(Montréal) Messieurs, à vos masques (et à vos vaccins, et à votre distanciation sociale) : la COVID-19 pourrait multiplier votre risque de souffrir de dysfonction érectile, et si vous en souffrez déjà, eh bien vous pourriez aussi être plus à risque d’être infectés par le coronavirus.

Et on ne parle pas ici des hommes plus âgés dont on sait déjà qu’ils sont particulièrement vulnérables au coronavirus : l’âge moyen des sujets étudiés par les chercheurs italiens était de… 33 ans.

« C’est une association dans les deux sens : si on a de la dysfonction érectile, on a plus de chances d’avoir la COVID, et à l’inverse […] les gens qui ont eu la COVID semblent avoir plus de chances de développer de la dysfonction érectile », a résumé le docteur Luc Valiquette, qui est urologue au CHUM et professeur titulaire au département de chirurgie de l’Université de Montréal.

Le risque était multiplié par cinq ou six dans les deux cas.

La deuxième association, celle qui semble montrer un risque accru de dysfonction érectile chez les hommes ayant eu la COVID, est « particulièrement intéressante », ajoute le docteur Valiquette, qui croit que le problème est possiblement attribuable à « des pathologies au niveau de la dysfonction endothéliale, au point de vue vasculaire ».

C’est un aspect nouveau qui s’ajoute aux effets inhabituels, comme la perte de l’odorat, qui ont déjà été associés à la COVID, a-t-il dit.

« Les problèmes de goût ou d’odorat, c’est immédiat, a expliqué le docteur Valiquette. Les gens le notent tout de suite. […] Les gens qui sont à l’hôpital aux soins intensifs, ou quand ils ont un respirateur, ils ne parlent pas de leur problème de dysfonction érectile parce qu’ils ne sont pas dans une situation où ils vont s’en rendre compte. »

Il n’est donc pas impossible que l’on décrive, dans six mois ou dans un an, des dommages à long terme au niveau des érections chez des hommes qui auront eu la COVID, a-t-il prévenu.

La première association, selon laquelle les hommes souffrant déjà de dysfonction érectile présenteraient un risque accru de COVID, est tout à fait « plausible », a jugé le docteur Valiquette, puisque les deux problèmes de santé partagent plusieurs des mêmes facteurs de risque.

La dysfonction érectile est ainsi souvent liée à d’autres facteurs — comme l’hypertension, le tabagisme, le diabète ou encore l’obésité — qui placent les hommes à un risque accru de COVID ou de complications.

Même s’il faudra encore plusieurs mois, voire plusieurs années, et de nombreuses études pour que l’on comprenne mieux l’association entre la COVID et la dysfonction érectile, l’étude italienne donne au strict minimum une raison de plus de prendre le coronavirus très au sérieux.

Le taux de mortalité de la COVID chez les jeunes hommes est très bas, et ce n’est probablement pas le risque de mourir du virus qui les incite le plus à la prudence. En revanche, le risque de voir leur meilleur ami mourir subitement pourrait les motiver beaucoup plus à porter un masque ou à aller se faire vacciner dès que ce sera possible.

L’auteur de l’étude, le docteur Emmanuele A. Jannini, y est d’ailleurs allé d’un avertissement sérieux : « mask up to keep it up » (porte un masque pour rester au garde à vous).

« On ne sait pas si c’est un problème temporaire, pour quelques mois, est-ce que c’est un problème à long terme… mais à 33 ans, je pense qu’il n’y a pas de chance à prendre, a conclu le docteur Valiquette. Mais si le taux de dysfonction érectile est élevé… c’est un argument sérieux pour que les gens prennent des mesures en conséquence. »

Les chercheurs italiens ont interrogé près de 7000 hommes en ligne au printemps 2020. 28 % de ceux qui ont rapporté avoir eu la COVID ont aussi fait état d’une dysfonction érectile.

Leurs conclusions ont été publiées par le journal médical Andrology.