(Québec) François Legault presse Ottawa « d’en faire plus » pour mieux protéger les frontières terrestres et aériennes alors qu’un premier cas du variant indien a été détecté dans la province. Lui et ses vis-à-vis des provinces s’adressent à Justin Trudeau pour qu’il augmente la vigilance aux frontières canadiennes.

François Legault, qui est aussi président du Conseil de la fédération, a confirmé que lui et quelques premiers ministres des provinces, dont l’Ontario, l’Alberta et la Colombie-Britannique, ont demandé à Justin Trudeau pour lui faire part de leurs préoccupations au sujet des contrôles sanitaires aux frontières.

« J’ai eu des discussions entre autres avec Doug Ford, on est tous les deux d’accord pour dire : un, il faut encore être plus prudent avec les vols internationaux, entre autres des vols de pays qui viennent de l’Inde et Brésil. Et ensuite, il faut en faire beaucoup plus pour les passagers qui arrivent au niveau terrestre des États-Unis », a relaté François Legault, en mêlée de presse jeudi.

Dans leur missive, signée par Doug Ford et M. Legault, ils demandent à M. Trudeau « d’en faire plus ». François Legault n’a pas précisé dans le détail les demandes des premiers ministres. Il a cité certains exemples, comme des gens qui contourneraient l’obligation de faire leur quarantaine à l’arrivée au pays et des passagers qui monteraient à bord d’un vol à l’aide de « faux certificats de tests négatifs. » Il n’a pas demandé au Canada de suspendre ses vols avec l’Inde, par exemple.

La lettre a été rendue publique en après-midi, jeudi. L’Ontario et le Québec - appuyés par la Colombie-Britannique et l’Alberta - réclament de réduire les vols internationaux entrants et de mettre en place « des nouvelles mesures de protection » à la frontière terrestre entre le Canada et les États-Unis.

« Pour protéger la vie et le bien-être de nos citoyens, pour s’assurer que le système de santé n’est pas davantage sollicité et pour donner à la vaccination le temps nécessaire pour protéger la population canadienne, il faut que le gouvernement fédéral renforce les mesures aux frontières aériennes et terrestres », écrivent-ils, se disant préoccupés par la propagation des variants au pays.

En mêlée de presse, M. Legault a salué la décision de M. Trudeau de prolonger la quarantaine obligatoire pour les voyageurs jusqu’au 21 mai. « Je pense qu’il y a déjà beaucoup qui a été fait par M. Trudeau, mais avec le variant indien, le variant brésilien, il faut encore être plus prudent », a-t-il poursuivi.

« Entre nous aussi, les provinces, on s’est entendu pour tout faire pour réduire les voyagements entre les provinces. J’en profite pour le dire aux Québécois, ce n’est pas une bonne idée d’aller en Colombie-Britannique ou en Ontario », a-t-il ajouté, n’évoquant pas la possibilité de les interdire.

Variant indien : des inquiétudes à Québec

M. Legault s’est montré « inquiet » face à la détection d’un premier cas du variant indien sur le territoire de la Mauricie-Centre-du-Québec, mais s’est réjoui que les autorités l’aient détecté. « Ce n’est pas le dernier variant, il va y avoir des mutations », a relativisé François Legault. « L’inquiétude qu’on a toujours, c’est est-ce que le vaccin [est efficace contre un nouveau variant] », a-t-il dit.

Au Salon bleu, le ministre de la Santé, Christian Dubé, a affirmé que des « discussions très actives » ont lieu entre les autorités québécoises et canadiennes au sujet des frontières. « On est en discussions avec le fédéral pour être capable d’aller encore plus loin pour fermer les frontières à ces nouveaux variants », a souligné M. Dubé, interrogé par le député péquiste, Joël Arseneau.

Le Parti québécois réclame que Québec demande à Ottawa de resserrer sans délai les frontières. « Les vols en provenance des pays où les variants sont les plus présents doivent être limités. L’ensemble des vols internationaux devrait être davantage surveillé. On voit que les mesures qui ont été mises en place n’empêchent pas l’arrivée des variants et de personnes qui sont porteurs du virus », a fait valoir M. Arseneau.

« On demande également au gouvernement de se pencher sur les déplacements aériens interprovinciaux. Là aussi, il n’y a, évidemment, là, aucun contrôle. Ce système-là est un peu une passoire. On dit que les vols sont non recommandés, mais, essentiellement, tous ceux qui le souhaitent peuvent se déplacer d’une province à l’autre », a-t-il ajouté jeudi.