Les nouvelles contraintes visant les non-vaccinés, dont l’obligation du passeport sanitaire dans les succursales de la Société des alcools du Québec et de la Société québécoise du cannabis – qui doit entrer en vigueur ce mardi –, semblent avoir fait légèrement augmenter le nombre de premières doses chez les adultes. L’effet apparaît toutefois minime, alors que le nombre d’hospitalisations et de morts continue d’augmenter dans la province.

Combiné à l’annonce de la fameuse « contribution santé » pour les non-vaccinés, l’élargissement du passeport vaccinal annoncé par le ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, au début de janvier, paraît en effet avoir fait croître le nombre de premières doses chez les adultes, mais de façon assez légère.

Ainsi, ce sont un peu plus de 20 000 Québécois de 18 ans et plus qui ont reçu leur première dose depuis le 6 janvier. L’effet est donc relativement minime, n’ayant fait grimper le taux de vaccination dans ce groupe que de 0,3 point de pourcentage, pour s’établir à 92,2 %. Il reste encore 540 000 adultes non vaccinés, selon les chiffres de lundi du gouvernement.

Le rythme des premières doses chez les adultes est passé de 900 par jour à 2300 depuis le début du mois. Selon la Dre Marie-Pascale Pomey, experte en politiques publiques à l’École de santé publique de l’Université de Montréal, les 540 000 adultes qui ne sont toujours pas vaccinés seront « très difficiles à convaincre ».

Ils constituent un peu le noyau des irréductibles Gaulois, si on veut. Pour ces gens, la coercition, les mesures punitives, ça risque de les braquer encore plus, de les légitimer encore davantage. C’est un effet pervers négatif. Leur positionnement est identitaire et très fortement ancré en eux.

La Dre Marie-Pascale Pomey, de l’École de santé publique de l’Université de Montréal

Tout le défi réside donc, à ses yeux, dans des solutions « positives ». « Si on va vers les gens, qu’on écoute leurs doléances, ça peut aider à en convaincre. Le CHUM, par exemple, avait tenu des espaces de parole pour laisser parler ses infirmières qui s’opposaient à la vaccination, sans provocation, dans l’écoute. Et ça a fonctionné de manière spectaculaire », affirme la Dre Pomey, se disant toutefois consciente que cette approche est « difficile » à appliquer sur le plan populationnel.

Aucun sommet en vue

Pour l’heure, il ne semble toujours pas y avoir de sommet de la cinquième vague en vue au Québec. La province a en effet rapporté lundi 54 morts supplémentaires liées à la COVID-19 ainsi qu’une nouvelle hausse du nombre d’hospitalisations.

Ces 54 morts supplémentaires ont porté à 57 la moyenne quotidienne. La tendance est ainsi en hausse de 93 % sur une semaine. Jusqu’ici, 12 364 personnes ont succombé au virus.

Dans le réseau de la santé, on a observé lundi une hausse de 81 hospitalisations, qui se traduit par 303 nouvelles entrées et 222 sorties au total. À l’heure actuelle, 3381 patients sont hospitalisés en raison de la COVID-19, dont 286 aux soins intensifs, une hausse de 4 en 24 heures (41 entrées, 37 sorties). Les 3381 personnes hospitalisées représentent encore une hausse de 32 % en une semaine.

Les autorités provinciales ont aussi signalé lundi 5400 nouveaux cas, ce qui porte la moyenne quotidienne à 7327, en baisse de 48 % en une semaine. Il convient toutefois de rappeler que les limites maintenant imposées au dépistage rendent ces données largement moins représentatives. La barre officielle des 800 000 personnes déclarées positives depuis le début de la pandémie au Québec a néanmoins été franchie lundi.

Zoom sur la vaccination

Du côté de la vaccination, le rythme se maintient, alors que le Québec a administré dimanche un peu plus de 75 660 doses, auxquelles s’ajoutent environ 4850 vaccins donnés avant le 16 janvier qui n’avaient pas encore été comptabilisés. En comprenant les personnes vaccinées à l’extérieur de la province, ce sont jusqu’ici 16,7 millions de doses qui ont été données à des Québécois.

À ce jour, 85,5 % de la population québécoise a reçu une dose, 78,2 % en a reçu deux, et tout près de 31 % en a maintenant reçu trois. Par ailleurs, en date du 17 janvier, les personnes non vaccinées avaient 5,8 fois plus de risques d’être hospitalisées que celles ayant reçu deux doses de vaccin. Aux soins intensifs, ce chiffre passait à 12,5 fois. Les non-vaccinés représentent 42 % des lits aux soins intensifs actuellement, montrent les données du gouvernement.

Enfin, samedi, la Santé publique a réalisé 32 646 tests de dépistage, un chiffre relativement stable par rapport à la moyenne hebdomadaire. Le taux de positivité est de 13,1 %.

Avec la collaboration de Pierre-André Normandin et Thomas de Lorimier, La Presse