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Depuis qu’il a reçu la première dose de son vaccin Pfizer, en mars, Tony Ravenda sait qu’il ne sera pas disponible pour le rendez-vous qu’on lui a assigné pour recevoir la deuxième dose, au début de juillet.

Alors, toutes les deux semaines, le septuagénaire montréalais téléphone au numéro qui lui avait été fourni pour changer la date — le 1 877 644-4545, le numéro de Services Québec. Et depuis cette semaine, enfin, l’option convoitée est annoncée sur le menu enregistré : « Si la modification concerne un rendez-vous pour une deuxième dose, faites le 2 ».

Mais M. Ravenda a rapidement déchanté. « On nous demande pourquoi on veut annuler. On leur répond que c’est parce qu’on ne sera pas en ville à cette date. On nous dit alors qu’il faudra rappeler à notre retour en ville, en juillet, pour prendre un nouveau rendez-vous. »

« J’ai 70 ans, je suis quand même dans un groupe à risque, et on attend notre deuxième dose depuis déjà plusieurs semaines… Et là, je devrai reprendre en juillet un nouveau rendez-vous qui reportera la deuxième dose de deux ou trois mois ? Ce n’est pas logique, ce serait si simple de pouvoir le faire maintenant. »

En avril, en réponse à des lecteurs qui se posaient la question, le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) promettait qu’un mécanisme de changement de date allait être mis en place pour permettre le déplacement d’un rendez-vous de deuxième dose. Après la publication de l’article, des lecteurs nous avaient signalé qu’ils avaient pu facilement faire changer la date en contactant directement le CIUSSS de leur région.

Mais désormais, nous écrit le MSSS, « la gestion des modifications-déplacements des rendez-vous 2e doses est centralisée via le 1 877 644-4545 ».

Et ces modifications sont effectuées « selon des critères précis », avertit le MSSS. « En effet, le déplacement du rendez-vous n’est possible que pour raison exceptionnelle liée à la santé, au travail ou au déménagement. »

Et une virée à l’autre bout de la province, même si le séjour a été réservé depuis longtemps, ne fait pas partie des « critères précis » acceptés par le Ministère pour changer un rendez-vous.

Un peu d’espoir

Tony Ravenda est loin d’être le seul dans cette situation — notre boîte de messagerie compte des dizaines de témoignages de lecteurs dans la même situation.

La stratégie de vaccination du MSSS est toujours la même : donner une première dose de vaccin au plus grand nombre possible de personnes selon les groupes prioritaires et les tranches d’âge, et administrer la deuxième dose après 112 jours. Il n’est généralement pas possible de devancer son rendez-vous de deuxième dose.

Mais quel est le risque d’attendre plus de 112 jours avant de recevoir la deuxième dose ? « L’immunité de la première dose ne s’écroule pas du jour au lendemain », précise la Dre Marie-France Raynault, cheffe du département de médecine sociale et préventive du Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM). « La première dose offre le gros de la protection. »

Néanmoins, « je trouve important de prendre sa deuxième dose au plus tôt », dit la Dre Raynault. Même avis du DGaston De Serres, de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ).

Si on fait partie des quelques personnes que la première dose n’aura pas assez protégées, on pourrait attraper la COVID-19. Mais c’est un risque qui sera moins élevé si la transmission est plus faible en été.

Le DGaston De Serres, de l’INSPQ

La bonne nouvelle, soulignent les experts, c’est que si les promesses de livraisons de vaccins se réalisent, il est bien possible que les deuxièmes doses puissent être administrées plus rapidement que prévu. Encore mieux : la possibilité de changer le lieu du rendez-vous est également sur la table. « Mais évidemment, tant que les vaccins ne sont pas dans les frigos, le Ministère ne peut pas en faire l’annonce », ajoute la Dre Raynault.

Plusieurs éléments devront être pris en compte dans la décision du MSSS, dit le pharmacien Benoît Morin. « Quelle sera la disponibilité des vaccins ? Est-ce qu’on continuera de donner de l’AstraZeneca en deuxième dose ? Est-ce que le vaccin à une dose de Johnson & Johnson permettra de libérer des plages de deuxième dose ? », énumère-t-il.

À ses clients qui lui demandent de changer la date de la deuxième dose, le pharmacien Morin doit actuellement opposer un refus. « On donne un rendez-vous après 112 jours, et on n’a pas la consigne de pouvoir changer cette date », dit-il. Mais il a bon espoir que plus les dates de rendez-vous de deuxième dose approcheront, plus il sera facile de choisir une plage horaire différente. « Je ne suis pas inquiet. On va s’arranger pour que tout le monde reçoive sa deuxième dose. »

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