La manifestation contre les mesures sanitaires qui doit se tenir samedi au Stade olympique a été vivement dénoncée vendredi par des élus à Québec et à Ottawa. Le gouvernement Legault affirme que des rendez-vous de vaccination devront être « condensés ».

« C’est extrêmement dommage. On respecte le droit de manifester, mais vacciner est la priorité. On continue les opérations », a indiqué sur Twitter le ministre de la Santé, Christian Dubé. Il affirme du même coup que « les rendez-vous ont été condensés avant 10 h et déplacés dans d’autres cliniques ». « Les équipes se sont réorganisées, car on a la capacité », assure le ministre Dubé.

Au CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal, le porte-parole Christian Merciari précise que « le petit volume de vaccins disponibles samedi jumelé à la faible demande de rendez-vous nous a permis de concentrer nos rendez-vous en matinée et ainsi de nous ajuster au contexte entourant la manifestation ». Selon nos informations, la réorganisation concerne une cinquantaine de personnes. Aucun rendez-vous n’aurait été annulé ; on leur a plutôt proposé de déplacer leur rendez-vous en matinée, ou d’aller ailleurs.

Mardi, l’Assemblée nationale a adopté à l’unanimité une motion en appelant « au sens des responsabilités » de tous et demandant que « le droit de manifester ne s’exerce pas à l’encontre du droit à la santé et la sécurité du personnel soignant et des usagers et usagères des centres de vaccination ». Elle a demandé que les citoyens exercent ce droit « dans le respect de toutes les mesures sanitaires en vigueur tel que recommandé par la Santé publique », selon le libellé de la motion.

Cette motion était une initiative du député d’Hochelaga-Maisonneuve Alexandre Leduc. Il suggérait aux manifestants de se rendre ailleurs qu’au Stade. « Ça ne rend pas sécuritaires les environs pour les travailleuses et les travailleurs, pour les personnes qui veulent aller se faire vacciner. Ils ont le droit d’y aller en paix, en santé et en sécurité », a fait valoir l’élu de Québec solidaire. Il ajoutait que les organisateurs de la manifestation « se trompent de cible ».

Trudeau s’inquiète

PHOTO BLAIR GABLE, REUTERS

Justin Trudeau

En conférence de presse à Ottawa, le premier ministre Justin Trudeau a affiché sa déception par rapport à la tenue de cette manifestation, vendredi midi. « C’est profondément désolant de voir des gens réagir comme ça », a-t-il lâché. Le chef libéral ne s’est par ailleurs pas privé de souligner l’ironie de la chose.

Malheureusement, les gens qui se rassemblent pour manifester sont en train de contribuer à la prolongation de ces mesures de santé publique.

Justin Trudeau, premier ministre du Canada

Sur les réseaux sociaux, les organisateurs de la manifestation « Québec Debout » affirment que les mesures sanitaires sont « excessives et injustifiées ». « Nous demandons un retour à la vie normale. Le moment est venu de tous se lever en même temps pour créer un rassemblement historique et pacifique », disent-ils, promettant que plusieurs autres marches auront lieu dans la province simultanément samedi. À Montréal, les manifestants se rassembleront vers midi sur la rue Sherbrooke, au coin du boulevard Pie IX), puis se déplaceront ensuite vers l’est.

Via la page Facebook des organisateurs, 12 600 personnes ont signifié leur intention de participer à la manifestation alors que 18 100 autres se disent intéressées.

Le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) confirme qu’il sera sur place. « C’est sûr qu’il y aura une grande présence policière, affirme le porte-parole du corps policier, Jean-Pierre Brabant. Nos agents vont encadrer la manifestation pour s’assurer qu’il n’y ait pas de débordement ou d’actes criminels. » Le SPVM rappelle par ailleurs que des constats allant jusqu’à 1500 $ peuvent être remis aux citoyens qui ne respecteraient pas les règles sanitaires en place durant le rassemblement.

Avec Mélanie Marquis et Tristan Péloquin, La Presse