(Québec) Le gouvernement Legault se fait une « stratégie » d’« oublier » d’expliquer certaines mesures de santé publique lors de ses points de presse sur la pandémie, dénonce le Parti québécois (PQ).

À l’heure de grande écoute, le premier ministre François Legault aborde certains enjeux, mais en « oublie » d’autres, afin d’éviter de s’associer à des mesures impopulaires, croit Pascal Bérubé.

« C’est une stratégie, a déclaré mardi le chef parlementaire du PQ. Où réside l’intérêt ? Bien, de ne pas associer ni le premier ministre ni le ministre de la Santé à des mesures impopulaires devant un ou deux millions de personnes. »

M. Bérubé donne l’exemple récent de l’obligation de porter un masque à l’extérieur et en continu au travail, ou encore des changements dans la distanciation dans les salles de spectacle ou de cinéma, ou l’interdiction de passer d’une zone rouge à une zone jaune.

PHOTO JACQUES BOISSINOT, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Pascal Bérubé

Ces mesures, annoncées dans un communiqué après la conférence de presse de M. Legault mardi soir dernier, sont passées largement inaperçues pour bon nombre de citoyens.

Faute d’explications, les Québécois sont ensuite pris à « interpréter » les mesures sanitaires, ce qui crée de la confusion, déplore le PQ.

La moindre des choses, c’est que le premier ministre informe « correctement » les Québécois des mesures qui les touchent dans leur quotidien, a plaidé M. Bérubé, « sinon, ça devient une tribune politique ».

Mardi, le PQ a également réitéré sa demande pour que les points de presse du gouvernement et de la santé publique se tiennent de façon distincte.

Le directeur national de santé publique, le Dr Horacio Arruda, devrait être « libéré » afin de pouvoir s’exprimer sans les « regards de côté » parfois désapprobateurs de François Legault, a ajouté M. Bérubé.

« “Libérez Horacio”, vous allez voir ça dans notre motion, tout à l’heure. (Nous demandons) des points de presse distincts, comme il se fait ailleurs. » Le gouvernement a refusé de débattre de la motion.

Choix politiques

Mardi dernier, M. Legault a préféré justifier son approche plutôt que de prendre le temps d’expliquer les nouvelles directives, a renchéri le co-porte-parole de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois.

« Ce sont des choix politiques, a-t-il affirmé. Moi, je pense que son temps serait mieux utilisé en pleine crise sanitaire à faire de la pédagogie sur les mesures sanitaires plutôt que de défendre son style de leadership. »

Pour sa part, la cheffe libérale Dominique Anglade a exhorté le gouvernement Legault à « revoir » ses points de presse. « Si on n’a pas toutes les informations, à quoi ça sert et à quoi bon ? » a-t-elle lancé.

Tous les partis d’opposition ont dit s’inquiéter, mardi, de ce qu’ils perçoivent comme l’effritement de l’adhésion du public aux mesures sanitaires durant la troisième vague de la pandémie.

Legault se défend

Questionné sur son devoir de transparence mardi, François Legault s’est d’abord excusé d’avoir passé sous silence la semaine dernière l’interdiction de passer d’une zone rouge à une zone jaune.

« Je m’en excuse. […] On avait déjà beaucoup d’annonces à faire, donc c’est moi qui a pris la décision de ne pas le dire », a-t-il expliqué.

Sur l’obligation de porter le masque à l’extérieur, il s’est défendu en affirmant ne pas avoir été au courant avant son point de presse.

« Peut-être que ça m’avait été dit, mais je n’étais pas au courant », a-t-il déclaré, avant de soutenir que de toute façon, d’après lui, la mesure n’était pas vraiment nouvelle.

« Ce qu’on dit, c’est que quand on est avec une autre personne avec qui on n’habite pas, on doit porter le masque, ce n’est pas quelque chose de nouveau. »

Il a plus tard révisé sa position. « C’est vrai que ça m’a échappé, a-t-il reconnu lors de la période des questions. J’ai effectivement pas été attentif sur la question des masques quand on m’a fait le briefing. »