(Montréal) « Le Canada a complètement raté le virage des tests rapides », estime le chef de la Division des maladies infectieuses de l’Hôpital général juif de Montréal, Dr Karl Weiss.

C’est l’un des constats qu’il a partagés jeudi lors d’une vidéoconférence avec la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM).

Le docteur Weiss reconnaît que ces tests rapides ne sont pas aussi efficaces que ceux utilisés à l’hôpital. Il croit toutefois que ceux-ci « auraient dû être utilisés de façon plus massive dans les provinces ».

Ces tests fonctionnent moins bien sur les personnes asymptomatiques, a-t-il donné en exemple.

Or, même si ceux-ci ont leurs limites, il est d’avis qu’on aurait pu leur faire une plus grande place pour dépister les gens dans les écoles ou les entreprises et ainsi freiner la propagation dans certains milieux.

« C’est une leçon à tirer pour le futur », a fait remarquer l’infectiologue.

Il est également d’avis que les difficultés d’approvisionnement et de logistique entourant les vaccins font partie des choses qui ont nui au Canada.

En ce sens, Dr Weiss indique qu’il est important que le pays développe sa propre capacité de production.

Situation à l’échelle mondiale

En revanche, « le Canada n’est pas le pire pays du G7 » dans sa gestion de la pandémie, nuance l’expert.

Le couvre-feu instauré au Québec a permis de garder la province en bonne posture comparativement à l’Ontario où les terrasses des restaurants étaient même ouvertes durant une brève période.

Il rappelle que l’Ontario a néanmoins fait bonne figure durant la première et deuxième vague. Les Maritimes, qui ont conservé leur bulle, s’en sont aussi bien tirées.

Il y a de bonnes raisons de s’emballer quand on regarde du côté des campagnes de vaccination au Royaume-Uni, en Israël et aux États-Unis, mais le Dr Weiss appelle à la prudence.

Celui qui est aussi président de l’Association des médecins microbiologistes infectiologues du Québec a fait référence au Chili qui avait procédé à un déconfinement rapide, encouragé par le succès de sa campagne de vaccination massive.

Ce pays d’Amérique latine a toutefois vu les cas remonter en flèche, notamment au sein des populations plus jeunes.

Selon lui, les plans de réouverture annoncés par différents pays sont des choix politiques qui ne sont pas toujours basés sur la science.

« Les gens sont en train d’apprendre à planifier l’avenir et à trouver l’équilibre », a-t-il souligné.

Ce qui est important puisque contrairement à la variole qui ne touchait que les humains et qui a « complètement été éradiquée en 1977 », le coronavirus peut être transmis par les animaux. Des foyers pourraient donc continuer d’émerger, prévient le médecin.