(Ottawa) Le comité consultatif national sur l’immunisation (CCNI) change son fusil d’épaule : il conseille finalement le vaccin d'AstraZeneca aux 65 ans et plus. Pendant ce temps, au gouvernement, on se réjouit des avancées dans les essais cliniques de la société Medicago.

Cette mise à jour est fondée « sur les résultats d’études d’observation de l’efficacité du vaccin menées au Royaume-Uni et publiées depuis les recommandations précédentes du CCNI concernant l’utilisation de ce vaccin chez les personnes âgées de 18 à 64 ans », est-il écrit dans l’avis publié mardi.

Chez « les adultes de 65 ans et plus qui ont reçu une dose d’AstraZeneca, les données d’observation ont révélé une réduction du risque de maladie symptomatique et d’hospitalisation qui semble atteindre un niveau comparable à celui observé dans les essais cliniques chez les adultes âgés de 18 à 64 ans », y ajoute-t-on.

Au départ, le comité d’experts fédéral avait déconseillé aux provinces d’utiliser le vaccin d’AstraZeneca « en raison du peu d’informations disponibles à ce jour sur l’efficacité du vaccin dans ce groupe d’âge », était-il stipulé dans un avis daté du 1er mars.

Le Québec, de son côté, avait autorisé son utilisation pour les personnes de 70 ans et plus dès le 8 mars.

Le CCNI a revu au cours de la semaine dernière trois études démontrant la sécurité et l'efficacité du vaccin d'AstraZeneca chez les aînés, en particulier contre les cas graves comme l'hospitalisation, y compris chez les adultes de plus de 80 ans présentant des comorbidités médicales importantes.

On continue malgré tout à préconiser l'usage des vaccins à ARN messager, comme ceux de Pfizer-BioNTech et de Moderna, pour les populations plus vulnérables, a fait valoir la présidente du comité, la Dre Caroline Quach, lors d'une séance d'information technique, mardi matin.

Ce changement de cap survient alors que le vaccin nage en eaux troubles, son utilisation ayant été suspendue dans plusieurs nations européennes par précaution, à la lumière d’informations recensant des thromboses de veines cérébrales en lien avec la vaccination.

Invité à dire pourquoi le Canada n'imitait pas les pays d'Europe, le Dr Marc Berthiaume, directeur du Bureau des sciences médicales de Santé Canada, a noté qu'on n'avait pas établi de lien de causalité entre l'apparition de ces symptômes et l'administration du vaccin d'AstraZeneca.

« Tout semble indiquer qu'il est sûr », a-t-il ajouté, précisant que les effets secondaires thrombo-emboliques ne sont « pas associés de façon typique » à la vaccination et qu'aucune conséquence de ce genre n'avait été répertoriée au pays.

Les lots qui sont sous le microscope européen ne sont par ailleurs pas les mêmes que ceux arrivés la semaine dernière au Canada. Les quelque 500 000 doses du Covidshield, produit par AstraZeneca, proviennent en effet du Serum Institute of India.

Pendant que les représentants des autorités canadiennes répondaient aux questions des journalistes, l’Agence européenne des médicaments (EMA) signalait qu'elle demeurait « fermement convaincue » des bénéfices du vaccin AstraZeneca contre la COVID-19.

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) n’a pas recommandé l’interruption de l’utilisation du sérum. Son groupe d’experts se réunit mardi pour faire le point sur la situation, qui fait craindre pour le bon déroulement de la campagne de vaccination.

Jusqu'à présent, Santé Canada a approuvé quatre vaccins. Le dernier en lice, celui de Johnson & Johnson, est actuellement à l'étude au CCNI. Le verdict concernant ce vaccin, qui requiert une seule dose, devrait venir « dans quelques semaines », a soutenu la Dre Quach.

Medicago fait sourire Champagne

Le gouvernement Trudeau a aussi les yeux tournés vers la société biopharmaceutique Medicago, où l'on a annoncé mardi que les essais cliniques passaient à la phase trois. Une nouvelle qui a réjoui le ministre de l'Innovation des Sciences et de l'Industrie, François–Philippe Champagne.

« Ce sont évidemment de très bonnes nouvelles pour les Canadiens, et une nouvelle preuve démontrant que nos investissements dans le développement de vaccins faits au Canada donnent de résultats concrets pour les gens », a-t-il lancé en conférence de presse, mardi midi.

L'étude comprendra jusqu'à 30 000 sujets en bonne santé, composée d'adultes de 18 à 65 ans, puis de 65 ans et plus, ainsi que d'adultes présentant des facteurs de comorbidité. Elle sera menée dans 10 pays sous réserve de l'approbation des organismes de réglementation, en commençant par le Canada et les États-Unis.