(Québec) Les Québécois n’auront jamais eu aussi hâte de célébrer la Saint-Jean, alors que le gouvernement Legault prévoit un retour à la « normalité » au plus tôt le 24 juin. Avec des variants de la COVID-19 qui mènent de plus jeunes aux soins intensifs, Québec prévient qu’on a encore « deux gros mois devant nous », le temps que la campagne de vaccination s’accélère.

Inquiet de la situation « vraiment très grave » dans trois régions, le premier ministre du Québec, François Legault, a annoncé mardi que les mesures sanitaires spéciales d’urgence étaient à nouveau prolongées à Québec, à Lévis et à Gatineau, soit jusqu’au 25 avril. Ces restrictions, comme le couvre-feu à 20 h et la fermeture des écoles et des commerces non essentiels, sont également étendues à toutes les municipalités de l’Outaouais et de Chaudière-Appalaches.

Aucune nouvelle mesure n’a toutefois été ajoutée mardi pour la région métropolitaine, « mais ce n’est pas impossible […] qu’on soit obligés d’aller plus loin [dans] des régions très denses comme Montréal et Laval », a prévenu le premier ministre. La région de la Côte-Nord passe de son côté du palier d’alerte jaune à l’orange.

« Ce qu’on voit, c’est que la situation reste grave et risque de s’aggraver dans les prochaines semaines », s’est inquiété M. Legault. Et « quand on regarde ce qui se passe ailleurs [dans le monde], on peut même [s’estimer] chanceux d’être épargnés sur une partie de notre territoire », a-t-il ajouté.

Le point sur les vaccins

Avec le vaccin pour seule arme afin de sortir de la crise, le ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, a annoncé mardi que les Québécois des groupes prioritaires 8 et 9, « c’est-à-dire les malades chroniques et les travailleurs essentiels », pourraient prendre rendez-vous dès ce mercredi sur le portail Clic Santé à l’échelle du Québec.

PHOTO JACQUES BOISSINOT, LA PRESSE CANADIENNE

Christian Dubé, ministre de la Santé et des Services sociaux

Le Ministère a ensuite précisé, dans un communiqué, que les personnes atteintes de maladie chronique de moins de 60 ans qui se feront vacciner en priorité n’avaient en fait « pas d’action spécifique à poser pour se faire vacciner ou prendre rendez-vous ». Ce groupe prioritaire comprend les personnes hospitalisées qui ont des suivis médicaux pour de la dialyse rénale, qui sont traitées pour un cancer ou qui ont subi une greffe, ainsi que les personnes qui doivent recevoir un vaccin sous la supervision d’un allergologue.

Les travailleurs essentiels en milieu à risque important d’éclosion peuvent par contre prendre rendez-vous sur Clic Santé. Ce groupe comprend, entre autres, le personnel des écoles primaires et secondaires, le personnel des milieux de garde pour enfants, le personnel des abattoirs, les travailleurs étrangers temporaires du milieu agricole et le personnel de la sécurité publique.

  • INFOGRAPHIE LA PRESSE

  • INFOGRAPHIE LA PRESSE

  • INFOGRAPHIE LA PRESSE

  • INFOGRAPHIE LA PRESSE

1/4
  •  
  •  
  •  
  •  

En date du 13 avril, 2 millions de Québécois avaient reçu une première dose de vaccin, ou plus exactement 23,4 % de la population. Québec maintient son objectif de vacciner tous les Québécois adultes qui le souhaitent d’ici le 24 juin.

Masques partout (ou presque)

Le directeur national de santé publique, le DHoracio Arruda, a précisé mardi que le port du masque était désormais obligatoire à l’extérieur pour toute personne accompagnée d’au moins une autre qui n’habite pas à la même adresse.

PHOTO JACQUES BOISSINOT, LA PRESSE CANADIENNE

Le DHoracio Arruda, directeur national de santé publique

« Les seules exceptions, c’est quand on est assis à un banc à deux mètres de quelqu’un [et] qu’on ne bouge pas, qu’on ne va pas se rapprocher. Et si on est autour d’un endroit où l’on peut être fixes à deux mètres, pour pouvoir manger et faire un pique-nique. À ce moment-là, on peut enlever le masque », a-t-il dit.

L’objectif, ce n’est pas d’écœurer les gens ; c’est de les protéger. On voit des cas chez de plus jeunes actuellement. Les gens peuvent se retrouver rapidement aussi hospitalisés aux soins intensifs. Dans ce contexte, on considère que le préjudice porté par un masque versus la protection que ça peut apporter vaut la peine d’être fait.

Le Dr Horacio Arruda, directeur national de santé publique

Plaidoyer pour les jeunes

François Legault a profité de sa tribune, mardi, afin d’adresser à son tour un plaidoyer aux plus jeunes pour qu’ils respectent les mesures sanitaires.

« Il y a quelques jours, à Québec, une femme de 24 ans [a], en quelques jours, perdu 40 livres. Elle est obligée d’être gavée, [elle] en a pour des mois avant de réapprendre à manger », a rappelé le premier ministre.

  • INFOGRAPHIE LA PRESSE

  • INFOGRAPHIE LA PRESSE

  • INFOGRAPHIE LA PRESSE

  • INFOGRAPHIE LA PRESSE

1/4
  •  
  •  
  •  
  •  

À l’échelle de la province, mardi, les hospitalisations ont continué leur tendance à la hausse, particulièrement aux soins intensifs. Le Québec a rapporté 1490 nouveaux cas de COVID-19 et 12 décès supplémentaires. Il a recensé mardi 643 personnes hospitalisées, soit 13 de plus que la veille. Parmi elles, 150 se trouvent aux soins intensifs.

Bien que le nombre de 1490 nouveaux cas rapportés soit inférieur au total quotidien des derniers jours, la tendance demeure à la hausse. En effet, on recense en moyenne 1562 nouveaux cas par jour, calculé sur une semaine. Cela représente une hausse de 29 %.

Un problème pour l’adhésion populaire

Alors que des manifestations nocturnes ont secoué Montréal ces derniers soirs, les partis de l’opposition se sont dits inquiets, mardi, de l’effritement de l’adhésion populaire aux mesures sanitaires. Ils ont invité les Québécois à suivre les consignes et condamné le saccage perpétré par certains vandales.

Le Parti québécois (PQ) déplore que les points de presse du gouvernement, lorsqu’il fait le suivi des mesures sanitaires, soient parcellaires. À la période de questions, mardi, les péquistes ont déposé une motion qu’ils ont surnommée « Libérez Horacio », en référence au directeur national de santé publique. Cette motion vise « à ce que les points de presse [de la Santé publique] se tiennent de façon distincte » du politique, a expliqué le chef parlementaire du PQ, Pascal Bérubé.

La cheffe du Parti libéral, Dominique Anglade, a quant à elle affirmé que les points de presse de Québec, à 13 h et à 17 h, souffraient d’une « mauvaise gestion des communications ». Pour elle, « rien ne justifie les messages contradictoires ou le manque de transparence dans l’information divulguée ».

Avec Pierre-André Normandin, La Presse

Moitié moins de tests criblés

Le ministre de la Santé et des Services sociaux a confirmé mardi que, dans les régions les plus touchées par la COVID-19, les activités de dépistage par criblage — qui permettent de détecter la présence d’un variant sur un échantillon positif — seraient diminuées de moitié. Plutôt que de cribler systématiquement tous les tests positifs de COVID-19, Québec en criblera 50 %. Selon Christian Dubé, « il y a tellement de variants » actuellement qu’il est possible de diminuer le criblage, ce « qui va rendre [les] laboratoires plus efficaces ». Ce sera le cas dans les régions de l’Outaouais, de Chaudière-Appalaches et de la Capitale-Nationale, où les équipes de dépistage sont sous tension. Le DGaston De Serres, de l’Institut national de santé publique du Québec, a confirmé que le « bénéfice du criblage dev[enait] petit » dans les régions où les variants sont très présents. Mais il ne faut pas non plus suspendre complètement ces activités, car elles sont nécessaires pour discerner de nouvelles souches (séquençage) et adapter les interventions. Le Laboratoire de santé publique du Québec révise en ce moment sa stratégie en ce sens.

Fanny Lévesque, La Presse