(Ottawa) Le Comité consultatif national de l’immunisation (CCNI) approuve le mélange de doses des deux types de vaccin contre la COVID-19 : il est sécuritaire de recevoir un Pfizer ou un Moderna en deuxième dose si l’on a reçu un AstraZeneca en première dose.

« Quand on regarde le risque de thrombose associé au vaccin AstraZeneca, on est mieux d’y aller avec un vaccin à ARN messager comme Pfizer-BioNTech ou Moderna pour la deuxième dose », explique en entrevue la présidente du CCNI, la Dre Caroline Quach.

La recommandation est notamment fondée sur l’étude clinique CombiVacS, menée à l’Institut de Santé Carlos III, en Espagne. Le comité attend toujours les résultats d’une plus vaste étude, Com-Cov, pilotée par l’Université d’Oxford, en Grande-Bretagne.

« On ne pouvait pas attendre, parce que les deuxièmes doses d’AstraZeneca sont dues maintenant, et il y a des gens qui voulaient savoir s’ils pouvaient donner autre chose ; il fallait qu’on soutienne les provinces en offrant une alternative », plaide la Dre Quach.

À noter que l’inverse n’est pas conseillé : une personne qui a reçu une première dose de Pfizer ou de Moderna peut se faire injecter une deuxième dose de l’un ou de l’autre de ces vaccins à ARN messager, mais pas du vaccin AstraZeneca, à vecteur viral.

Les recommandations du comité d’experts indépendants ne sont pas contraignantes ; il revient aux provinces et aux territoires de statuer sur ces questions. Du côté de Québec, le DHoracio Arruda, directeur national de la santé publique, l’a d’ailleurs rappelé.

« On avait déjà dit que les gens qui avaient reçu l’AstraZeneca, et qui ne voulaient pas recevoir un vaccin d’AstraZeneca comme deuxième dose, pourraient interchanger », a-t-il dit en conférence de presse aux côtés du premier ministre François Legault, mardi.

« C’est ce qui sera appliqué », a-t-il soutenu.

Programme mixte : pas nouveau

Plusieurs pays européens, dont le Danemark, la France et l’Allemagne, ont embrassé le calendrier mixte. « D’un point de vue sécuritaire, c’est correct », affirme la Dre Quach, pédiatre, microbiologiste-infectiologue et épidémiologiste au CHU Sainte-Justine.

Dans son avis, le CCNI écrit que le mélange de vaccins n’est pas « un concept nouveau », et que « des vaccins similaires provenant de différents fabricants sont utilisés lorsque l’approvisionnement en vaccins ou les programmes de santé publique changent ».

Cela s’est fait dans le cas de séries de vaccins contre la grippe, l’hépatite A, la rougeole… Si la question s’est posée pour les vaccins contre la COVID-19, c’est en raison des risques de caillots sanguins associés au vaccin d’AstraZeneca, dont l’incidence est à la hausse.

« Au départ, on avait des taux d’un cas sur un million pour la deuxième dose, et là, on en est à un sur 600 000. C’est difficile de dire, pour le moment, si ça va se stabiliser ou si ça va monter encore », indique la Dre Quach.

Et les effets secondaires ? C’est que bon nombre des récipiendaires de la première dose d’AstraZeneca en ont subi de brutaux, et normalement, ils devaient être épargnés pour la seconde, alors qu’en ce qui a trait aux vaccins ARN messager, le contraire se produit.

Les données espagnoles tendent à démontrer qu’en modifiant son régime vaccinal, les effets secondaires sont relativement tolérables : maux de tête, fatigue, frissons, légères nausées. Mais là encore, la tant attendue étude britannique devrait en dire davantage.

Peu d’AstraZeneca à l’horizon

Le gouvernement fédéral s’attend à recevoir 1 million de doses du vaccin d’AstraZeneca en provenance des États-Unis d’ici la fin juin, selon ce qu’a annoncé vendredi passé la ministre des Services publics et de l’Approvisionnement, Anita Anand. Depuis le début de la campagne, 2,9 millions de doses d’AstraZeneca ont été livrées au Canada.

Mais des dizaines de milliers n’ont pas été administrées, la vaste majorité des provinces ayant mis le holà sur leur injection en première dose, en raison des risques de thromboses.

Sinon, le marché canadien est inondé de vaccins à ARN messager depuis le début du printemps, et ce sera le cas pour les mois de juin et juillet. Cette semaine, les arrivages atteindront près de 3 millions de doses, soit environ 2,4 millions de Pfizer, et 500 000 de Moderna.

L’administration des premières doses du vaccin va bon train au Canada, après un départ un peu laborieux. Les autorités sanitaires et gouvernementales ne sont toutefois pas sur le point de crier victoire, et appellent la population à aller jusqu’au bout de la série de deux doses de vaccination.