Au moment où les salles des restaurants rouvrent leurs portes lundi, les spas du Québec lancent à leur tour un ultime cri du cœur au gouvernement Legault. Jugeant leur fermeture « inexplicable », ils réclament de pouvoir redémarrer leurs activités le 7 février prochain, en même temps que les cinémas et salles de spectacle.

« Le gouvernement Legault met à risque l’industrie du bien-être en croissance partout dans le monde et reconnue ailleurs comme un partenaire pour améliorer la santé physique et mentale. Au moment où̀ les Québécois en ont plus que jamais besoin, c’est triste de constater qu’ici, on ne s’en soucie pas », fustige la présidente et directrice générale de l’Association québécoise des spas (AQS), Véronyque Tremblay.

Elle affirme qu’il faut éviter de confondre les spas « avec d’autres activités plus à risques ». « Dans un établissement spa, les gens sont là pour relaxer dans leur bulle, et surtout, à l’extérieur », fait valoir la PDG.

Sa sortie survient quelques heures à peine après celle de plusieurs gyms, dont plusieurs ont tenu dimanche des rassemblements extérieurs devant leurs établissements pour marteler qu’ils « font aussi partie de la solution » pour refonder le système de santé. Certains ont même défié les règles sanitaires, ouvrant leurs portes pour quelques heures, comme le Gym Proactif, à Drummondville.

L’AQS déplore que le Québec soit depuis lundi « la seule province au Canada où les établissements de spas nordiques sont encore fermés ». « Cette fermeture est arbitraire et non justifiée », martèle l’organisme dans un communiqué.

Il demande à Québec « d’exercer un jugement rationnel » en rouvrant les spas le 7 février, soit une semaine avant la Saint-Valentin, un moment de l’année « très important » pour leurs affaires, déjà durement fragilisées par l’absence de revenus durant les Fêtes. « Ajoutons que les installations sont vastes, que la clientèle est principalement constituée de personnes seules et de couples et qu’aucune éclosion n’a été rapportée dans une de nos installations », persiste Mme Tremblay.

Son groupe chiffre en moyenne à plus de 200 000 $ les pertes subies par un spa québécois seulement dans « les premières semaines » de leur fermeture décrétée en décembre dernier par le gouvernement Legault. Comme plusieurs autres, les spas ont également été rouverts, puis refermés, à quelques reprises depuis le début de la pandémie.

Québec veut calmer le jeu

Appelée à réagir lundi, la ministre du Tourisme, Caroline Proulx, a tenté de calmer le jeu. « Je suis très consciente de la frustration de nos propriétaires de spas, mais on doit y aller graduellement et par étape. Une rencontre a d’ailleurs lieu ce soir pour regarder si des assouplissements supplémentaires pourront être annoncés prochainement », a-t-elle rappelé, faisant ainsi écho aux propos de François Legault dimanche.

« On va poursuivre nos échanges avec la Santé publique et continuer de soutenir nos entreprises. Tous nos programmes d’aides d’urgences dans lesquels les spas sont admissibles demeurent disponibles », a encore insisté Mme Proulx.

Au ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS), la porte-parole Marie-Louise Harvey indique qu’il « importe de maintenir un nombre limité de contacts sociaux et de maintenir une approche graduelle, en plusieurs étapes ». « Ainsi, la fermeture des bars, des spas et des gyms est maintenue pour l’instant. En fonction de l’évolution de la situation épidémiologique, ainsi que de la situation dans les hôpitaux, d’autres annonces d’assouplissements pourront être faites », précise-t-elle.

François Legault a promis dimanche de faire « le tour de la situation » afin de déterminer si de nouveaux allègements sont possibles dans les prochains jours, quelques jours après que le directeur national de santé publique par intérim, le DLuc Boileau, eût dit viser une cadence de nouveaux allègements « une semaine à la fois ». Une rencontre entre les deux hommes et des experts est prévue lundi soir.