Alors que les écoles primaires rouvriront lundi dans la Capitale-Nationale, un retour complet en zone rouge à la levée des mesures spéciales d’urgence « pourrait occasionner une recrudescence des cas et des hospitalisations » chez les plus jeunes, a prévenu jeudi l’Institut national de santé publique (INSPQ).

La bonne nouvelle, dit le DMarc Brisson, responsable de ces projections, est que l’augmentation des cas « n’entrainerait pas nécessairement une hausse très importante des hospitalisations, et ce malgré le retour au primaire » dans la région de Québec.

« Même si nos jeunes génèrent un peu plus de cas, l’important est que ces cas soient captés rapidement avec de bonnes mesures de traçage et d’isolement. Ainsi, avec une légère augmentation des cas, on pourrait en venir à diminuer l’ensemble des hospitalisations », précise à ce sujet la médecin spécialiste et vice-présidente aux affaires scientifiques de l’Institut, la Dre Jocelyne Sauvé.

Au final, tout dépendra du niveau d’adhésion aux mesures d’urgence et de la réduction de la transmission communautaire, soutient l’organisme. Ce dernier n’exclut pas que dans un scénario « d’adhésion moyenne », la levée des mesures d’urgence engendre « une augmentation rapide des hospitalisations » et du nombre d’infections, comme le montre la figure ci-dessous.

IMAGE FOURNIE PAR L’INSPQ

D’ailleurs, le DBrisson souligne que les mesures de zone orange et rouge « n’auraient pas été suffisantes pour freiner l’augmentation exponentielle des cas et des hospitalisations » à Québec, Lévis et en Outaouais, notamment. « À titre comparatif, on a vu une montée exponentielle des cas qui survenue en Irlande ; les cas par jour ont augmenté de 300 à 6800 entre le 10 décembre et le 10 janvier dernier », affirme-t-il.

Chaque région, chaque réalité

Mardi, le gouvernement Legault annonçait que dans la Capitale-Nationale, où « la situation s’est améliorée de façon importante », les écoles primaires rouvriront à compter de lundi. Ce sera également le cas dans Chaudière-Appalaches – sauf dans Bellechasse et Beauce-Etchemin, où la transmission communautaire du virus est forte et où il n’y a « vraiment plus aucune marge de manœuvre » dans les hôpitaux.

La décision qui a été prise, c’est de dire : on commence par les écoles primaires, puis on voit le temps qu’on s’achète, le temps que la vaccination se poursuive. Si tout va bien, je m’imagine que l’ouverture des écoles secondaires sera aussi envisagée.

La Dre Jocelyne Sauvé, de l’INSPQ

Elle précise néanmoins qu’il serait beaucoup trop tôt pour alléger de la même manière en Outaouais, où le système de santé est « plus fragile » et un mouvement « moins stable » du virus.

« La troisième vague n’est pas maîtrisée en Outaouais et la situation demeure critique dans la région », disait d’ailleurs mercredi la Dre Brigitte Pinard, directrice de la santé publique au Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de l’Outaouais. La région a enregistré 73 nouveaux cas par jour en moyenne au cours de la dernière semaine, par rapport à 132 la semaine précédente, mais compte encore 79 éclosions actives. De plus, 91 % des cas sont dus à des variants.

« Plus optimiste » à Montréal

Dans le Grand Montréal, l’INSPQ offre des projections « plus optimistes » que celles du 18 mars et du 9 avril dernier, surtout parce que le nombre de doses attendues en mai est plus élevé. Si l’adhésion aux mesures est forte, la métropole pourrait observer « une petite augmentation, voire même une diminution des cas détectés en mai », avance le DMarc Brisson.

« Si c’est le cas, on prédit une stabilité dans les nouvelles hospitalisations et les décès jusqu’à la fin mai, puis ensuite une diminution qui sera reliée à l’augmentation de la couverture vaccinale », insiste-t-il.

IMAGE FOURNIE PAR L’INSPQ

À l’inverse, une adhésion moyenne aux mesures, qui se traduit par une hausse des contacts sociaux, « pourrait occasionner une augmentation importante des cas » qui serait toutefois « atténuée » par la haute couverture vaccinale. « En juin et juillet dans le Grand Montréal, si l’adhésion est forte, on pourrait se retrouver à moins de 700 cas par jour, avec l’hypothèse que les mesures restent en place. Pour l’adhésion moyenne, on serait plutôt dans l’ordre de 800 cas », conclut M. Brisson.

Mercredi, la directrice régionale de la santé publique de Montréal, la Dre Mylène Drouin, s’est réjouie que Montréal soit parvenue à ralentir la progression du variant au cours des dernières semaines. « On démontre que notre système de santé peut être très performant », a-t-elle dit.