Les hospitalisations dues à la COVID-19 continuent de grimper au Québec alors que le nombre de personnes hospitalisées a augmenté du quart depuis une semaine. Lundi, la province rapporte 1599 nouveaux cas et deux décès supplémentaires.

Hausse des cas, surtout chez les jeunes

Depuis une semaine, le Québec enregistre plus de 1500 cas en moyenne par jour, en hausse de 30 % par rapport à la précédente. Cette hausse touche principalement les plus jeunes, et peu les 80 ans et plus. « Cette tendance est inquiétante, mais non surprenante étant donné que la campagne vaccinale a ciblé majoritairement les personnes les plus âgées », indique Benoit Barbeau, professeur au département des sciences biologiques de l’Université du Québec à Montréal (UQAM) et expert en virologie.

Les variants sont plus transmissibles et associés à des symptômes plus graves, soutient M. Barbeau. Les jeunes adultes, qui sont toujours présents physiquement dans leur milieu de travail, se retrouvent donc plus exposés et sujets à être infectés par le virus, ajoute-t-il.

Le DOlivier Drouin, clinicien chercheur au CHU Sainte-Justine et professeur associé à l’École de santé publique de l’Université de Montréal, espère que le vaccin sera suffisamment efficace pour éviter une augmentation des cas chez les personnes plus âgées dans les prochaines semaines. « J’ai espoir que les personnes plus âgées seront bien protégées par le vaccin et qu’on ne verra pas une vague d’augmentation de cas, après le pic des plus jeunes. Mais peut-être que ça va malheureusement se matérialiser », dit-il.

Plus d’hospitalisations

La hausse des cas se reflète dans les hospitalisations, qui ont augmenté du quart depuis une semaine. Le Québec compte présentement 630 personnes hospitalisées, soit 127 de plus que la semaine précédente. La hausse se fait également sentir aux soins intensifs, où l’on compte 142 personnes, soit 15 % de plus que la semaine précédente.

« Le gouvernement devrait être transparent et nous dire la vraie capacité aux soins intensifs versus ce qui est utilisé présentement », dit le DDrouin. Il craint que le nombre de lits disponibles aux soins intensifs soit diminué par rapport à la première vague, possiblement en raison d’une diminution de personnel. « Il y a beaucoup de burnout, évidemment », ajoute-t-il.

M. Barbeau soutient que la progression des hospitalisations est « inquiétante », car elle est rapide. « Il faut surtout espérer que ces augmentations ne seront pas trop importantes dans les régions les plus peuplées comme Montréal, car ce nombre pourrait augmenter encore plus rapidement », dit-il.

La hausse des hospitalisations se concentre chez les 40 à 79 ans. Groupe le plus vacciné, les 80 ans et plus continuent quant à eux à observer une baisse des hospitalisations. Cette tendance marque un important revirement par rapport aux deux précédentes vagues, alors que ces aînés étaient de loin les plus susceptibles d’être hospitalisés. Phénomène inédit, depuis quelques jours, on observe plus d’hospitalisations chez les moins de 40 ans que chez les 80 ans et plus.

Décès stables

Malgré une hausse des cas et des hospitalisations, les décès demeurent relativement stables. Le Québec a rapporté 47 morts depuis une semaine, soit un de plus que la précédente. Cette stabilité est surtout attribuable au fait qu’on ne note pas de hausse chez les 80 ans et plus, principal groupe à avoir enregistré des décès durant la pandémie. Ce groupe recense présentement un peu moins de 3 morts par jour, sans signe de hausse. Les décès sont stables aussi chez les 60 à 79 ans, à environ 2 par jour. Enfin, on note une légère hausse des morts chez les moins de 60 ans, mais cela représente moins de 1 décès par jour en moyenne.

« La diminution des décès pour l’instant est peut-être reliée au fait que la population qui est hospitalisée est un peu plus jeune que lors de la première vague », dit le DDrouin. Il précise que la population très fragile est déjà morte ou a maintenant été vaccinée, ce qui pourrait expliquer que la moyenne d’âge des personnes hospitalisées aux soins intensifs diminue.

M. Barbeau ajoute que d’autres facteurs doivent sûrement être pris en considération, comme une meilleure gestion des CHSLD et des RPA, ainsi que « possiblement des approches cliniques mieux adaptées aux cas de COVID-19 sévères, dus à une meilleure compréhension de la maladie et des types d’interventions bénéfiques ».

Hors du Grand Montréal

Le gouvernement a rapporté lundi 1599 nouveaux cas de COVID-19 et deux décès. La hausse des cas de COVID-19 se concentre à l’extérieur du Grand Montréal. En fait, depuis une semaine, on recense plus de nouveaux cas dans le reste du Québec que dans la région métropolitaine, ce qu’on a rarement vu depuis le début de la pandémie.

La Capitale-Nationale continue à être la région la plus touchée au Québec. Avec 282 nouveaux cas lundi, sa moyenne quotidienne s’établit désormais à 46 nouveaux cas par 100 000 habitants. Elle est suivie de près par la région voisine, Chaudière-Appalaches, qui affiche 43 cas par 100 000 habitants.

Avec 290 nouveaux cas lundi, l’Outaouais connaît une forte hausse. Elle affiche désormais un taux de 37 nouveaux cas par jour par 100 000 habitants.

Montréal continue pour sa part à observer une très légère tendance à la hausse (+1 % sur une semaine). Avec 358 nouveaux cas lundi, l’île rapporte quotidiennement 17 cas par 100 00 habitants.

En zone jaune, la Côte-Nord et la Gaspésie observent une tendance à la hausse.

Le Québec rapporte avoir administré 52 705 doses de vaccin dimanche, pour un total de 1,9 million depuis le début de la campagne. Ainsi, 22,7 % de la population québécoise a reçu une première dose.

La province devrait pouvoir maintenir, voire augmenter la cadence. Alors que 485 000 doses se trouvent présentement en banque ou en transit dans le réseau, le Québec attend la livraison d’un peu plus de 400 000 doses cette semaine.

Positivité en hausse

Le Québec a établi la semaine dernière un nouveau sommet de tests de dépistage, avec plus de 38 000 prélèvements par jour. Malgré ce record, la hausse rapide des cas a légèrement fait grimper le taux de positivité, à 3,9 %. Cela reste néanmoins inférieur à la cible de 5 % recommandée par l’Organisation mondiale de la santé. « Idéalement, il faudrait que ce soit en bas de 3 %, mais entre 3 et 5 %, c’est acceptable », explique le DDrouin.