patient vulnérable déjà atteint d’une maladie chronique. La COVID-19 « devance » alors le décès, mais ne l’entraîne pas. C’est ce qu’il est convenu d’appeler l’« effet de moisson ».

Progression de la surmortalité

Si on exclut la première vague, d’autres pics avaient été observés depuis le début de la pandémie, mais ils étaient inférieurs à celui qu’on observe actuellement. Par exemple, au début du mois de janvier 2021, la deuxième vague a entraîné à son sommet une surmortalité de 12,5 %, mais ces chiffres sont rapidement retombés par la suite.

Frédéric Fleury-Payeur rappelle que la cinquième vague, propulsée par le variant Omicron, « est arrivée et a grimpé rapidement ».

Ce qu’on observe au Québec n’est pas unique. La surmortalité a aussi monté très vite aux États-Unis, même plus qu’au Québec.

Frédéric Fleury-Payeur, démographe de l’Institut de la statistique du Québec

Fait encourageant pour la suite : en Europe de l’Ouest, au Danemark, notamment, où les données sur la surmortalité sont plus récentes, les experts constatent que la surmortalité « reste relativement faible » après l’atteinte d’un pic en janvier. Cela permet d’espérer, dit M. Fleury-Payeur, que le même phénomène se produise au Québec.

« Si les décès COVID continuent de diminuer, on peut penser que la surmortalité va continuer à suivre le même ratio, et devrait donc diminuer dans les prochaines semaines », résume-t-il. Le Québec rapporte en ce moment 28 décès par jour en moyenne depuis une semaine, soit la moitié du sommet observé à la mi-janvier. La tendance à cet égard était ainsi en baisse de 18 % dans la dernière semaine.

Depuis le début de la pandémie, soit de mars 2020 à janvier 2022, le Québec a enregistré une surmortalité de 4 %, soit 5286 morts de plus qu’attendu. En 2020, la surmortalité était de 7,7 %. Et en 2021, le Québec a enregistré une sous-mortalité de - 1,1 %.

Il y a quelques semaines, alors que les données relatives à la cinquième vague n’étaient pas encore disponibles, le premier ministre François Legault s’était réjoui de ces données. « On voit que toutes proportions gardées, il y a moins de décès au Québec qu’en Ontario, que dans le reste du Canada, qu’aux États-Unis. On espère que ça va se poursuivre. On voit aussi que grâce aux consignes plus sévères, on a eu moins de décès. On en a eu trop, mais actuellement, les consignes nous permettent de maintenir les décès à un niveau plus bas qu’ailleurs en Amérique du Nord », avait-il dit.

Bref portrait canadien

Si le Québec affiche des bilans COVID plus lourds que les autres provinces, il affiche pourtant une surmortalité inférieure depuis le début de la pandémie.

La province voisine, l’Ontario, a enregistré une surmortalité de 4,4 % en 2021, selon les dernières données disponibles de Statistique Canada. Combinée à la surmortalité de 5,1 % qui semble y avoir été observée en 2020, la province présenterait donc une moyenne cumulée de 4,8 % sur deux ans. Dans l’ouest du pays, on a aussi connu une année 2021 plus difficile. L’Alberta, qui avait recensé en 2020 une surmortalité frisant les 10 %, a enregistré une surmortalité de 13,1 % en 2021, montrent les données actualisées.

Sa voisine, la Colombie-Britannique, a aussi alourdi son bilan, avec une surmortalité de 14,3 % en 2021. Il importe toutefois de rappeler que la Colombie-Britannique a également été touchée par une vague de chaleur mortelle à l’été, qui a fait bondir sa mortalité. Seulement dans la première semaine de juillet, 778 personnes de plus que prévu sont mortes, soit deux fois plus que prévu. La province est également aux prises avec une hausse marquée des surdoses mortelles.