Le ministre de la Santé, Christian Dubé, a clarifié lundi les directives entourant l’administration de la deuxième dose du vaccin d’AstraZeneca. Si certaines personnes ont obtenu leur deuxième dose du vaccin cette fin de semaine au Palais des congrès de Montréal, alors que huit semaines ne s’étaient pas écoulées depuis leur première dose, « à partir de maintenant, ça va être huit semaines », a dit M. Dubé en conférence de presse lundi après-midi.

La semaine dernière, Québec avait annoncé qu’il fixait à huit semaines le délai entre les deux doses du vaccin d’AstraZeneca. M. Dubé a expliqué que selon les experts, ce délai est celui qui offre la meilleure protection.

Le 26 mai, dans une lettre au directeur national de Santé publique, le CIQ s’est prononcé sur la possibilité d’accélérer la distribution des deuxièmes doses dans un contexte où des doses du vaccin AstraZeneca sont désormais disponibles. Le CIQ rappelait que l’intervalle minimal sur lequel était basé l’autorisation du vaccin était de quatre semaines, mais qu’il estimait qu’un intervalle de huit semaines était préférable « pour obtenir une protection supérieure ».

Lundi, le directeur national de la Santé publique, le DHoracio Arruda, a ajouté des précisions pour appuyer le respect d’un intervalle d’au moins huit semaines. « L’Organisation mondiale de la santé suggère d’ailleurs également un intervalle allongé d’au moins huit semaines. Rappelons également que l’efficacité demeure toutefois plus élevée avec un intervalle de plus de 12 semaines entre les deux doses du vaccin d’AstraZeneca. »

En appui à ses recommandations, le CIQ a mentionné une étude clinique citée en avril dans les recommandations de l’Organisation mondiale de la santé. Selon cette étude, l’efficacité du vaccin a été établie à 70 % avec un intervalle de 9 à 12 semaines et de 56 % avec un intervalle de 4 à 8 semaines.

PHOTO JACQUES BOISSINOT, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Le directeur national de la Santé publique, le DHoracio Arruda.

Une application variable selon les centres

Depuis le début de l’administration de la deuxième dose du vaccin AstraZeneca samedi, une certaine confusion régnait sur les personnes admissibles. Au centre de vaccination sans rendez-vous du Palais des congrès de Montréal, des personnes qui avaient reçu leur première dose depuis 28 jours a pu recevoir sa seconde dose. Par contre, à celui du Stade olympique, seules les personnes qui avaient reçu leur première dose avant le 3 avril pouvaient recevoir la seconde dose. Les personnes qui avaient été vaccinées entre 28 jours et huit semaines recevaient une seconde dose seulement s’il en restait à distribuer en fin de journée.

L’avis transmis aux responsables de la vaccination par le MSSS indiquait que l’intervalle minimum de 28 jours devait être réservé aux « cas exceptionnels ». « Pour ces cas exceptionnels, il faudra s’assurer d’informer la personne que l’efficacité risque d’être inférieure à celle obtenue avec un intervalle de 8 à 12 semaines et que les effets secondaires sont plus fréquents lorsque l’intervalle est plus court. »

Ce qui, semble-t-il, n’a pas nécessairement été expliqué aux personnes qui ont obtenu leur deuxième dose avant huit semaines, selon des témoignages recueillis par La Presse. « J’ai posé des questions, on m’a juste dit : 28 jours, 8 semaines, c’est pareil », dit une Montréalaise qui a reçu sa deuxième dose cinq semaines après la première au Palais des congrès. Une autre Montréalaise, Marie-Pierre Bouchard, qui a reçu sa deuxième dose au Stade olympique, dit ne pas avoir été informée de l’efficacité inférieure de l’intervalle de cinq semaines. « Pourtant, ce sont des choses importantes à savoir », dit-elle.

Mais malgré cette efficacité moins optimale, les personnes qui ont reçu une deuxième dose avant huit semaines sont considérées comme étant « adéquatement vaccinées », dit le DNicholas Brousseau, président du Comité sur l’immunisation du Québec. « Les deux doses sont valides. Le seul élément, c’est qu’il se pourrait que leur protection soit un peu moins élevée contre toute infection. » Ces personnes restent protégées contre les complications les plus graves, soient celles qui causent l’hospitalisation ou le décès, dit le DBrousseau. « Mais il se pourrait que pour éviter toute maladie légère, la protection soit un peu plus faible. »

« L’efficacité maximale semble être atteinte avec un délai de 12 semaines », note Alain Lamarre, professeur et chercheur en immunologie et en virologie à l’Institut national de la recherche scientifique (INRS). « À huit semaines, c’est encore acceptable. Mais quatre semaines ? Je ne vois pas le besoin d’aller se faire vacciner tout de suite. Surtout que la protection d’une seule dose est très bonne avec ce vaccin, et qu’elle ne diminue pas beaucoup entre les deux doses. »

S’il est toujours recommandé de recevoir une deuxième dose du même vaccin, le MSSS a déjà indiqué qu’il permettra aux personnes qui ont reçu le vaccin AstraZeneca en première dose de recevoir l’un des deux vaccins à ARNm (Pfizer ou Moderna) comme seconde dose. Quelque 500 000 personnes ont été vaccinées avec AstraZeneca.