(Ottawa) Un comité décrit les ratés du Réseau mondial de renseignement sur la santé publique (RMRSP) au début de la pandémie dans un rapport préliminaire publié samedi.

L’examen avait été ordonné par la ministre fédérale de la Santé, Patty Hajdu, après que le système de surveillance n’eut pas fonctionné comme prévu.

Selon ce rapport, ce système a bien identifié des signaux de ce qui allait devenir la pandémie de COVID‑19 dès le 30 décembre 2019, en fin de soirée. L’information a bien été transmise le lendemain aux responsables de la santé publique canadienne.

Toutefois, le comité note qu’en omettant de transmettre une alerte formelle, le système a laissé dans l’ignorance des partenaires internationaux qui s’appuyaient sur les informations canadiennes.

« Le fait que le RMISP ait détecté les signaux précoces de sources ouvertes de ce qui allait devenir la COVID‑19 et qu’il ait rapidement alerté la haute direction ne veut pas nécessairement dire que le système fonctionne aussi harmonieusement ou aussi clairement qu’il le pourrait ou qu’il le devrait », signale le rapport.

« Cependant, puisque seuls les abonnés internationaux reçoivent des alertes, certains pays n’ont pas reçu de signal précoce directement du RMISP. »

Le comité était composé de Mylaine Breton et de Paul Gully, deux experts en santé publique, ainsi que Margaret Bloodworth, ancienne conseillère en sécurité nationale de Stephen Harper.

Le rapport indique que les procédures opérationnelles normalisées régissant l’envoi des alertes n’ont été mises en œuvre que tout récemment, soit en septembre 2020. Il déplore que les cadres supérieurs n’aient pas pleinement compris « ni le but ni le public cible des alertes ».

Les auteurs disent aussi n’avoir trouvé aucune procédure écrite pour la diffusion de ces alertes avant le printemps 2020.

« Le comité s’est aussi entretenu avec des cadres supérieurs chargés de superviser directement le RMISP qui ne pouvaient décrire, ni le but ni le public cible des alertes, et qui ne connaissaient peut-être pas parfaitement leur raison d’être », peut-on lire dans le rapport.

Le comité a aussi constaté qu’au cours des dernières années, le nombre d’alertes a beaucoup varié. Il y a en a eu 887 pour la seule année 2009, principalement en lien avec la pandémie de H1N1. Près de 200 ont été lancées en 2013 pour l’éclosion du H7N9. Le nombre s’est élevé de 21 à 90 au cours des autres années.

Toutefois, il note une baisse importante lors des deux dernières années : une en mai 2019 et deux en 2020 (août et septembre).

« Il est évident qu’une certaine forme de direction a été donnée afin de mettre en entente le processus d’alerte et que le niveau d’approbation des alertes a été haussé puis diminué au moins une fois », souligne le comité.

Il dit n’avoir pu voir « aucune documentation écrite concernant la chronologie de ces changements, les personnes qui les auraient demandés ou les raisons pour lesquelles ils auraient été apportés ».

Le comité poursuivra au cours des prochains mois son examen du Réseau en se basant sur ses constatations confirmant un haut degré de roulement des gestionnaires, un déclin du nombre d’experts internes possédant des titres de compétences en santé publique et des preuves d’une intégration moins qu’optimale du système aux autres opérations de l’Agence de santé publique du Canada.