Québec lance une offre de service « de première ligne » pour traiter la « COVID longue », en vertu d’un partenariat entre le CISSS de la Montérégie-Ouest et l’Université de Sherbrooke. Une somme de 1,3 million est réservée au projet, une première dans la province.

« On estime qu’environ 20-30 % des personnes ayant eu la COVID-19 présenteront au moins un symptôme au-delà de quatre semaines et que certains symptômes persisteront pendant plus de 12 semaines chez environ 10 % des personnes », a indiqué le directeur général adjoint à la Santé physique du CISSS, Philippe Besombes, dans un briefing technique en matinée.

Les effets les plus fréquents sont de la fatigue, de l’essoufflement, des troubles de mémoire ou de concentration, de l’anxiété ou la dépression. Pour M. Besombes, cette annonce est « extraordinaire », puisqu’elle permettra aux personnes qui souffrent de la COVID longue d’avoir accès à une offre de services. « On peut ainsi leur donner espoir que leur qualité de vie pourra être améliorée », dit-il.

Simon Décary, chercheur au Laboratoire de recherche sur la réadaptation axée sur le patient (LRRAP) de l’Université de Sherbrooke, affirme que les victimes de la COVID longue « vivent une situation d’handicap qui impacte leur qualité de vie ».

Nous travaillons avec ces personnes depuis plusieurs mois. Leur récupération est complexe. Et nous savons qu’ils peuvent faire des rechutes.

Simon Décary, chercheur à l’Université de Sherbrooke

« Les demandes de consultation seront analysées par des professionnels spécialement formés. Ils rencontreront les patients, notamment en télé-soins, pour les évaluer et discuter de leur état de santé. Certains nécessiteront ensuite l’accès à une équipe interdisciplinaire », insiste M. Décary, précisant qu’une cinquantaine de professionnels seront formés. « Les cliniques post-COVID n’ont pas la capacité de référer à des professionnels de la santé. C’est cet écart qu’on vient combler avec notre projet. »

Pour l’heure, seuls les résidants du territoire de la Montérégie-Ouest pourront s’inscrire au programme, dès jeudi, via le site de Santé Montérégie. Il est également possible de composer le 1-844-699-6598 pour obtenir plus d’informations. « Les patients devront présenter au moins trois symptômes de la COVID longue, et trois semaines devront s’être écoulées entre le moment de l’infection et le moment de la demande », a rappelé la conseillère au développement des outils cliniques au CISSS de la Montérégie-Ouest, Annik Jobin.

« On va essayer de débuter les traitements au plus tard dans les trois ou quatre prochaines semaines. Mais ça va commencer dès cette semaine pour recevoir les demandes et faire les évaluations », affirme de son côté la directrice de la qualité et évolution de la pratique du CISSS, Sophie Poirier.

« Encore trop peu connue »

« La forme longue de la COVID-19 est encore trop peu connue et nous disposons de peu de données sur le sujet, mais des gens en sont affectés et nous nous devons de leur offrir le soutien dont ils ont besoin pour se rétablir », a indiqué le ministre de la Santé, Christian Dubé, en annonçant la mise sur pied du projet.

Pour l’élu, il presse en effet de développer une expertise « au bénéfice des personnes aux prises avec des symptômes non seulement persistants, mais aussi parfois invalidants ». L’équipe derrière le projet sera entre autres composée de physiothérapeutes, mais aussi d’ergothérapeutes, de travailleurs sociaux et de neuropsychologues.

« Nous pouvons être fiers de ce projet développé ici, en Montérégie, le premier du genre au Québec. […] De nombreuses personnes auront des symptômes se prolongeant parfois plus de six mois après la maladie, et nous ne les oublions pas », a aussi souligné le ministre responsable de la Montérégie, Simon Jolin-Barrette.

Québec affirme que « d’autres initiatives sont en développement » ailleurs dans la province. « Plusieurs régions sont déjà prêtes. Le CISSS de la Montérégie-Ouest sera le leader, mais nous sommes confiants de pouvoir cette innovation à l’échelle du Québec au cours de l’été », a indiqué le chercheur Simon Décary, qui dit déjà être en contact avec « 2-3 directeurs d’autres CIUSSS ».