Le temps où les parents surveillaient avec nervosité l’arrivée de courriels leur annonçant une éclosion de COVID-19 dans la classe de leur enfant est révolu. Parce que l’on considère que l’école n’est pas un lieu d’éclosion, ce sera désormais aux familles de s’isoler pendant 48 heures si un enfant présente des symptômes.

Bien qu’avant Noël, jusqu’à la moitié des éclosions de COVID-19 se sont produites dans les écoles, Québec assure qu’« en général », les élèves ne se sont pas transmis la maladie entre eux, mais qu’ils l’ont contractée à l’extérieur de la classe.

Désormais, quand un enfant présentera des symptômes, ce sera à sa bulle familiale de s’isoler.

« C’est différent de ce qu’on faisait à l’automne. On pense qu’il faut agir rapidement dans les familles. Les gens symptomatiques pourront passer des tests [rapides]. Ceux qui auront deux résultats négatifs à 24 heures d’intervalle pourront sortir de leur isolement », a expliqué vendredi le DYves Jalbert, directeur général adjoint de la protection de la santé publique au ministère de la Santé et des Services sociaux.

« Beaucoup moins » de classes fermées

Dans le cadre d’une séance d’information technique pour les journalistes concernant la qualité de l’air dans les écoles, le DJalbert a expliqué que même si deux enfants qui ont eu des contacts rapprochés à l’école contractent la COVID-19, « ça n’élimine pas le fait que les deux auraient peut-être fait la maladie sans s’être vus à l’école, parce qu’ils l’ont ramenée de chez eux ».

Avec cette stratégie, on envisage « beaucoup moins » de fermetures de classes qu’à l’automne.

En corollaire, ce sont des parents qui seront plus accessibles pour aller au travail, des enseignants moins placés sur la touche. On espère une meilleure stabilité de l’offre scolaire cet hiver.

Le DYves Jalbert, du ministère de la Santé et des Services sociaux

En France, le nombre de classes fermées a atteint vendredi 14 380, son plus haut sommet depuis le printemps 2020. Au cours de la dernière semaine, ce sont plus de 330 000 cas de COVID-19 qui ont été confirmés chez les élèves.

Des tests rapides qui tardent

La nouvelle approche de Québec se fait dans un contexte où les tests rapides ne sont pas légion.

« Pour le primaire, on nous a dit qu’on aurait des tests rapides dans deux semaines, il n’y en aura certainement pas lundi », a déclaré Kathleen Legault, présidente de l’Association montréalaise des directions d’établissement scolaire (AMDES).

INFOGRAPHIE LA PRESSE

Les élèves du secondaire n’y ont pour l’instant accès en pharmacie que s’ils sont âgés de 14 ans ou plus.

« La situation va être corrigée, c’est clair », a assuré vendredi Marc Sirois, sous-ministre associé au ministère de l’Éducation.

« On a un souci de faire en sorte que les gens soient capables de répondre à la procédure d’isolement. Il va falloir que les gens du secondaire, lorsqu’ils sont symptomatiques, aient accès à des tests », a poursuivi M. Sirois, sans toutefois donner d’échéancier précis sur la livraison de ces tests rapides aux écoles secondaires.

Qualité de l’air : à l’étape du « diagnostic »

Quant aux enseignants et aux parents qui s’inquiéteraient de la qualité de l’air dans les classes, le gouvernement a indiqué avoir livré 68 % des 90 000 lecteurs de dioxyde de carbone (CO2) qu’il avait promis d’installer dans toutes les classes de toutes les écoles avant la fin de décembre 2021.

Ces lecteurs permettront d’avoir « un portrait réel » de la qualité de l’air et d’installer des échangeurs d’air dans les classes s’ils s’avèrent nécessaires, a expliqué Ali Bahloul, spécialiste de la ventilation industrielle et de la qualité de l’air intérieur de l’Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et sécurité du travail.

On ne peut pas aller soigner un malade sans le faire diagnostiquer par un médecin. C’est pareil pour la qualité de l’air.

Ali Bahloul, spécialiste de la ventilation qui conseille le gouvernement sur les mesures dans les écoles

Après deux ans de pandémie, pourquoi en est-on toujours à l’étape du diagnostic ? « On s’occupe de la qualité de l’air depuis plusieurs années, ça ne date pas d’hier », a déclaré Marc Sirois, sous-ministre associé au ministère de l’Éducation.

« [Acheter] des lecteurs, ce n’est pas comme aller au magasin et acheter une barre de chocolat. Les entreprises doivent les produire, il y a des délais. On est allés de la façon la plus rapide possible », a poursuivi M. Sirois.

Avec Mathieu Perreault, La Presse, Agence France-Presse et La Presse Canadienne

Appel à tous

Enfants et adolescents reprendront le chemin de l’école lundi. Certains s’en réjouissent, car l’enseignement à distance a ses limites, d’autres s’en inquiètent, alors que le nombre de cas de COVID-19 reste très élevés au Québec. Êtes-vous rassurés ? Anxieux ? Dites-nous ce que vous pensez de la réouverture des écoles.

Écrivez-vous