La cinquième vague a été plus forte chez les moins de 5 ans que l’ensemble des quatre vagues précédentes

Davantage de jeunes enfants ont été hospitalisés avec la COVID-19 cet hiver, durant la cinquième vague, que pendant les quatre vagues précédentes réunies, montrent de nouvelles données de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) colligées par La Presse.

Ce sont 211 jeunes de moins de 5 ans atteints de la COVID-19 qui ont été hospitalisés depuis le début de la cinquième vague au Québec. C’est davantage que durant les quatre premières, où on en a dénombré 189, selon des données de l’organisme indépendant, mises à jour cette semaine sans tambour ni trompette.

Selon les chiffres de l’INSPQ, la majorité des enfants concernés ont bel et bien été hospitalisés en raison de la COVID-19. En effet, pour 68 % d’entre eux, la COVID-19 était le diagnostic principal. Environ 2 % de tous les cas recensés chez les moins de 5 ans ont dû être hospitalisés, contre 1 % durant les quatre premières vagues.

Le taux d’hospitalisation des moins de 5 ans est 15 fois plus élevé que lors des vagues précédentes. On recense chaque semaine un peu plus de 7 hospitalisations pour 100 000 enfants, contre moins de 0,5 durant les précédentes vagues.

Ces chiffres ont été publiés quelques heures après que le directeur national de santé publique par intérim, le DLuc Boileau, eut souligné en conférence de presse « quelques signaux avec lesquels il faut se montrer prudents » dans les prochaines semaines. Parmi eux, il a notamment cité la hausse « des consultations à l’urgence pour des diagnostics de COVID chez les enfants de moins de 12 ans ».

Il y a également une stabilisation des hospitalisations pédiatriques, alors que ça baisse dans à peu près tous les autres secteurs. On parle d’une stabilisation qui est en place depuis maintenant quand même plus de deux semaines.

Le DLuc Boileau, directeur national de santé publique par intérim

Au fédéral, l’administratrice en chef de l’Agence de la santé publique du Canada, la Dre Theresa Tam, s’est aussi montrée inquiète la semaine dernière qu’on recense un « plus grand nombre d’enfants atteints de la COVID-19 nécessitant une hospitalisation qu’auparavant ».

Vaccination cruciale chez les 5 à 17 ans

Chez les 5 à 17 ans, la vaccination semble avoir limité les hospitalisations. Ce groupe a enregistré 134 hospitalisations durant la cinquième vague, contre 151 durant les quatre premières vagues. Toutefois, moins du tiers de ces cas avaient la COVID-19 pour principale raison d’admission à l’hôpital.

Le Québec enregistre actuellement une douzaine d’hospitalisations par jour chez les moins de 10 ans, ce qui est nettement plus que durant les précédentes vagues. Du lot, d’un à deux enfants doivent être admis aux soins intensifs. Au pire de l’hiver dernier, moins de deux enfants par jour devaient être hospitalisés.

Malgré cette hausse du nombre d’hospitalisations, très peu d’enfants meurent de la COVID-19. Depuis le début de la pandémie, on a recensé deux morts chez les moins de 10 ans. Le nombre de cas est en hausse de 15 % depuis une semaine chez les moins de 10 ans. En effet, malgré les limites imposées au dépistage, le Québec rapporte 275 nouveaux cas confirmés par jour dans ce groupe d’âge. On commence aussi à observer une légère hausse chez les 10 à 19 ans, où l’on recense 248 nouveaux cas par jour. La tendance à la baisse se poursuit dans l’ensemble des autres groupes d’âge.

Selon l’épidémiologiste Nimâ Machouf, cette inquiétude se « sent présentement » chez plusieurs pédiatres. « Certes, il y a peu de mortalité et de complications chez les enfants, et heureusement, mais autant d’enfants hospitalisés d’un coup, en un mois, c’est pour le moins préoccupant », confie-t-elle.

L’enjeu avec Omicron est que l’incidence de l’infection est tellement élevée que les évènements rares des phénomènes fréquents, ça devient quand même beaucoup de phénomènes. Et c’est ce qui se passe chez les jeunes actuellement.

Nimâ Machouf, épidémiologiste

Le virologue Benoit Barbeau, professeur au département des sciences biologiques de l’Université du Québec à Montréal, abonde dans son sens. « Quand on voit des chiffres comme ça, je crois que ça envoie un signal assez clair pour accélérer la vaccination chez les jeunes, mais aussi un message aux parents qui auraient certaines hésitations : c’est vraiment important de faire vacciner les enfants. Le plus faible taux de vaccination joue en leur défaveur actuellement », dit-il.

Devant la virulence d’Omicron, le Comité sur l’immunisation du Québec recommande une troisième dose pour tous les enfants immunosupprimés de 5 à 11 ans. Un intervalle minimal de quatre semaines ou plus après la deuxième dose devrait être respecté avant l’administration de la troisième dose. À ce jour, 62,6 % des 5 à 11 ans ont eu au moins une dose. Près du quart ont reçu leurs deux doses, soit 23,8 %.

Bref état des lieux

Les 42 morts supplémentaires liées à la COVID-19 rapportés jeudi portent la moyenne quotidienne à 45 sur une semaine. La tendance est ainsi en baisse de 27 %. On a observé jeudi une baisse de 93 hospitalisations par rapport à la veille. À ce jour, 2637 patients sont hospitalisés en lien avec la COVID-19, dont 191 se trouvent aux soins intensifs, en baisse de 13.

Les 2637 personnes hospitalisées représentent une baisse de 16 % par rapport à la semaine dernière. La baisse aux soins intensifs se chiffre à 19 %. Du côté de la vaccination, la campagne peine toujours à gagner du rythme. Environ 47 395 doses supplémentaires ont été administrées mercredi. Jusqu’ici, 86,2 % de la population québécoise a reçu une dose de vaccin contre la COVID-19, alors que 80,5 % en a reçu deux. Environ 43,8 % des Québécois ont déjà leurs trois doses.