L’angoisse est palpable dans certains secteurs d’affaires au Québec, à la suite des mesures strictes, dont la fermeture des commerces non essentiels, adoptées par le gouvernement de Doug Ford pour 28 jours. Qu’arrivera-t-il aux entreprises d’ici qui ont des fournisseurs, des succursales ou des bureaux en Ontario ? Le secteur manufacturier, jugé essentiel, s’en tire. Selon certains, des ralentissements de livraison et de fabrication sont toutefois à prévoir dans d’autres secteurs qui ont dû refermer leurs portes.

La Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ) ne cache pas son inquiétude. « Nos économies sont interreliées, rappelle son PDG, Charles Milliard. Le premier lien de plusieurs entreprises du Québec est l’Ontario. On le sait, dans notre ancienne vie, il y avait plus de liaisons en avion entre Montréal et Toronto qu’en train entre Montréal et Québec ! L’Ontario aussi nous surveille. Des pièces circulent entre Montréal, Toronto et la Nouvelle-Angleterre pour la fabrication de produits, par exemple. C’est très inquiétant. »

« L’Outaouais, par exemple, est collé sur l’est de l’Ontario », ajoute Jasmin Guénette, vice-président aux affaires nationales de la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI).

Il y a des impacts certains pour des entreprises qui ont des activités des deux côtés de la rivière.

Jasmin Guénette, vice-président aux affaires nationales de la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante

Le gouvernement du Québec a un devoir « de clarté et d’aide directe », selon Charles Millard. « Les 150 millions de dollars annoncés pour l’aide aux entreprises dans le récent budget doivent être transférés rapidement, estime-t-il. Les liquidités sont difficiles pour plusieurs. Cela dit, le gouvernement en est conscient et a amélioré les délais de traitement. »

Garder les entreprises ouvertes

Jeudi, le gouvernement Legault a annoncé le retour du couvre-feu à 20 h à Montréal, ce qui sous-entend que des entreprises devront devancer leur heure de fermeture. Beaucoup espèrent néanmoins que la CAQ n’imitera pas le gouvernement de Ford en replongeant le Québec, qui voit ses cas quotidiens de COVID-19 augmenter, dans un confinement semblable à celui de mars 2020. « Ce qui a été annoncé mercredi en Ontario est très décevant pour les PME de l’Ontario, soutient d’ailleurs Jasmin Guénette. On dirait que le confinement est la seule chose que le gouvernement sait faire. »

La FCEI recommande plutôt de garder les entreprises ouvertes avec 20 % des employés. Elle prône également le déploiement des tests rapides de détection en entreprise. « Dans le commerce de détail, par exemple, on pourrait fonctionner par rendez-vous », propose encore Jasmin Guénette.

À l’échelle du pays, une entreprise sur six est à risque de fermer à cause de la COVID. En moyenne, celles en Ontario ont contracté une dette de 207 000 $ en 13 mois. Les salles à manger de restaurant ont été fermées 306 jours jusqu’ici. Cette fois, certaines ne passeront pas au travers.

Jasmin Guénette, vice-président aux affaires nationales de la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante

La FCEI déplore, par ailleurs, que de l’aide accordée aux PME grâce à la Subvention ontarienne pour le soutien aux petites entreprises ne soit pas prolongée.

Heureusement, la vaccination fait son chemin. Et elle cible désormais des industries et secteurs chauds dans cette province qui recense plus de 3000 nouveaux cas de COVID-19 quotidiennement. « Il existe d’autres approches que le confinement, une décision souvent annoncée la veille, répète Jasmin Guénette. Les restaurateurs restent pris avec leur inventaire. Ça laisse chaque fois peu de temps pour parler aux employés et aux fournisseurs. »

Pôles de vaccination en entreprise dévoilés

À la suite d’un appel lancé par Christian Dubé, 450 entreprises ont signifié qu’elles voulaient s’impliquer gratuitement dans la vaccination. Le ministre de la Santé et des Services sociaux a dévoilé jeudi les premiers pôles choisis, répartis dans huit régions administratives du Québec. Outre CAE, la Banque Nationale, BRP, le Groupe CH, Bell, Couche-Tard, Cascades, Pratt & Whitney, Résolu, la SAQ et Aéroports de Montréal font partie des entreprises où des employés et leurs familles pourront se faire vacciner. Chaque pôle de vaccination en entreprise s’engage à vacciner de 15 000 à 25 000 personnes, de mai à août. D’autres pôles s’ajouteront à ceux nommés jeudi dans les prochaines semaines. Les détails en ce qui a trait à la prise de rendez-vous seront dévoilés plus tard.