(Calgary) Les diverses campagnes de vaccination contre la COVID-19 frustrent plusieurs groupes de travailleurs qui se considèrent comme essentiels, mais qui doivent attendre leur tour, comme tout le monde.

Le Comité consultatif national de l’immunisation (CCNI) formule des recommandations sur l’utilisation des vaccins, mais la responsabilité de l’inoculation revient à chaque province.

« C’est frustrant, s’exclame Shelley Morse, la présidente de la Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants. Nous savons que [le comité] exhorte à la priorisation de différents groupes de travailleurs. Et quand il dit que les personnes travaillant dans les lieux de rassemblement doivent avoir la priorité, cela doit inclure les enseignants et les travailleurs de l’éducation. »

Elle demande que tous les enseignants soient inclus dans la deuxième phase de la campagne de vaccination à travers le Canada.

Certaines juridictions le font déjà comme l’Ontario, le Québec, le Nouveau-Brunswick et les Territoires du Nord-Ouest.

Selon Mme Morse, les gouvernements fédéral et provinciaux devraient s’entendre sur une liste nationale de priorités.

« Quand il est question de la pandémie, les gouvernements doivent cesser de pointer du doigt et se relancer la serviette. Ils doivent écouter les épidémiologistes, examiner les données, regarder les preuves et faire ce qui est juste. »

Le ministre fédéral Jim Carr dit que le gouvernement est disposé à collaborer avec les provinces, mais rappelle que le dernier mot leur appartient.

« Nous travaillons en étroite collaboration avec les provinces et les partenaires de la santé publique sur la campagne de vaccination, a-t-il déclaré lors d’une récente conférence de presse. Les provinces sont les chefs de file, mais nous faisons tout ce que nous pouvons pour obtenir les vaccins là où ils sont nécessaires. »

Le directeur général de l’Association canadienne de santé publique juge au contraire que le manque de coopération est « un problème permanent ».

« Il existe différentes normes de vaccination dans l’ensemble du pays, a déclaré Ian Culbert. C’est un problème. Cette flexibilité donne aux provinces et aux territoires la capacité de réagir à leur situation locale. Mais elle crée une approche à la pièce. Si des patients cancéreux de l’Île-du-Prince-Édouard sont classés par dans l’ordre de priorité, pourquoi ne le sont-ils pas en Alberta ? »

La liste des groupes qui demandent à être placés dans la file d’attente tout juste derrière les travailleurs de la santé de première ligne et les Canadiens âgés continue de s’allonger. Elle comprend également les travailleurs agricoles, le personnel des épiceries, les employés des usines de transformation des viandes, les gardiens de prison, les médecins communautaires et les chauffeurs de taxi.

La Fédération nationale de la police et plusieurs syndicats de police ont également réclamé la priorité aux agents.

« Nous avons un environnement très incontrôlé et imprévisible, se défend le chef de la police de Regina, Evan Bray. Nous demandons au milieu de la nuit d’amener des personnes positives à la COVID dans notre unité de détention pour les garder jusqu’à ce que nous puissions trouver un centre de détention où elles peuvent aller ».

James Bloomfield, du Syndicat des agents correctionnels du Canada, a déclaré qu’il espérait que les gardiens soient vaccinés en même temps que les détenus, tout comme le personnel des établissements de soins de longue durée était vacciné avec les résidents.

« Nous sommes une agence fédérale et, malheureusement, au lieu de nous associer à l’armée ou à d’autres agences, on nous a laissés de côté. Nous sommes abandonnés aux provinces, déplore-t-il. Ce qui nous préoccupe, c’est l’inadéquation et les dossiers traités au cas par cas dans les différentes provinces. »

Un défenseur des sans-abri juge que les personnes vivant dans la rue devraient avoir la priorité.

Chaz Smith, fondateur de BeTheChangeYYC, un organisme de Calgary, dit que les sans-abri sont plus sujets aux infections qui peuvent les conduire à l’hôpital ou à la mort.

Il rappelle que le CCNI recommande qu’une priorité soit accordée à ceux qui courent un risque élevé de maladie et de décès et sont susceptibles de transmettre le virus.

« Quand on observe cette population, on constate qu’elle vit souvent ensemble. Ces gens sont plus immunodéprimés et plus susceptibles de transmettre la COVID-19. Ils devraient être prioritaires. »