Québec entreprend de révoquer les passeports vaccinaux frauduleux. Une dizaine de fausses preuves de vaccination ont été invalidées au cours des derniers jours, selon des informations confirmées par le ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé. Si le lancement de l’opération paraît modeste, il assure que « ce n’est qu’un début » et qu’il sera « intransigeant » envers les fraudeurs.

Il y a une semaine, La Presse révélait que des employés du réseau de la santé d’un peu partout au Québec avaient participé, contre de l’argent, à la production de milliers de passeports vaccinaux frauduleux. Ces personnes, épinglées par les autorités, ont inscrit à la tonne des vaccins en fait jamais administrés dans le registre de vaccination, et ce, avec une facilité déconcertante.

Christian Dubé promettait en conférence de presse que « dans les prochains jours », « des passeports [allaient] être révoqués ».

Une dizaine de passeports l’ont été jusqu’à maintenant. L’opération démarre doucement, puisque le ministre a dû adopter un règlement afin de pouvoir agir sur la base d’indices solides de malversations.

Selon un arrêté ministériel signé vendredi dernier, un passeport vaccinal est « révoqué sans délai lorsque le ministre de la Santé et des Services sociaux ou un directeur de santé publique a des motifs sérieux de croire que cette preuve a été obtenue sans droit, notamment au moyen de déclarations fausses ou trompeuses ».

On ajoute que le ministre ou le directeur de santé publique concerné est « tenu aussitôt que possible de communiquer par écrit à la personne dont le code QR a été révoqué […] les motifs au soutien de cette révocation, de lui donner l’occasion de présenter ses observations et, s’il y a lieu, de produire des documents ».

Christian Dubé prévient qu’il sera « intransigeant pour conserver toute la crédibilité [du] système » de passeport vaccinal. « Les citoyens qui contournent les règles, comme les employés qui seraient tentés de le faire, sont bien avertis : ils commettent des actes criminels et seront jugés en conséquence », a-t-il ajouté dans une déclaration écrite.

L’UPAC et la Sûreté du Québec poursuivent leurs enquêtes. Quelque 150 dossiers sont ouverts, dont une trentaine pour corruption ou tentative de corruption.

Vers des assouplissements le 14 février

« Une semaine à la fois ». C’est à ce rythme que le directeur national de santé publique par intérim, le DLuc Boileau, entend annoncer de nouveaux allégements aux règles sanitaires. D’autres assouplissements pourraient donc survenir dès le 14 février.

« Je sais que tout le monde voudrait avoir plus de prévisibilité sur les assouplissements. On travaille solidement et le plus scientifiquement possible sur la séquence », a assuré M. Boileau lors d’une conférence de presse jeudi, sa première sans François Legault et Christian Dubé. Selon lui, ces points de presse séparés « permettront d’avoir un dialogue plus direct avec la population ».

Se disant « sensible à ce que les Québécois vivent », M. Boileau a précisé qu’il restait « difficile » de donner un calendrier précis du déconfinement pour l’instant, « puisqu’il faut suivre l’évolution de la situation et les taux de vaccination », deux éléments qui seront cruciaux pour « rouvrir encore plus rapidement ».

PHOTO PHILIPPE BOIVIN, COLLABORATION SPÉCIALE

Le Dr Luc Boileau, directeur national de santé publique par intérim

Notre objectif, ça serait de faire progresser ça une semaine à la fois. On espère une cadence comme ça.

Le Dr Luc Boileau, directeur national de santé publique par intérim

Le gouvernement est « très ouvert » à cette formule, a poursuivi M. Boileau. « On ne crie pas victoire, mais les choses s’améliorent, et c’est important de le dire », a-t-il dit, rappelant que la baisse constante des hospitalisations est très encourageante.

Jusqu’ici, les allégements annoncés mardi par Québec doivent se dérouler en deux temps. Les salles à manger des restaurants pourront d’abord rouvrir à certaines conditions dès le 31 janvier, et les Québécois pourront se rassembler à quatre personnes ou deux bulles. Les sports civils et parascolaires réservés aux jeunes reprendront aussi lundi, tandis que les salles de spectacle et les cinémas, eux, redémarreront une semaine après, le 7 février. Les prochains assouplissements pourraient donc être annoncés pour le 14 février. La Santé publique envisage d’ailleurs de commencer à étudier l’absentéisme en milieu scolaire comme indicateur de la progression de la COVID-19.

« On ne peut pas aller très vite. Il faut continuer d’avoir une approche de gestion des risques », a encore souligné M. Boileau, évoquant une progression « vers une vie normale », voire l’atteinte éventuelle d’un stade « endémique ». Malgré tout, les autorités n’entendent toujours pas imposer la vaccination obligatoire. « On sait que ce n’est pas le moment de proposer ça. Ce n’est pas dans les cartons », a résumé le directeur national. Celui-ci « ne croit pas », à ce stade, que la nouvelle souche BA.2 du variant Omicron, dont on aurait relevé 51 cas au Canada pour le moment, « va faire basculer les plans de déconfinement ».

Un optimisme prudent

L’optimisme du DBoileau se basait entre autres sur les nouvelles modélisations, parues jeudi, de l’Institut national d’excellence en santé et en services sociaux (INESSS), qui a confirmé jeudi s’attendre à « une diminution du nombre de lits [ordinaires] occupés par des patients COVID, pour atteindre environ 2500 » dans les deux prochaines semaines.

Ainsi, la baisse quotidienne des hospitalisations devrait se chiffrer à environ 170 au cours des prochains jours, selon l’organisme gouvernemental. Ce dernier s’attend à « une légère diminution du nombre de lits aux soins intensifs occupés par des patients COVID, pour atteindre environ 250 » sur la même période.

« On projette une diminution du nombre de lits occupés par des patients COVID, mais c’est une diminution qui est quand même modeste. On reste malgré tout au-dessus du niveau 4 déterminé par le ministère de la Santé », a prévenu la PDG par intérim de l’INESSS, Michèle de Guise.

Questionnée sur la pertinence du couvre-feu, la conseillère médicale stratégique du ministère de la Santé et des Services sociaux, Marie-France Raynault, a de son côté reconnu que son implantation, fin décembre, avait été faite avec « très peu de données ». « On avait quand même une étude de Santé publique France, qui comparait les régions avec le couvre-feu ou pas, et aussi la dose de ce couvre-feu, donc 10 heures, 8 heures ou 6 heures. Et cette première étude montrait une efficacité », a-t-elle affirmé.

« On sait que c’est très difficile d’importer les études faites dans d’autres contextes, mais ça nous donnait quand même un indice que le couvre-feu pouvait avoir un effet », a ajouté Mme Raynault. À son côté, le DBoileau a laissé entendre que le retour du couvre-feu n’était pas du tout envisagé. « Avant de remettre un couvre-feu, il va falloir que ça aille mal pas à peu près. Mais quand il a été mis de l’avant, il y a quelques semaines, ça allait mal, et pas à peu près », a-t-il résumé.

Nouvelle fraude préoccupante

Québec a appelé à la prudence en lien avec une nouvelle tentative d’hameçonnage liée à la vaccination contre la COVID-19. Cette fois, ce sont des messages textes frauduleux qui circulent, voulant qu’il soit possible d’obtenir une récompense de 100 $ « pour avoir pris toutes vos doses contre la COVID-19 ». Le ministère de la Santé a assuré jeudi qu’il n’offrait « aucune compensation financière à la suite de la vaccination et n’envoie aucun courriel aux citoyens à ce sujet ». « L’objectif derrière ça, c’est probablement un vol d’identité », a précisé le ministre de la Cybersécurité et du Numérique, Éric Caire, à Radio-Canada.