Pour la première fois depuis octobre, Montréal a vu son nombre de cas baisser suffisamment pour prétendre être rétrogradé en zone orange. Mais malgré une situation sanitaire qui s’améliore nettement et la vaccination qui progresse bien, la direction régionale de santé publique de Montréal joue de prudence et indique que la métropole devra enregistrer « deux semaines d’indicateurs stables de niveau orange » avant de passer en zone orange.

Mardi, le directeur national de santé publique, le DHoracio Arruda, annonçait que plusieurs régions passeraient en zone orange le 31 mai. « Puis on pense sincèrement, là, compte tenu du comportement des individus, les tendances qui sont à la baisse, que même des régions comme Montréal, Laval vont pouvoir atteindre ça », disait le DArruda. Ce dernier précisait toutefois que « tout va dépendre de l’épidémio[logie] ».

De fait, la métropole est passée sous le seuil des 10 nouveaux cas par 100 000 habitants. Avec 162 nouveaux cas rapportés mercredi, Montréal a vu son taux de propagation tomber à 9,8 nouveaux cas par 100 000 habitants. L’île sort ainsi statistiquement de la zone rouge pour passer en zone orange pour la première fois depuis octobre. À noter, il s’agit strictement d’un seuil statistique, le gouvernement maintenant Montréal au niveau rouge pour le moment.

Questionnée sur le passage annoncé de Montréal en zone orange le 31 mai à Radio-Canada mercredi matin, la directrice régionale de santé publique de Montréal s’est montrée prudente : « Je n’ai pas de date. » La Dre Mylène Drouin a souligné que la courbe des nouveaux cas avait eu tendance à baisser moins rapidement pour la métropole depuis le début de la pandémie et a dit vouloir éviter de « faire le yoyo » avec les mesures sanitaires.

Invitée à préciser cette pensée, la Direction régionale de santé publique de Montréal a indiqué que la Dre Drouin est « optimiste » de pouvoir faire passer Montréal en zone orange le 31 mai. Mais « la région de Montréal est encore en zone rouge depuis deux semaines et la baisse est très lente. Si nous passons au palier orange, ce sera après avoir eu des indicateurs stables de niveau orange pendant 14 jours », explique le porte-parole, Éric Forest.

Professeure à l’École de santé publique de l’Université de Montréal, Roxane Borgès Da Silva estime que cette approche est la bonne. « En zone orange, on augmente les contacts sociaux », rappelle-t-elle.

Si les indicateurs sanitaires sont « à la frontière entre l’orange et le rouge » et que Montréal bascule en zone orange, « le risque est de retomber rapidement en zone rouge », affirme Mme Da Silva.

Professeur à la faculté de médecine de l’Université de Montréal, le DAndré Veillette croit que le gouvernement a annoncé une date « pour donner quelque chose de concret à la population », qui le réclamait. Mais il est sûr que le gouvernement analysera précautionneusement la situation sanitaire avant de faire basculer les régions en zone orange. « Il ne faut pas oublier que les variants sont toujours là. Et que nous sommes partiellement vaccinés », dit-il.

La décision de faire passer une région en zone rouge, orange ou jaune est discutée de façon conjointe entre les directions régionales et la direction nationale de santé publique du Québec « suite à l’analyse de la situation épidémiologique de la région », indique M. Forest, qui ajoute que « la décision finale appartient au gouvernement qui en fait l’annonce ».

La zone de mesures spéciales passera au rouge

Les mesures d’urgence seront finalement levées dès lundi prochain dans le Bas-Saint-Laurent, en Chaudière-Appalaches et en Estrie, a confirmé mercredi soir le gouvernement Legault, « à la suite de discussions » avec la Santé publique.

C’est donc dire que l’ensemble des municipalités qui étaient toujours en zone de mesures spéciales passeront en zone rouge, dès le 24 mai. La situation concernait la MRC du Granit, en Estrie, mais aussi les MRC des Etchemins, de Beauce-Sartigan et de Robert-Cliche, en Chaudière-Appalaches.

Dans le Bas-Saint-Laurent, les MRC de Kamouraska, de Témiscouata, de Rivière-du-Loup et des Basques passeront aussi au palier d’alerte rouge.

Par voie de communiqué, le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) a rappelé que « l’objectif de ces mesures sanitaires exceptionnelles était de ralentir la transmission en limitant au maximum les contacts non nécessaires dans certains secteurs ciblés ». Comme « l’amélioration notable de la situation épidémiologique devrait se poursuivre » dans les prochaines semaines, il n’était plus nécessaire de maintenir ces mesures, laisse-t-il entendre.

Du jamais-vu depuis octobre

La situation sanitaire continue aussi de s’améliorer au Québec. La province a rapporté mercredi 584 nouveaux cas et 8 décès supplémentaires. Avec 466 personnes hospitalisées au Québec (dont 113 aux soins intensifs), les hôpitaux québécois n’avaient pas eu à traiter aussi peu de patients de la COVID-19 depuis octobre.

Le Québec vient en effet de passer sous le seuil enregistré en mars, durant l’accalmie observée entre les deuxième et troisième vagues.

Les 584 nouveaux cas portent à 683 la moyenne quotidienne calculée sur sept jours.

Des huit décès rapportés mercredi, trois sont survenus dans Chaudière-Appalaches et deux à Montréal. Trois régions rapportent un décès chacune, soit la Capitale-Nationale, les Laurentides et la Montérégie.

La vaccination continue à progresser rapidement. Le Québec rapporte que 74 310 doses ont été administrées mardi, pour un total de 4,5 millions depuis le début. Ainsi à ce jour, 49,9 % de la population québécoise a reçu au moins une première dose. La proportion grimpe à 61,4 % si on tient uniquement compte des adultes. Le grand patron de la vaccination au Québec, Daniel Paré, s’est par ailleurs fait vacciner mercredi à la clinique Desjardins, comme l’a annoncé le ministre de la Santé, Christian Dubé, sur Twitter.