Vu la situation « beaucoup plus précaire » qu’au Québec, les écoles publiques de Toronto fermeront toutes leurs portes dès ce mercredi, en Ontario. Mais selon des experts, le gouvernement Legault pourrait devoir prendre cette décision difficile éventuellement, si le nombre de cas et d’hospitalisations continue d’augmenter.

« Les écoles, c’est la dernière chose qu’on veut fermer dans une société, parce que les jeunes ont besoin de socialiser, besoin d’apprendre. D’y arriver, ça démontre que l’Ontario a dû se rendre à l’évidence. Quand ça commence à partir en vrille, c’est vraiment le dernier coup de baguette qu’on peut donner », explique Roxane Borgès Da Silva, professeure à l’École de santé publique de l’Université de Montréal (ESPUM).

Elle réagissait ainsi à l’annonce de la médecin hygiéniste en chef de Toronto, la Dre Eileen de Villa, qui a révélé mardi après-midi que toutes les classes devraient passer à l’enseignement en ligne, afin d’éviter la propagation de la COVID-19. La situation concerne aussi la banlieue de Peel. On soutient que les nouveaux variants ont augmenté le risque de maladie grave et de décès, et que des mesures fortes étaient nécessaires.

La Direction de santé publique de Toronto a d’ailleurs confirmé que cette fermeture durera au moins jusqu’au 18 avril, soit à la fin de la semaine de relâche en Ontario. Cela dit, une prolongation de cette mesure pourrait être envisagée sur la base des données épidémiologiques et de leur progression. À l’UQAM, le virologue Benoit Barbeau n’exclut pas que Québec adopte la même approche.

Fermer les écoles, ce n’est pas impossible au Québec. On pourrait basculer dans une situation aussi critique que l’Ontario. Moi, je n’avais pas exclu que ça se fasse même dès maintenant. Oui, à Montréal, on est sur un certain plateau, mais on a eu une augmentation marquée dans la semaine.

Benoit Barbeau, professeur à l’UQAM

De nouveau, plus de 3000 cas

Mardi, l’Ontario a signalé 3065 nouveaux cas de COVID-19. Il s’agissait d’une cinquième journée d’affilée où la province recensait tout près ou plus de 3000 infections individuelles.

Pour Mme Da Silva, il faut demeurer conscients que le Québec n’est pas à l’abri d’une recrudescence aussi soudaine de la transmission. « Le Québec n’est pas l’Ontario, mais cela dit, ce n’est pas sûr qu’on n’y arrivera pas. À partir du moment où tous les indicateurs sont dans le rouge foncé et où les variants se propagent de façon exponentielle, la mesure ultime reste de fermer les écoles, même si ce n’est pas souhaitable », analyse-t-elle.

À ses yeux, il vaut toujours mieux appliquer des mesures et faire une analyse fine « par régions ». « Ce serait très, très dur pour la santé mentale, l’économie et la santé financière des entreprises ontariennes de tout reconfiner, mur à mur », insiste-t-elle.

S’il comprend ce postulat, Benoit Barbeau est toutefois presque persuadé que l’Ontario s’en va « vers un confinement majeur », comme l’hiver dernier. « Ils n’auront éventuellement pas le choix, à moins que la situation se renverse vraiment rapidement. Dans les milieux hospitaliers, on demande déjà plus de restrictions. Les urgences et les soins intensifs commencent à être très vulnérables en Ontario », dit-il.

Vers une vaccination élargie

Pendant ce temps, l’Ontario a révélé mardi que les personnes âgées de 50 ans et plus qui vivent dans les secteurs où la COVID-19 gagne rapidement du terrain pourront se faire vacciner dans les prochaines semaines. Les 13 bureaux de santé visés sont Durham, Halton, Hamilton, Niagara, Ottawa, Peel, Simcoe-Muskoka, Southwestern, Toronto, Waterloo, Wellington-Dufferin-Guelph, Windsor-Essex et York.

Les autorités ontariennes ont indiqué qu’elles s’attendent à recevoir environ 3,2 millions de doses de vaccins en avril, mais qu’elles auront la capacité d’administrer 4 millions de doses.

Cette deuxième phase du plan de vaccination contre la COVID-19 commencera ce mercredi, lorsque les personnes âgées de 60 ans et plus pourront d’abord réserver leur rendez-vous. Le gouvernement veut augmenter le nombre de vaccins administrés à 100 000 doses par jour, comparativement à la moyenne sur sept jours de 73 442 doses.

Lundi, la Ville de Toronto avait aussi fait part de son intention de vacciner les travailleurs à haut risque directement sur leur lieu de travail. Le maire John Tory a déclaré que son administration était en train d’apporter la dernière touche à son plan, qui impliquera des unités de vaccination mobiles déjà utilisées dans des quartiers qui sont des points chauds de transmission. Selon lui, le déploiement de ce plan dépendra de l’approvisionnement en vaccins dans les semaines à venir.

Mardi, le premier ministre Justin Trudeau a dit appuyer l’ensemble des provinces qui imposeront des mesures de confinement plus strictes pour freiner la propagation du coronavirus.

Avec La Presse Canadienne