(Vancouver) Le nouveau coronavirus a peut-être fait son apparition au Canada des semaines avant le premier cas confirmé à la fin janvier 2020, soutient une experte dans l’analyse des pandémies.

La professeure Sarah Otto, de l’Université de la Colombie-Britannique, affirme qu’il est possible qu’il y eût déjà des cas de COVID-19 un mois ou deux avant la confirmation du premier cas officiel au pays.

Un voyageur peut aussi bien être revenu au Canada alors qu’il se remettait de symptômes sans nécessairement être sorti en public pendant que la maladie était contagieuse, explique-t-elle.

Retracer les plans de voyage des premiers porteurs du coronavirus à travers le monde va peut-être mener à de meilleures politiques avant la déclaration de pandémies à l’avenir, a affirmé la chercheuse en biomathématique, qui étudie la croissance et le contrôle des pandémies et les modèles mathématiques, au département de zoologie de l’université.

« Je ne crois pas que nous avions à ce moment-là des cas qui ont contribué à la propagation dans la communauté », a admis toutefois Mme Otto.

Elle a indiqué que les chercheurs ont développé, un peu à l’image d’un arbre généalogique, un plan phylogénique sur les liens de la COVID-19 entre les êtres vivants à travers le monde pour essayer de déterminer à quel moment précis le nouveau virus a fait son apparition dans la société.

Ils ont analysé plus de 700 000 séquences du génome des premiers cas confirmés qui ont fait leur apparition à Wuhan, en Chine à la fin de 2019.

Une étude américaine publiée dans le journal Clinical Infectious Diseases en novembre a aussi trouvé que le virus a fait son apparition en Chine en décembre 2019, même si la transmission communautaire n’a pas commencé avant février de l’année suivante.

Les premiers reportages dans les médias de l’apparition du virus à Wuhan remontent au 31 décembre 2019 lorsque les autorités chinoises enquêtaient sur l’éclosion d’une maladie respiratoire affectant 27 personnes.

Le Dr Ronald St. John, ancien directeur général du Centre de mesures et d’interventions d’urgence, a affirmé qu’il s’agissait aussi de la journée que le Canada a été informé de la maladie par le Réseau mondial de renseignement de santé publique (RMISP), dont le mandat est de détecter rapidement les menaces pour la santé humaine.

Julianne Piper, chercheuse à l’Université Simon Fraser, à Burnaby, en Colombie-Britannique, souligne que des systèmes d’avertissement sont nécessaires afin que les responsables gouvernementaux puissent établir les actions à prendre le plus rapidement possible.

Ces mécanismes d’alerte sont aussi nécessaires pour les autorités de santé publique sur la scène internationale afin de s’assurer que les décideurs comprennent la gravité de la situation, a ajouté M. Piper.

« Vous pouvez comparer cela à une sorte de détecteur de fumée, mais pour avertir la santé publique à l’échelle planétaire que quelque chose ne va pas bien », a dit Julianne Piper qui étudie les mesures adoptées aux frontières durant la pandémie de COVID-19 et leurs effets pour contrôler la transmission du virus.

Selon ses recherches, il est évident que le temps compte lorsqu’il est question d’augmenter la sécurité à la frontière.

Des pays comme l’Australie, la Nouvelle-Zélande et le Vietnam, qui avaient des mesures plus strictes à leurs frontières en réponse aux premiers signes de la COVID-19, ont eu plus de succès pour aplatir la courbe de transmission, a souligné Mme Piper.

« Il n’y a pas qu’une seule méthode pour réagir rapidement à une urgence pour la santé publique, mais les outils et les moyens dont nous disposons doivent être renforcés », selon elle.