(Québec) La Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) rend le port d’appareils de protection respiratoire, comme le masque N95, obligatoire pour les travailleurs de la santé en zone tiède dans tous les milieux. Cette décision survient alors que le Tribunal administratif du travail (TAT) vient d’ordonner le port du masque N95 dans les zones chaudes, mais aussi dans les zones tièdes.

La CNESST a annoncé dans un communiqué publié mercredi « qu’elle rend obligatoire le port des appareils de protection respiratoire N95, ou supérieurs, pour tous les travailleurs et travailleuses en zone tiède dans tous les milieux de santé ».

« Des réunions sont en cours entre la Santé publique et la CNESST afin d’opérationnaliser le jugement rendu. Le gouvernement a suivi les recommandations de ses experts. Il n’y a aucune politique à faire avec la protection du personnel. C’est notre priorité », a écrit sur Twitter le ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé.

La Presse publiait mercredi matin les conclusions du TAT. Selon le juge Philippe Bouvier, les employés de CHSLD, y compris le personnel d’entretien, devraient pouvoir porter des masques de type N95 en tout temps lorsqu’ils sont en contact avec des cas confirmés ou suspectés de COVID-19. Depuis février seulement, les travailleurs de la santé ont accès aux masques N95 dans les zones chaudes seulement.

« Soulignons également que dès qu’il y a eu consensus scientifique, notamment une position claire de l’Organisation mondiale de la santé, la CNESST a obligé sans attendre le port d’un appareil de protection de type N95 ou de protection supérieure pour tous les travailleurs et les travailleuses de la santé qui œuvrent en milieu de soin dans une zone chaude », se défend la CNESST.

Dans sa décision, le TAT est également sévère à l’endroit du gouvernement et de ses experts de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ).

QS demande des excuses pour les soignants

Le gouvernement Legault a essuyé une « gifle juridique » dans ce dossier et doit maintenant présenter des excuses officielles aux soignants, estime Québec solidaire (QS). « La décision politique de mal protéger les soignantes, elle a été prise par [le ministre] Christian Dubé, [sa prédécesseure] Danielle McCann et [le premier ministre] François Legault. […] Ce sont ces gens-là qui doivent rendre des comptes, ce sont ces gens-là qui doivent s’excuser », a déclaré Gabriel Nadeau-Dubois.

« Combien de vies auraient pu être sauvées si le gouvernement de la CAQ avait pris les bonnes décisions et avait protégé adéquatement ses travailleurs depuis le début ? La santé et la sécurité des travailleurs, ce n’est pas un privilège », a lancé la députée libérale Marie Montpetit, au Salon bleu.

Le ministre délégué à la Santé et aux Services sociaux, Lionel Carmant, s’est défendu en s’appuyant sur le fait que les connaissances scientifiques ont évolué au cours de la pandémie. Il a assuré que la Santé publique a « guidé » le gouvernement dans ses décisions et que dès qu’il a été déterminé que « les aérosols étaient un facteur de risque, on a changé [la position] et recommandé le masque dans les zones rouges ».

Le chef du Parti québécois, Paul St-Pierre Plamondon, estime pour sa part que « le gouvernement ne peut absolument pas faire fi de ce jugement-là » et que l’INSPQ doit aussi fournir des explications.

Plus de 41 000 travailleurs de la santé ont attrapé la COVID-19 depuis le début de la pandémie et 18 sont morts de la maladie. Pendant des mois, Québec a limité l’utilisation du masque N95, allant même jusqu’à l’interdire formellement, sauf aux employés faisant des interventions médicales générant des aérosols.

Avec La Presse Canadienne