(Ottawa) Le fédéral n’est pas encore prêt à dispenser les voyageurs aériens de l’obligation de s’isoler en quarantaine à l’hôtel ; il souhaite consulter les provinces et les territoires avant de faire son lit. Entre-temps, sur le terrain, les voyants épidémiologiques et vaccinaux laissent présager un bel été, constate-t-on tant à Ottawa qu’à Québec.

L’enjeu du contrôle des frontières, qui a causé tant de maux de tête au gouvernement Trudeau depuis le début de la pandémie, est revenu sur le tapis vendredi, après qu’un comité de scientifiques eut publié un rapport recommandant aux libéraux de jeter cette mesure aux ordures.

La ministre de la Santé du Canada, Patty Hajdu, a usé de prudence au moment d’y réagir en conférence de presse. Elle a indiqué que la quarantaine obligatoire resterait en place jusqu’à nouvel ordre, mais que le comité venait de fournir une « feuille de route » que le gouvernement allait étudier.

Car avant de statuer sur ce dossier « sensible » et « litigieux », il est impératif d’avoir des discussions avec les provinces et les territoires, a déclaré la ministre. L’administratrice en chef de l’Agence de la santé publique du Canada (ASPC), la Dre Theresa Tam, a opiné et ajouté qu’elle aussi en parlait avec ses homologues provinciaux et territoriaux.

Dans un rapport publié jeudi, le Comité consultatif d’experts sur les tests et le dépistage de la COVID-19 a conseillé l’abandon de l’obligation de séjourner à l’hôtel pendant trois jours, au plus, pour les voyageurs aériens.

Parmi les motifs invoqués : la mesure est « coûteuse à faire respecter », « offre aux voyageurs la possibilité de la contourner en payant une amende », en plus d’être « incohérente avec la période d’incubation du virus ».

La contrainte est en vigueur depuis la fin du mois de février. Le gouvernement Trudeau l’avait décrétée après avoir subi d’intenses pressions, notamment de la part du Québec et de l’Ontario. Elle a été prolongée jusqu’au 21 juin. Parmi les facteurs que le fédéral gardera à l’œil avant de prendre une décision figure évidemment la vaccination.

À ce chapitre, la ministre des Services publics et de l’Approvisionnement, Anita Anand, a réitéré que tous les Canadiens admissibles au vaccin aient accès à leur deuxième dose de vaccin d’ici la fin de l’été. En ce qui a trait à la situation épidémiologique au Canada, il y a de quoi être optimiste : « Nous avons vraiment franchi le pic de la troisième vague », a affirmé la Dre Tam en présentant les plus récentes projections fédérales, vendredi.

Vers un été « encourageant » ?

Au Québec, si les habitants respectent le plan de déconfinement et qu’une forte participation à la vaccination s’observe à tous les âges, l’été promet d’être « encourageant », a prévenu vendredi l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ).

Une adhésion forte aux mesures lors du déconfinement permettrait de réduire les cas, les décès et les hospitalisations avec une couverture vaccinale […] d’environ 83 % [avec au moins une dose de vaccin].

Le DMarc Brisson, professeur à l’Université Laval et responsable des projections

La province verrait alors une « réduction des cas jusqu’en juillet », avec une accélération de cette diminution au moment de la fin de l’année scolaire. À l’inverse, toutefois, une adhésion moyenne aux mesures – si les habitants « devancent le plan de déconfinement » – « pourrait occasionner une augmentation des cas d’ici la fin de juin, particulièrement chez les jeunes d’âge scolaire et chez les adultes non vaccinés », a soutenu le DMarc Brisson, professeur à l’Université Laval et responsable de ces projections. S’en suivrait alors une hausse des hospitalisations.

« Si on a des effets saisonniers sur la transmission, la réalité pourrait être plus optimiste que notre situation d’adhésion forte. Par contre, si on a une arrivée des variants plus préoccupants, on pourrait avoir une réalité plus pessimiste », a précisé le DBrisson. Selon lui, depuis janvier, « il semble qu’on soit vraiment dans une adhésion forte au Québec, mais tout peut changer avec le déconfinement ».

La Dre Jocelyne Sauvé, médecin spécialiste et vice-présidente aux affaires scientifiques à l’INSPQ, abonde dans son sens.

Le plan de déconfinement pourrait bien fonctionner, pourvu que la population suive sa vitesse et ne devance pas ce qui est mis sur la table. Sinon, on pourrait se ramasser avec une recrudescence de cas d’ici la fin de l’année.

La Dre Jocelyne Sauvé, médecin spécialiste et vice-présidente aux affaires scientifiques à l’INSPQ

« Il faut adhérer aux mesures, et aller chercher les deux doses. Avec ces ingrédients, si on n’a pas la malchance d’être frappé par un variant qui fait de l’échappement vaccinal, […] on pense qu’on n’aura pas de quatrième vague », a dit la Dre Sauvé. L’INSPQ a confirmé vendredi que 25 cas du variant dit indien avaient été détectés au Québec jusqu’ici. « Pour l’instant, nous n’avons pas de signe de circulation communautaire accélérée du variant », a indiqué la Dre Sauvé, en précisant que la majorité des cas proviennent toujours de voyageurs.

Un bilan en baisse

La tendance à la baisse des nouveaux cas de COVID-19 s’est poursuivie vendredi au Québec, alors que la province a recensé 419 infections et trois décès supplémentaires. Les 419 nouveaux cas portent à 418 la moyenne quotidienne calculée sur sept jours. La tendance est à la baisse de 36 % depuis une semaine. Les trois décès, eux, portent la moyenne hebdomadaire à six par jour. Ceci marque une légère baisse par rapport à la semaine dernière. Ces trois décès se répartissent dans trois régions : le Bas-Saint-Laurent, la Capitale-Nationale et la Montérégie.

  • COVID-19 : cas confirmés au Québec

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  • COVID-19 : hospitalisations au Québec

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  • COVID-19 : morts quotidiennes au Québec

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  • COVID-19 : prélèvements réalisés au Québec

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    COVID-19 : prélèvements réalisés au Québec

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La diminution du nombre d’hospitalisations s’est aussi poursuivie, avec une baisse de 9 ; 385 patients sont hospitalisés en lien avec le virus, dont 91 se trouvent aux soins intensifs, une baisse de 5.

Globalement, la tendance est à la baisse dans toutes les régions. Statistiquement, cinq d’entre elles se trouvent en zone orange (entre 6 et 10 cas pour 100 000 habitants), dont Montréal et Laval. Huit autres affichent des taux de propagation de seuil jaune (entre 2 et 6 cas pour 100 000 habitants) et trois, vert (moins de 2 cas pour 100 000 habitants).

Avec Pierre-André Normandin, La Presse