(Québec) Québec solidaire (QS) revendique la tenue d’un débat « sain, intelligent et rationnel » au sujet du couvre-feu, qui n’aurait pas le même impact sur tous les Québécois.

Son leader parlementaire, Gabriel Nadeau-Dubois, estime que le couvre-feu, qui est en vigueur de 20 h à 5 h dans plusieurs régions depuis le 9 janvier, n’est pas « banal ».

En fait, cette mesure d’exception devait à l’origine être un « électrochoc », a-t-il rappelé. Trois mois plus tard, « l’électrochoc est toujours là », a-t-il signalé en point de presse, mercredi.

Si certaines personnes plus aisées vivent bien le couvre-feu, d’autres le vivent très mal, a exposé M. Nadeau-Dubois.

Il a pris l’exemple des toxicomanes et itinérants, ou encore d’une famille « de sept ou huit » entassée dans un petit appartement sans cour ni balcon à Montréal. « Il faut entendre ces voix-là », a-t-il soutenu.

« Ce sont des gens très respectables, qui n’ont rien à voir avec les coucous qui contestent l’existence de la pandémie, qui nous soulignent ces faits-là. »

Le parti politique de gauche maintient que le couvre-feu a un impact différencié selon les conditions de vie des gens, qu’ils soient riches ou pauvres.

En comparaison, « porter le masque, […] qu’on habite dans un palace ou dans un petit appartement, c’est la même chose. La distanciation sociale, qu’on soit riche ou pauvre, deux mètres, c’est deux mètres ».

Les préoccupations autour du couvre-feu ne sont pas que « montréalaises », poursuit M. Nadeau-Dubois. La preuve, c’est que la Ligue des droits et libertés, un groupe « national », les partage, a-t-il dit.

Il souligne par ailleurs que l’efficacité du couvre-feu fait l’objet d’un débat scientifique et que le Québec est la seule province canadienne à avoir choisi d’appliquer une telle mesure.

Des données Google ont montré que le couvre-feu aurait eu un impact sur la réduction des déplacements.

Mais d’autres données québécoises tendent à démontrer que le nombre de contacts dans les domiciles n’aurait pas vraiment changé entre la deuxième et la troisième vague, affirme Gabriel Nadeau-Dubois.

Les éclosions de COVID-19 ont surtout eu lieu dans les milieux de travail, les écoles et les garderies, a-t-il ajouté.

« Est-ce que le couvre-feu, c’est la bonne mesure pour lutter contre la transmission si elle se fait, cette transmission, en priorité dans des lieux où le couvre-feu ne s’applique pas ? » a-t-il demandé.

« Moi, je revendique la possibilité qu’on puisse poser ces questions-là. […] En démocratie, quand on adopte des mesures musclées, […] ce n’est pas inutile premièrement d’en débattre. »

QS a présenté une motion à l’Assemblée nationale, mercredi, réclamant la tenue d’un débat calme et basé sur la science auquel l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) serait convié.

L’INSPQ doit faire l’analyse rigoureuse des bénéfices et des inconvénients, selon M. Nadeau-Dubois, qui rejette les accusations selon lesquelles son parti serait « contre toutes les mesures sanitaires ».

Le gouvernement Legault a refusé de débattre de la motion.

La semaine dernière, le gouvernement avait également bloqué une motion de QS condamnant le grabuge survenu lors d’une manifestation contre le couvre-feu dans les rues du Vieux-Montréal.

La motion réclamait du même coup un débat démocratique « au sujet des mesures sanitaires, notamment le couvre-feu ».

La vice-première ministre Geneviève Guilbault y avait vu une « manœuvre » de QS « pour éviter de condamner la désobéissance civile ».