(Ottawa) Le Canada est en crise en ce qui concerne la capacité de tests PCR pour la COVID-19, a déclaré le ministre fédéral de la Santé, Jean-Yves Duclos, alors même que le gouvernement fédéral peine à tenir sa promesse de fournir 140 millions de tests rapides aux provinces d’ici la fin du mois.

L’accès aux tests moléculaires par PCR, qui sont considérés comme la norme d’excellence lorsqu’il s’agit de confirmer un diagnostic de COVID-19, est en crise à travers le pays, a affirmé M. Duclos mercredi.

De nombreuses provinces ont décidé de restreindre les tests moléculaires par PCR aux personnes qui courent un risque plus élevé d’être hospitalisées à cause de la COVID-19 ou qui se trouvent dans des milieux où le virus pourrait se propager plus rapidement.

M. Duclos a expliqué que c’est pour cette raison que les tests antigéniques rapides à domicile sont devenus un outil crucial dans cette cinquième vague de la pandémie, qui est poussée par le très contagieux variant Omicron.

Il a fait grimper en flèche le nombre de cas dans les provinces, a provoqué une ruée vers les centres de dépistage et a incité les médecins à avertir que les hôpitaux sont au bord du gouffre.

La semaine dernière, le premier ministre Justin Trudeau a promis que le gouvernement libéral enverrait aux provinces 140 millions de tests rapides. Ce serait quatre fois le nombre de tests rapides que le gouvernement fédéral a distribué en décembre — assez pour que chaque Canadien en ait un par semaine —, et ils doivent être distribués au prorata de la population.

Mais certaines provinces ont signalé que les livraisons ont mis du temps à arriver.

En Ontario, 4,6 millions des 54 millions de tests promis à la province par Ottawa sont arrivés, et 7,8 millions supplémentaires doivent être livrés. Il n’y a pas de calendrier pour les 42 millions de tests promis restants.

Mardi, le gouvernement du Québec s’activait à distribuer trois millions de tests rapides reçus d’Ottawa. Le ministère de la Santé n’avait pas répondu à une demande de La Presse Canadienne en ce qui a trait aux livraisons attendues d’Ottawa au moment d’écrire ces lignes.

Santé Manitoba affirme qu’Ottawa lui a indiqué que la province s’est vu allouer cinq millions de tests par mois. Un avis d’expédition récent a confirmé qu’elle recevrait un total de 700 000 tests en janvier. Elle en a reçu 132 000 à ce jour.

Le premier ministre du Manitoba et celui du Canada ont « également eu des discussions en décembre et encore cette semaine, au cours desquelles le premier ministre [du Manitoba] a souligné la nécessité de tests rapides supplémentaires » pour la province, indique un communiqué du ministère.

Le ministère de la Santé de la Colombie-Britannique affirme que la province a demandé plus de 19 millions de tests à Ottawa et « il n’y a aucune confirmation du gouvernement fédéral quant à la date à laquelle ils arriveront ».

La ministre fédérale de l’Approvisionnement, Filomena Tassi, a affirmé que la demande des provinces pour les tests avait considérablement augmenté depuis l’année dernière alors que le marché était devenu très concurrentiel.

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La ministre fédérale de l’Approvisionnement, Filomena Tassi

« Il y a des problèmes concernant la chaîne d’approvisionnement. Et ceux-ci sont liés à des problèmes de main-d’œuvre, des problèmes d’accès aux matières premières, ainsi que des avions-cargos et du transport », a-t-elle déclaré lors de la séance d’information fédérale sur la COVID-19 de mercredi à Ottawa.

Elle a indiqué que le gouvernement travaille avec 14 fournisseurs pour rassembler les tests promis d’ici la fin du mois.

« Nous allons continuer à travailler avec les fournisseurs pour nous assurer que s’il y a des choses, de la logistique, que nous pouvons aider en tant que gouvernement fédéral, nous sommes là pour aider ces fournisseurs à chaque étape du processus », a-t-elle ajouté.

Les États-Unis ont promis mercredi d’augmenter la disponibilité des tests rapides dans les écoles en en fournissant cinq millions chaque mois. Pour Anne Snowdon, professeure à l’Université de Windsor, qui étudie les systèmes de santé et les chaînes d’approvisionnement, les trousses de dépistage rapide sont le plus récent produit à atteindre le sommet de la demande mondiale durant la pandémie.

Le sous-développement de la chaîne d’approvisionnement des soins de santé et le manque de fabrication nationale sont à la base du problème, a-t-elle déclaré, ajoutant que le Canada était désavantagé par rapport à des marchés plus grands comme les États-Unis, alors que les pays se précipitaient pour trouver des fournisseurs.

« Maintenant, nous sommes dans cette transition chaotique consistant à trouver et à essayer de trouver n’importe quel fournisseur dans le monde qui pourrait avoir ce dont vous avez besoin. »

Le gouvernement fédéral a alloué 16,2 millions de tests à l’Alberta ce mois-ci, mais le médecin-hygiéniste en chef de la province, le Dr Deena Hinshaw, a tweeté mardi que la livraison de trousses de dépistage rapide à domicile que la province attendait accusait du retard d’Ottawa et des fabricants.

La Saskatchewan, quant à elle, a signalé mercredi que 525 499 des 4,3 millions alloués pour le mois étaient arrivés, et que 2,3 millions supplémentaires devaient être livrés.

En Nouvelle-Écosse, une porte-parole du gouvernement a déclaré que la province a reçu 700 000 des 3,6 millions de tests rapides qu’Ottawa a promis de livrer ce mois-ci, le reste devant arriver au cours des deux prochaines semaines « si les délais d’expédition et de logistique restent sur la bonne voie ».

Le ministère de la Santé de l’Île-du-Prince-Édouard a déclaré avoir demandé sa part complète de 560 000 tests ce mois-ci et en avoir reçu 80 000. Il affirme que des livraisons sont prévues pour 290 500 autres.

Les libéraux ont répété à maintes reprises que seule la vaccination, et non les tests rapides, permettra au Canada de traverser la pandémie. Le premier ministre Trudeau a réitéré ce point mercredi en critiquant le chef conservateur, Erin O’Toole, pour avoir déclaré que ceux qui ne sont toujours pas vaccinés devraient être autorisés à passer des tests rapides, plutôt que de perdre leur emploi ou d’être mis en congé, dans le cadre des politiques de vaccination obligatoire.

Pour leur part, les conservateurs affirment que le gouvernement Trudeau n’a pas fourni suffisamment de tests rapides et d’équipements de protection individuelle aux provinces, forçant nombre d’entre elles à rétablir des mesures de santé publique restrictives. Un meilleur accès à ces outils aurait aidé à gérer la propagation, soutiennent-ils.

« Ils ont échoué. Encore une fois », a tweeté mercredi le porte-parole conservateur en matière de Santé Luc Berthold.