Québec a rapporté dimanche 15 845 nouveaux cas de COVID-19, 13 morts de plus et des hospitalisations en hausse de 70 par rapport à la veille. Ces chiffres sont les contrecoups des rassemblements du réveillon, selon des experts, qui considèrent le nombre de cas comme sous-estimé.

Les 15 845 nouveaux cas rapportés dimanche portent la moyenne quotidienne à 13 976. La tendance est ainsi en hausse de 86 % sur une semaine.

Le nombre de cas est probablement plus élevé, le dépistage étant insuffisant. D’ailleurs, le taux de positivité est de 31 %, nettement au-delà du seuil de 5 % recommandé par l’Organisation mondiale de la santé.

« Ça va être important d’essayer de voir combien de cas on a eus et qui a réellement eu la COVID-19, pour étudier l’impact de la COVID longue, par exemple », soutient André Veillette, immunologiste à l’Institut de recherches cliniques de Montréal.

Certains malades utilisent des tests rapides seulement, d’autres se contentent d’attendre que les symptômes passent. Les personnes atteintes de la COVID-19 ne vont pas toutes passer un test PCR en clinique, les capacités de dépistage étant limitées. Le nombre officiel de cas ne correspond donc plus à la réalité, estime la Dre Maryse Guay, professeure à la faculté de médecine et des sciences de la santé de l’Université de Sherbrooke.

C’est seulement un morceau du puzzle. Il faut désormais se fier aux hospitalisations pour juger de l’évolution de la pandémie.

La Dre Maryse Guay, professeure à la faculté de médecine et des sciences de la santé de l’Université de Sherbrooke

Le nombre d’hospitalisations a augmenté. Au total, 1231 patients atteints de la COVID-19 sont à l’hôpital. C’est 70 de plus qu’au dernier bilan. Ce total d’hospitalisations représente une hausse de 116 % par rapport à la semaine dernière.

On compte actuellement 162 personnes aux soins intensifs, un bond de 9. En raison du nombre grandissant d’hospitalisations liées à la COVID-19, mais aussi « de la faible marge de manœuvre en matière de main-d’œuvre », le CHU de Québec reporte environ 300 interventions chirurgicales par semaine dans la mise en place d’un plan de contingence dès le 5 janvier.

Les activités du bloc opératoire du CHU seront réduites à 56 %. En ce qui concerne les soins ambulatoires, 50 % des rendez-vous en présence seront reportés, ou effectués en télémédecine. « Cela représente près de 10 000 consultations ou traitements qui seront reportés ou convertis en télémédecine par semaine », indique le CHU de Québec, par communiqué.

Les 13 morts supplémentaires portent la moyenne quotidienne à 11, en nette hausse depuis une semaine. C’est près de trois fois la moyenne observée la semaine dernière.

« Une décision politique »

La montée du nombre de cas et la hausse des hospitalisations sont les contrecoups des soirées des 24 et 25 décembre.

« Ne pas annuler Noël était une décision politique. Ça a rendu certaines personnes heureuses, mais on réalise maintenant qu’il y a un prix à payer », résume M. Veillette.

Aurait-on dû serrer la vis plus tôt ?

« C’est facile de dire ça, mais il faut garder un équilibre entre l’économie, la santé mentale des gens et la gestion de la pandémie », nuance la Dre Guay.

M. Veillette considère toutefois que le couvre-feu, l’interdiction de se rassembler en dehors de sa bulle familiale et le décalage de la rentrée scolaire sont des mesures efficaces.

On va éviter une autre augmentation. Si on avait laissé les rencontres continuer, dans cinq ou six jours, on aurait vu une répétition de la montée en flèche des hospitalisations.

André Veillette, immunologiste à l’Institut de recherches cliniques de Montréal

L’immunologiste suit de près l’entrée des enfants dans les garderies. « Ne pas faire tester les enfants avant la garderie, c’est pas la meilleure idée au monde. Je pense qu’il faut repenser ça. »

Isolement de cinq jours

La Colombie-Britannique, l’Alberta, la Saskatchewan, le Manitoba, le Nouveau-Brunswick et l’Ontario permettent désormais aux personnes entièrement vaccinées de s’isoler cinq jours au lieu de 14 jours après avoir contracté le virus. « La science en arrière de cette décision n’est pas très élaborée. Le recul avec Omicron est très restreint sur les risques de transmission passé cette période », tranche Maryse Guay.

Elle est d’avis que certains corps de métier où une rupture de service serait nuisible à la communauté, comme les premiers répondants, pourrait écourter leur isolement si nécessaire.

« Il faudrait faire des tests pour voir si le virus est viable passé cette période. Mais pour l’instant, je respecte cette prudence de ne pas aller de l’avant. »

Si on instaure un isolement de cinq jours, André Veillette préconise l’utilisation du masque de protection N95 pour minimiser les risques.

Il y a à travers la province 1539 éclosions actives.

Pour ce qui est de la vaccination, il n’y a pas de changement depuis le plus récent bilan. La part des Québécois ayant reçu une dose est de 84,9 %. Ils sont 77,8 % à avoir reçu leur deuxième dose. Jusqu’à présent, 16 % de la population au Québec a reçu sa troisième dose.

Avec Pierre-André Normandin et Coralie Laplante, La Presse