Le Canada a atteint samedi un plateau encourageant : 50 % de l’ensemble de sa population a reçu une première dose de vaccin contre la COVID-19.

Si ce seuil est encore largement insuffisant pour la levée massive des restrictions en matière de santé publique, certains experts en épidémiologie et maladies infectieuses commencent à se sentir plus optimistes.

Raywat Deonandan, de l’Université d’Ottawa, en est un exemple. L’épidémiologiste de l’Université d’Ottawa, dit « ne pas pouvoir cacher sa joie » devant la baisse du nombre de cas, des décès et des hospitalisations dans la majeure partie du Canada et la progression de la campagne de vaccination.

« C’est une étape importante, lance-t-il. C’est comme si nous avions passé un point important dans un marathon et que nous pouvons presque voir la ligne d’arrivée. Et même si nous sommes tous fatigués, nous allons amorcer ensemble un sprint jusqu’au bout. »

Après un lent départ en avril, la campagne de vaccination a atteint un rythme endiablé en mai. La semaine dernière seulement, plus de 370 000 doses ont été administrées en moyenne chaque jour au pays.

Un grand nombre de Canadiens veulent être inoculés, certains ont même patienté de nombreuses heures, malgré des temps incléments, à l’extérieur des cliniques temporaires de vaccination.

« Cela signifie que les gens veulent s’en sortir et qu’ils veulent contribuer pour s’en sortir, dit M. Deonandan. Je suis très optimiste et beaucoup de scientifiques qui surveillent les données sont également optimistes. »

Plusieurs experts continuent de prôner la prudence dans les mesures de déconfinement, rappelant que la moitié de la population, elle, n’est pas encore vaccinée.

Selon Santé Canada, il faudrait atteindre qu’au moins les trois quarts des Canadiens admissibles — les 12 ans et plus — aient reçu au moins une dose et qu’une personne sur cinq aient été complètement inoculés avant d’assouplir les mesures de santé publique. Moins de 5 % des Canadiens avaient reçu vendredi les deux doses de vaccin.

Keith Dobson, un professeur de psychologie à l’Université de Calgary, exprime lui aussi un optimisme accru sur la possibilité de voir le pays revenir bientôt à une relative normalité. Toutefois, il y a encore du travail à faire, prévient-il.

Le Pr Dobson croit que ce seuil de 50 % est psychologiquement important. Il le compare à un second souffle au milieu d’une course où au moment où on constate que les mois d’entraînement commencer à porter leurs fruits.

Nous savons, d’après les études sur le comportement humain, que lorsque les gens se rapprochent d’un objectif, généralement leur énergie augmente, et c’est ce que nous constatons. La clé, bien sûr, est de ne pas s’épuiser avant d’y arriver. Nous devons donc continuer à travailler dur pour atteindre notre objectif.

Keith Dobson, professeur de psychologie à l’Université de Calgary

Steve Joordens, un expert en psychologie de l’Université de Toronto, affirme que les vaccins ont renouvelé l’espoir chez beaucoup de gens.

Pourtant, prévient-il, certains pourraient ne pas partager cet optimisme après avoir surmonté plusieurs cycles de confinement/déconfinement. La menace des nouvelles variantes résistantes aux vaccins est une autre inconnue qui provoque de l’anxiété, ajoute-t-il.

Selon lui, la situation actuelle est différente de celle des vagues passées. Il constate une plus grande cohésion parmi la population, comme jamais depuis le début de la pandémie.

« Ce jalon de 50 % est important parce que nous sommes à mi-chemin, souligne M. Joordens. La majorité marche du même pas. On constate que l’on travaille vraiment en équipe pour vaincre le virus. »